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La société et les échanges

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Par   •  15 Janvier 2015  •  Étude de cas  •  4 634 Mots (19 Pages)  •  576 Vues

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UNDI 8 DÉCEMBRE 2008

La société et les échanges

Définition, problématisation.

La notion de société doit d’abord retenir notre attention. Doit-on la comprendre comme identique, ou même prolongement de la meute animale ? Cet appel au registre de la nature rendrait compte de la société par une disposition naturelle de l’homme à s’associer. Transposé en politique, ce principe devient celui de la sociabilité naturelle de l’homme. Mais on peut opposer à cette vision la prise en compte des contradictions et des tensions qui agitent toute société, ce qui revient alors au contraire à expliquer la société par la prééminence des besoins, de l’intérêt ou de la force. Ce facteur rendrait alors nécessaire le dépassement d’une disposition naturelle qui, par elle seule, ne pousserait pas les hommes à s’associer. A partir duquel de ces deux points de départ faut-il penser la société ? L’homme est-il ou non naturellement sociable ?

Question : La société est-elle quelque chose de naturel ou bien n’est-elle qu’une convention ?

En ce qui concerne la notion d’échange, c’est d’abord son emploi au pluriel qui est important. Au pluriel, « les échanges » renvoient à la fois à la pluralité des types d’échanges (l’échange économique et celui qui ne l’est pas), et à la multiplicité des échanges (qu’il faut arriver à ordonner et à unifier par une même définition). Qu’y a-t-il de commun entre une transaction commerciale, un dialogue et ce que l’on appelle un échange au tennis ? D’abord une réciprocité voulue et admise, contrairement au don qui ne va que dans un seul sens : c’est la libre mutualité (une mutualité est un système de solidarité entre les membres d’un groupe à base d’entraide mutuelle) qui fait l’échange. Mais entre le sens économique et celui qui ne l’est pas, lequel est le modèle de l’autre ? Quel est le sens propre de la notion et quel est le sens figuré ?

Question : L’échange est-il quelque chose d’essentiellement économique, ou bien ne l’est-il qu’accidentellement ?

Dans la première hypothèse, le pluriel des échanges renverrait donc à un ensemble d’échanges, à une sphère ou à un système qu’il faut penser, et qui nous renvoie à la problématique de la cohérence de la société. Ainsi, dans « les échanges », l’adjectif « économique » serait plus ou moins sous-entendu, et cela nous invite à penser l’économie toute entière à partir de la notion d’échange. Or, les échanges économiques se présentent d’abord sous le visage de la contingence, tout pouvant toujours être autrement : j’aurais toujours pu ne pas acheter ou ne pas vendre. Ceci laisse présager des difficultés au moment de penser l’ensemble des échanges : cet ensemble se régule-t-il tout seul, se donne-t-il sa propre loi, ou bien au contraire ne trouve-t-il d’ordre que du fait d’une intervention qui doit lui être extérieure ? Y a-t-il un ordre économique spontané ou ne peut-il être que construit ?

Question : Peut-on attendre de la sphère économique qu’elle produise par elle seule de la nécessité ou n’est-elle que le règne de la contingence ?

1. La société.

La question de la sociabilité nous renvoie tout d’abord à l’examen d’un postulat anthropologique dont cette question dépend : l’homme est-il ou non naturellement sociable ?

a) La sociabilité naturelle.

La sociabilité naturelle, comme présupposé incontestable, a pour conséquence immédiate la définition d’Aristote (philosophe grec, 384-322) de l’homme comme animal politique. Son cheminement vers la société n’est alors rien d’autre que l’aboutissement d’une prédisposition naturelle. Outre le besoin qui lie les hommes les uns aux autres, ne faut-il pas admettre un sens naturel du lien social ? Qui, en effet, refuserait d’indiquer la bonne route à un conducteur égaré ? Ou de venir en aide à quelqu’un en train de se noyer ? Lorsqu’autrui est dans une situation de faiblesse, nous sommes naturellement portés à l’aider, comme si autrui était tout à coup un autre nous-mêmes. C’est ce sentiment de bienveillance pour tous les hommes qui nous fait éprouver « l’horreur » des hommes qui – contre nature – se mettent en dehors de la communauté des hommes. Ainsi Aristote considère qui le sentiment de bienveillance est le premier ciment du lien social : les hommes sont par nature des êtres sociaux que rapprochent des liens d’affection.

D’une part, « l’homme est un être qui aime son prochain ». D’autre part, « l’homme est un être qui vit en société ». Et l’on peut supposer que ce qui est de l’ordre du principe – l’homme aime son prochain – explique de fait l’évidence : la vie de l’homme en société. Ce principe ne relève pas directement de l’observation, même si de nombreux faits le confirment. Il a cependant valeur d’explication quant à la sociabilité humaine. On retrouve l’adage fameux d’Aristote : l’homme est un animal politique – où le terme d’animal indique le caractère naturel de la socialité politique.

La coopération des hommes, afin de subvenir à la multiplicité de leurs besoins, est une nécessité. Comme le souligne Platon (philosophe grec, 427-347) dans La République, l’échange utilitaire fait le lien social : « Ce qui donne naissance à une cité…, c’est… l’impuissance où se trouve chaque individu de se suffire à lui-même, et le besoin qu’il éprouve d’une foule de choses. » Coopération et division du travail permettent aux hommes de transformer le milieu naturel et de satisfaire leurs besoins.

L’analyse platonicienne repose sur le postulat de l’existence de la famille à titre d’individualité et de la propriété individuelle perçue comme un obstacle à l’unité de l’Etat. La solution est donc la mise en place d’un communisme des biens, abolissant la famille privée pour lui substituer une grande famille publique : l’Etat. Il ne s’agit pas pour autant de confondre ce communisme avec celui du XXe siècle : il n’est jamais question de socialisation des biens de production, seuls les produits sont mis en commun. C’est donc l’autonomie de la famille, plus encore que celle de l’économie, qui est visée : ainsi la femme doit-elle contribuer au bien de l’Etat plutôt qu’à celui de la famille, l’Etat sélectionnant alors les reproducteurs de chaque sexe et arrachant les enfants à leurs parents.

A l’opposé, Machiavel (philosophe italien,

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