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Vive Charlotte Corday!

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Par   •  13 Février 2016  •  Discours  •  3 615 Mots (15 Pages)  •  988 Vues

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Vive Charlotte Corday !

Ce titre quelque peu provocateur avait pour but d’attirer l’attention sur Jean Paul MARAT  assassiné  à l’âge de 50 ans en juillet 1793 et  révolutionnaire bien connu.

J’aurais dû peut-être donné un sous-titre à ma planche : les prémices de l’alter-science,

 alter pour autre, pour alternative et même altération…

Un autre sous-titre est également possible : de Marat à Daech, l’altération de l’esprit…

Rien de scientifique ne transparait pourtant dans les 1000 numéros de l’Ami du Peuple, la célèbre feuille de chou rédigée et publiée par Marat entre 1789 et 1792 . En revanche, son contenu est sujet à controverse. Certes il y défend le peuple avec l’idée de son émancipation et s’attaque à l’esclavage, s’appuyant sur les idées de Montesquieu qu’il admirait. Mais de plus en plus violent dans ses propos, il en arrive à l’appel au meurtre en aout 1792 : 500 têtes coupées suffiront à nous séparer de l’ancien régime…  Ce sont les Massacres de septembre 1792 qui préfigurent la Terreur.

C’est cette diatribe et ses conséquences qui vont motiver Charlotte Corday, descendante de Corneille  et  issue d’une noblesse déchue et désargentée. Elle a été aussi en contact avec les députés Girondins refugiés à Caen où elle vivait. Il nous reste de cet assassinat un tableau célèbre de David , illustré au musée Grévin, très mélodramatique : Marat y git dans sa baignoire où il passait le plus clair de son temps pour raison de maladie de peau. Il nous reste aussi un portrait de Charlotte Corday . Celle-ci en mal de reconnaissance semble-t-il, posa avec complaisance dans les 48 h qui ont précédé la guillotine.

Le besoin de reconnaissance, l’appel au meurtre… Notez mes FF ces ingrédients que nous allons retrouver plus loin.

Charlotte Corday le 13 juillet 1793 a aussi assassiné, sans le savoir, un autre Marat celui de la première partie de sa vie – la moins connue, comme médecin et physicien. Ses idées et ses méthodes, objet de publications en anglais ou en français– constituent une posture qui vont se prolonger et s’amplifier jusqu’à nos jours. Un œil Maç. m’a paru intéressant.

Pendant les 10 années qui ont précédé la Révolution française, JP Marat médecin de formation, en partie autodidacte puis diplômé en Ecosse, s’est livré à de nombreuses expériences et s’est attaqué aux théories et travaux de nombreux scientifiques qui l’ont précédé comme Newton, et de son époque, Lavoisier en particulier ;

Pour bien comprendre, quelques rappels sont nécessaires.

La connaissance scientifique à la fin du 18ème siècle est en plein essor mais reste encore fragmentaire. Bien sûr on connait beaucoup plus de choses qu’à la fin du Moyen Age, mais on en reste souvent à des hypothèses. Certes on sait, presque partout en Europe que la terre et les planètes tournent autour du soleil, après les difficultés que l’on sait, mais qui sont loin d’être terminées ; en tout cas Louis XVI, souverain de droit divin possède à Versailles une extraordinaire horloge astronomique qui indique la position des planètes tournant autour du soleil. On sait, depuis un siècle, que le cœur fait circuler le sang dans le corps, mais on ignore tout de la biologie, des microorganismes et de la constitution des cellules qui sont identifiées depuis peu : en fait la médecine est encore balbutiante. On ne sait rien de l’infiniment petit  ( les microscopes ne grossissent que 30 fois) ni de l’infiniment grand (le cosmos).  Les préoccupations scientifiques concernent en particulier la constitution de la matière et celle de la lumière. La chimie en est à ses débuts, notamment avec Lavoisier (composition de l’air et de l’eau). Des disciplines scientifiques entières n’existent pas encore : psychologie, paléontologie, économie, anthropologie, génétique …

Quant à la méthode scientifique elle se formalise grâce à la science expérimentale et commence à se dégager de la philosophie. L’approche épistémologique s’impose peu à peu, même si on est loin de ce que décrira en 1924 Gaston Bachelard dans Le Nouvel Esprit Scientifique. Déjà le travail en équipe des scientifiques existe et on voit apparaitre les premières académies des sciences en Europe aux 17ème et 18ème siècles. Mais les institutions de recherche ne seront créées qu’à partir de la fin du 19ème siècle. La reconnaissance du scientifique par ses pairs, bien que non formalisée comme aujourd’hui, est désormais de fait. L’idée de la reproductibilité des résultats des expériences commence à s’imposer. L’emploi des mathématiques comme soutien à la physique et à la formalisation des lois mises en évidence, commence en gros avec Newton à la fin du 17siècle. C’est d’ailleurs une des controverses majeures de l’époque : les mathématiques vont peu à peu s’imposer au détriment de l’approche philosophique initiale. N’oublions pas que l’entrée des études de médecine en France s’est faite avec un bac philo jusque dans les années 1950…

Enfin le vocabulaire a évolué depuis le 18ème siècle. A l’époque on parle des sciences en général, mais pas de scientifiques, encore moins de technologues ni de chercheurs, mais plutôt d’hommes de science. Et d’ailleurs les fonctions et compétences même actuellement restent confuses pour beaucoup. Si nombre de spécialistes et d’ingénieurs à l’heure actuelle ont reçu une formation scientifique, ils n’en sont pas pour autant des scientifiques, même s’ils sont titulaires d’une thèse de doctorat ; En tant qu’utilisateurs des résultats de la science, ils sont des technologues, certes capables de décrypter le discours scientifique, mais ils ne sont pas producteurs de nouvelles connaissances scientifiques et ne font pas partie de la « communauté scientifique ». On en verra plus loin les conséquences.


Il n’y a rien de surprenant au 18ème siècle qu’un homme se présente comme homme de sciences pour peu qu’il ait fait quelques études et se livre à des expériences.  C’est ce que va faire Marat. Dans sa jeunesse, après avoir quitté sa Suisse natale (Neuchâtel) il voyage beaucoup et fait des études de médecine plutôt dispersées entre Toulouse, Bordeaux puis l’Angleterre et les Pays Bas, tout en occupant diverses fonctions de précepteur.  Il finit par être diplômé de médecine à Newcastle en 1775, exerce quelques temps dans cette ville et devient en 1777 médecin des gardes du corps du comte d’Artois, futur Charles X.  Ayant des revenus stables, il monte chez lui un cabinet de physique expérimentale pour étudier le feu la lumière et l’électricité appliquée à la médecine. Il publie sur ces 3 sujets.   Il rencontre quelques personnages comme Benjamin Franklin et J B Leroy membre de l’Académie des sciences. Marat veut absolument être reconnu par l’Académie. Mais ses démonstrations tiennent plus de l’illusion que de la méthode expérimentale : il est critiqué et certains le considèrent comme un charlatan. C’est pourtant Marat qui publiera en 1791 les Charlatans modernes … Sur le fond, Marat est partisan d’une science intuitive qui avance grâce à quelques hommes isolés comme lui, science alternative, également défendue par Rousseau et que certains plus tard qualifieront de romantique, voire de préscientifique par G. Bachelard, qui ne ménagera pas ses critiques.

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