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Le Marxisme et l'Afrique

Fiche de lecture : Le Marxisme et l'Afrique. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  15 Mars 2017  •  Fiche de lecture  •  2 149 Mots (9 Pages)  •  943 Vues

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L’histoire est faite de transformations dont le moteur est la lutte des classes. L’auto détermination d’un peuple et son développement, se construisent sur une dynamique sociale et économique qui reflètent sa propre identité anthropologique. Cette identité varie d’une société à une autre, et il en est de même de la dynamique qui la sous-tend. Les réalités sociales occidentales ne sont pas identiques à celles rencontrées en Afrique, ils peuvent certes tous deux souscrire à une même idéologie de développement, mais la dynamique imposée autour de celle-ci ne saurait être la même dans les deux sociétés. Elle dépend bien évidemment de l’aptitude de chacun à pouvoir contextualiser la doctrine commune.

Cette analyse est du reste ce que l’on peut tirer de l’œuvre soumise à notre étude. Telle qu’intitulé, Le marxisme en Afrique, est le fruit d’une réflexion profonde autour de la contextualisation, de la réception et de la matérialisation du marxisme en Afrique menée par le philosophe, l’esthéticien, le sociologue et l’écrivain sénégalais SINE Babacar.

Né le 14 juin 1930 à Kaolack, l’élève très brillant, eut son bac à 18 ans, chose très rare à cette époque, après avoir sauté deux classes, il intégra le Lycée Louis-le-Grand. Titulaire d'une licence de Philosophie, d'un Diplôme d'étude supérieur (DSS) spécialisé en esthétique sur l'art nègre et le sacré et d'un doctorat de sociologie, Babacar Sine a été professeur de Philosophie au lycée Van VOLLENHOVEN de Dakar (actuel Lamine GUEYE). Il est le Premier directeur du Centre d'études des sciences et techniques de l'information (CESTI) de l'Université Cheikh ANTA DIOP de Dakar, au Sénégal, l'un des premiers administrateurs civils diplômés de l'École nationale de la France d'outre-mer (ENFOM). Il a été Directeur de cabinet du président du Conseil Mamadou DIA, Directeur de cabinet du ministre des affaires étrangères Amadou Karim Gaye, directeur de cabinet du président Senghor puis secrétaire général de la présidence de la république. Succédant à Jean COLLIN, il sera plus tard ministre des Finances d'avril 1971 à mars 1978. C'est lui qui œuvra pour l’émergence du secteur privé au Sénégal, ce qui joua un rôle de tremplin pour l’économie sénégalaise. De nombreux hommes d'affaires lui en sont d'ailleurs reconnaissants et n’hésitent jamais à le citer comme référence.

Babacar s'éloignera du champ politique pendant une longue période avant d'être nommé vice-président du Sénat de la fin des années 1990 à l'alternance démocratique de 2000. Il meurt à Dakar le 13 décembre 2006 à l’âge de 70 ans, après une très courte maladie. De nombreux témoignages ont été faits à cette occasion sur son combat, ses valeurs et surtout l’intégrité qui le caractérisaient. Dans un témoignage rendu à M. Sine, son successeur à la tête du CESTI, BIRAHIM MOUSSA GUEYE, a indiqué que le défunt était l'un des premiers intellectuels sénégalais. C'est quelqu'un qui savait écouter les gens. S'il y a des intellectuels au Sénégal, Babacar Sine faisait partie des premiers.

Surnommé « L'homme à la pipe légendaire », il a publié deux ouvrages, Dans Impérialisme et théories sociologiques du développement, publié en 1975 il a tente de ressortir une critique des catégories idéologiques à travers laquelle la sociologie dite « développementaliste » analysait les sociétés avec réalisme. En 1983, il produit le second ouvrage intitulé : Le marxisme devant les sociétés africaines contemporaines, dans lequel il poursuit son effort de clarification théorique des concepts marxistes, voire du marxisme lui-même, tels qu'engagés dans les diverses lectures des situations africaines contemporaines, et les différentes volontés de les transformer. Quelle est la validité théorique de ces lectures, depuis Nkrumah, Cabral, Senghor, Nyerere, jusqu'à celles des marxistes auto-proclamés ? C'est là l'objet de cet essai.

Babacar Sine s’interroge tout en posant la nécessité d’un marxisme Africain, qui ne doit pas être une simple copie ou une sorte de reproduction mimétique de la théorie marxiste, mais qui doit reposer et se construire sur les réalités Africaine contemporaine. C’est en développant la confrontation systématique entre les valeurs théoriques du marxiste, et l’expérience Africaine en cours qu’on pourra parler de marxisme Africain ; car la tentative d’une universalisation du marxisme ou encore d’une transposition du marxisme occidentale en Afrique n’a véritablement pas connu de succès. La critique du marxisme universelle posée par l’auteur invite à une systématisation du marxisme, dépouillé de gangue dogmatique de toute sorte pour poser un regard radicalement ouvert et neuf sur les réalités Africaines. Le sous-développement théorique du marxisme et l’immaturité d’une réflexion marxiste proprement Africaine explique en quelques sortes l’échec du marxisme en Afrique. La problématique des voies alternatives du développement posé par l’auteur consiste d’abord en la dialectique de l’ouverture et du renouvellement du marxisme en Afrique, ensuite il sera question de la prise en compte des spécificités Africaines et l’imagination d’autres voies de développement, d’autres itinéraires historiques que ceux déjà tracer par ailleurs, enfin le renouvellement des valeurs théoriques du marxisme, la déconstruction des valeurs universelles du marxisme et l’intégration des réalités par construction d’un marxisme Africain.

L’auteur note en outre que, le déclin de l’impérialisme dans le monde a néanmoins subsisté et survécu en Afrique à cause de la crise du marxisme. Cette crise s’explique par l’inadaptation du marxisme occidentale aux spécificités africaines. Durant cette crise, l’impérialisme va subsister en trouvant de nouvelle configuration. La profonde mutation de ce système, va permettre son adaptation aux crises et au contexte sociopolitique traversé par l’Afrique. Il renait de nos jours et subsiste sous diverses formes telles que le néo-colonialisme, et le néo-capitalisme. Cette continuité impériale malgré la lutte à laquelle elle fait face depuis la fin de la seconde guerre mondiale, s’explique par l’impasse dans lequel se trouve le marxisme en Afrique. Son inadaptation aux spécificités Africaines, n’a pas vraiment aidé l’Afrique, loin de détruire l’impérialisme, la crise du marxisme en Afrique va plutôt contribuer à la pérennisation de l’impérialisme sous de nouvelles formes.

La crise de l’impérialisme, mouvement révolutionnaire impasse du marxisme en Afrique : défaut de contextualisation

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