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La Place De La Rationalité Dans Les Comportements économiques

Mémoire : La Place De La Rationalité Dans Les Comportements économiques. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  12 Mars 2013  •  3 518 Mots (15 Pages)  •  911 Vues

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La place de la rationalité dans les comportements économiques

Introduction

Le recours au thème de la rationalité est constant dans tous les registres de discours économiques. Dans le registre scientifique, on soulignera que l’attribution du Prix Nobel de Sciences Économiques à K. Arrow en 1972, à H. Simon en 1978, à Gary Becker en 1992, à R. Lucas en 1995 est révélatrice de l’importance du concept de rationalité. Dans le registre médiatique, on notera les références fréquentes à l’irrationalité des marchés financiers, la stigmatisation des comportements de surendettement des ménages, l’indignation provoquée par les placements aventureux de certaines grandes banques, les commentaires sur les mouvements de grèves de novembre et décembre 1995 considérés par certains comme la manifestation d’un refus irrationnel des contraintes de la mondialisation.

Mais que faut-il entendre par " rationalité " ? Selon M. Allais, " un homme est réputé rationnel lorsque a) il poursuit des fins cohérentes avec elles-mêmes; b) il emploie des moyens appropriés aux fins poursuivies ".

On peut aussi retenir la définition de F. Hahn : " Étant donné un ensemble d’actions possibles, l’agent choisit rationnellement s’il n’y a pas d’action possible pour lui dont il préférerait les conséquences à celles résultant de son choix. "

Au delà de ces définitions très générales, il importe tout d’abord de souligner une première divergence sur la signification et le statut de la rationalité.

Certains auteurs considèrent que la rationalité est inhérente à l’action humaine dans la mesure où toute action est intentionnelle et où chaque individu va rechercher les moyens les plus adaptée d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé. C’est ce qui conduit L. von Mises à considérer que : " L’agir humain est nécessairement toujours rationnel ". Dans cette même veine, la définition de la science économique par Lionel Robbins (" l’économie est la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre des fins et des moyens rares à usages alternatifs ") identifie la discipline économique et la rationalité. La rationalité occupe donc de ce point de vue une place centrale dans les comportements économiques et dans les discours économiques qui visent à rendre compte de ces comportements.

Pour d’autres auteurs la rationalité n’est qu’une hypothèse :

" La rationalité économique constitue l’hypothèse centrale de la théorie économique "

Le choix de cette hypothèse est lié à l’histoire du discours économique dominant (classique puis néo-classique) et à la fécondité de la construction axiomatique qui repose sur elle (cette hypothèse se prête bien à la formalisation). Cependant les auteurs qui adoptent ce point de vue relativisent la portée de leur choix :

" ...rares sont les économistes qui seraient prêts à défendre l’idée que l’hypothèse de rationalité est très réaliste. Tout le monde n’est pas rationnel et il est probable que personne n’est rationnel en toute circonstance et en permanence. "

Mais en dépit de ces précautions oratoires, l’hypothèse de rationalité joue bien un rôle essentiel.

Si le débat sur ce sujet (au premier abord assez abstrait) est aussi vif et aussi durable, c’est qu’il a des enjeux normatifs importants. S’il est inhérent à l’homme d’être rationnel et si cette rationalité conduit à un optimum social dans une économie de marché et de propriété privée, alors on dispose d’un critère permettant d’affirmer la supériorité de ce type d’économie.

Si, au contraire, on considère que les individus ne sont pas nécessairement en mesure de faire des choix rationnels et que, de plus, la combinaison des décisions individuelles ne conduit pas nécessairement à l’intérêt général, on sera conduit à remettre en cause les mécanismes de marchés et à préconiser des formes diverses d’intervention de l’État.

Nous montrerons dans une première partie que ce rôle de l’hypothèse de rationalité a permis de construire un édifice théorique qui se caractérise par sa cohérence interne et son élégance (modèle Arrow-Debreu) mais que, cependant, la portée heuristique de ce modèle est remise en cause. Nous montrerons ensuite que si des tentatives ont été opérées (notamment par H. Simon) pour enrichir le concept de rationalité et le rendre plus " réaliste ", des critiques plus radicales sont formulées qui conduisent à une remise en cause de l’hypothèse de rationalité.

I. La rationalité : une place centrale et contestée

A. La rationalité au cœur des modèles économiques dominants

La référence au principe de rationalité est très générale en sciences économiques. Comme le fait remarquer B. Guerrien :

" Lorsque les détenteurs de capitaux des analyses de Smith, Ricardo et Marx cherchent à faire des placements qui leur donnent le taux de profit le plus grand possible, ils appliquent le principe de rationalité. Il en est de même pour les capitalistes qui, selon Marx, utilisent de nouvelles techniques dans le but d’augmenter la plus value qu’ils extraient de ceux qui travaillent pour eux. "

Cependant c’est au sein du paradigme libéral que l’approche fondée sur la rationalité joue le rôle le plus important. L’idée de rationalité apparaît déjà chez A. Smith. Par exemple, pour justifier le libre-échange, il fait référence au comportement individuel rationnel :

" la maxime de tout chef de famille prudent est de ne jamais essayer de faire chez soi la chose qui lui coûtera moins à acheter qu’à faire. "

De même son analyse de la main invisible ou de la division du travail reposent sur le comportement maximisateur des individus.

Le courant walrasien, comme le courant autrichien accroissent encore la place de l’hypothèse de rationalité au sein de la construction théorique dominante. Ces approches sont en effet beaucoup plus radicalement individualistes que l’approche classique. Le point de départ de l’analyse est donc un individu souverain, dont l’information est parfaite, qui classe toutes les opportunités qui lui sont offertes à partir d’un calcul coût/avantage.

Ce rôle central de l’hypothèse de rationalité associé à l’individualisme méthodologique est

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