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Psychose et langage

TD : Psychose et langage. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  13 Décembre 2018  •  TD  •  4 064 Mots (17 Pages)  •  450 Vues

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                Le cas clinique que nous allons présenté dans cette analyse est une adolescente de seize ans rencontré à la maison des enfants de C. où se déroule mon stage et qui dès notre première rencontre m'a interpellé. Après l'avoir rencontré une première fois avec la psychologue puis deux fois seule, du fait de l'absence de cette dernière, Marie demandera à ce que ce soit moi qui la rencontre uniquement, dans un cadre duel, car elle trouve que la psychologue lui pose des questions « qui ne la regarde pas », « des questions déplacées ». Je propose à l'institution qui semble alors un peu dépassée par les différents évènements et les mises en danger de la jeune de la recevoir.

Les indications thérapeutiques suggérées à mon égard par la psychologue quant au travail à poursuivre avec Marie est d'avant tout de la « confronter au réel, d'injecter de la réalité dans un discours qui a tendance à trop déborder du côté de l'imaginaire », « il faut border l'imaginaire ».

Il semble alors que pour l'institution, il s'agit essentiellement, dans la visée thérapeutique envisagée, de mettre un point d'arrêt au « débordement imaginaire » de la parole du sujet en le confrontant à la  réalité des faits tels qu'ils ont été vérifiés dans les différents lieux d'accueil où la jeune a pu séjourné, afin de « capitonner » le trop de jouissance dont l'institution a affaire avec cette patiente.

                Lors du premier entretien Marie parle de son père et de sa mort. Marie expliquera que très souvent elle pense à rappeler sur le téléphone portable de son père en pensant que peut-être il ait pu le prendre avec lui dans son cercueil et qu'il pourra lui répondre. Malgré les tentatives de la psychologue « d'injecter du réel » par le rappel de la mort du père et donc de l'impossible réponse de celui-ci, cette question pour Marie ne semble pas être traitée, et elle y revient en interrogeant par exemple certaines « rumeurs urbaines » d'individus enterrés vivants. La mort du père semble donc confronter Marie à un impossible à symboliser. Un réel qui ne semble pouvoir être symbolisé par le Sujet.

Nous pouvons donc nous interroger quant à la pertinence de cette confrontation systématique au réel, sans décalage par rapport en effet à la réalité de la mort, qui amène l'institution à répondre au sujet du côté du discours du maître sur ce qu'il doit croire ou non. Nous avons donc pris le pari de ne pas se positionner du côté de ce forçage mais bien plus d'interroger le rapport du Sujet au père. En effet ce qui semble faire symptôme pour le sujet c'est de savoir comment y faire avec cette perte du père réel, alors que pour l'institution il s'agit bien plus d'interpeller Marie sur les prises de risques qu'engendrent ses fugues. Or il ne semble pas dans le discours du sujet que le malaise de son existence qui lui fait dire que sa vie « est malfaite » soit en lien avec une quelconque inquiétude quant aux prises de drogues, aux relations sexuelles multiples...etc.

Ce qui pose problème à Marie c'est de devoir faire avec la perte dans le réel de cet Autre paternel.

Le discours éducatif, moralisateur ne semble alors pouvoir aider ce Sujet à traiter ce réel auquel il a affaire.

Marie à travers nos différentes rencontres expliquera, par sa propre théorie, ce qu'elle reproduit par ses multiples rencontres, que l'institution qualifie de symptomatiques, alors qu'il semble s'agir pour elle d'une solution à cette perte, à ce vide laissé par la mort du père, à savoir « combler le manque d'amour », « lorsque j'ai besoin de câlins, je trouve un petit copain ». L'accumulation de ces petits autres, tous plus ou moins indifférenciés pour ce sujet semblent venir occuper une fonction majeure pour cette patiente, au-delà de leur existence  même de sujet. L'Autre sexe ne semble pas venir dans ce cas convoquer la question du désir à l'endroit du Sujet mais vient plus remplir une fonction de « bouchage » du vide, de trou qu'est la mort du père. Mais nous y reviendrons plus précisément en analysant à quel Autre paternel ce Sujet avait -il affaire?

                La question du diagnostic n'est pas simple dans ce cas mais certains traits de la psychose semble au fil des entretiens se définir à travers son rapport à la parole, à l'Autre et à la manière de traiter ce réel auquel elle a affaire. Mais gardons nous d'en tirer des conclusions diagnostiques trop hâtivement.

Il s'agit avant tout dans ces entretiens d'entendre la parole du Sujet sur ce qui fait symptôme pour lui dans son existence. Très souvent Marie soulignera que sa parole est soit pas respectée par l'institution qui en dit alors trop lors des synthèses par exemple ou alors que sa parole ne peut être que annulée par le discours parfois délirant de la mère: sa parole ne vaut plus au près de l'Autre lorsque la mère en dit quelque chose à l'endroit de sa fille. L'Autre ne semble alors ne pouvoir que porter des critiques à l'égard de Marie: « Ils disent tout », « Elle voulait que l'on me prenne pour une folle, elle dit que je veux la tuer pour qu'on me garde à l'hôpital et qu'on me prenne pour une folle », « ça ne sert à rien que j'aille à la synthèse vous ne me croirez pas, « si elle est là j'y vais pas ». Or ces critiques semblent confronter Marie à un insupportable qu'elle tente d'éviter nous semble t-il adroitement par un discours conforme aux attentes institutionnelles: « J'aime bien mon école..., Depuis que P. (éducateur) a parlé à ma mère tout se passe bien à la maison, vous avez raison une semaine sur deux c'est mieux. », « Maintenant j'ai confiance en moi pour ne plus faire de bêtises et savoir dire non » (savoir dire non est très récurrent dans le discours de l'institution à l'égard de Marie et de sa façon d'être particulièrement influençable).

Marie dira également ne pas avoir confiance dans les adultes « sauf en vous », à mon égard, car ils ne garantissent pas la confidentialité de sa parole: « tout est dit », « s'il y a un truc qui me déplait je m'en vais, de toutes façons vous allez croire ma mère ».

L'Autre apparaît comme un Autre particulièrement persécutant pour Marie et ces moments de synthèse semblent la confronter à un Autre maternel alors dévastateur pour elle, sa crainte principale est que sa mère soit au courant de ce qu'elle peut dévoiler à l'institution « Si ma mère le sait, elle va me tuer », « Je dis des choses et après tout est dit en synthèse à ma mère ». Je tente de ma porter garant d'un espace de parole qui puisse lui offrir une sécurité concernant sa parole que l'Autre maternel n'a pas forcément à entendre, ce qu'elle traduira par  « ici on peut tout dire ».

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