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Contrat De Communcation Et Partitions sociales

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Par   •  17 Mai 2013  •  7 512 Mots (31 Pages)  •  998 Vues

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Contrat de communication et partitions sociales

Philippe Castel & Marie-Françoise Lacassagne

In P. Castel, E. Salès-Wuillemin & M.-F. Lacassagne (2011). Psychologie sociale, Communication et Langage (pp. 19-34). Liège : De Boeck.

Sommaire :

Introduction

1. Les partitions sociales

2. Le contrat de communication

3. Ouverture

Résumé introductif

L’objectif de ce chapitre est d’approfondir la notion de contrat de communication (relevant de la psychologie sociale du langage) en intégrant les apports du courant de la catégorisation sociale et de ses derniers développements en termes de partitions. En effet, l’analyse psychosociale d’une situation d’interlocution conduit obligatoirement à y repérer des phénomènes liés aux appartenances catégorielles et à interpréter les conduites comme résultant de dynamiques identitaires. Il s’agit donc en fait d’intégrer les acquis de ces deux courants en prenant en compte les notions de co-construction dialogique dans les interactions sociales et de représentations mutuelles des catégories d’appartenance dans les interactions verbales. L’idée défendue ici est que, dans la majorité des cas, l’existence de plusieurs types de relations intercatégorielles (les partitions) permet aux membres de chacun des groupes de mettre en œuvre des stratégies interlocutoires satisfaisantes au regard de leur identité sociale.

Introduction

Si on admet qu’une interaction verbale, comme toute interaction sociale, met en relation des individus instanciés socialement, les biais de catégorisation qui y sont automatiquement activés doivent être pris en compte. Par ailleurs, compte tenu des avancés des travaux sur l’analyse de discours, il n’est pas possible non plus de faire l’impasse sur le rôle de la co-construction dans l’étude des relations intergroupes. Autrement dit, les conduites d’interlocuteurs appartenant à des catégories différentes (ce qui est le cas de presque toutes les interactions langagières) sont sous-tendues par des processus qui relèvent simultanément du champ de la catégorisation sociale et de celui de la psychologie sociale du langage. Il semble donc nécessaire de tenter l’intégration de ces deux champs de recherche pour comprendre ce qui se joue dans la situation d’interlocution et comment s’élabore le contrat de communication.

Ainsi, dans un premier temps, nous présenterons les partitions sociales (c’est-à-dire les développements des théories identitaires liées à la catégorisation sociale) et dans un deuxième temps, nous envisagerons leurs incidences sur la compréhension du contrat de communication.

1. Les partitions sociales

Pour étudier le positionnement catégoriel, nous proposons de partir de la notion de catégorisation sociale et de la faire évoluer pour l’adapter au cadre particulier des conduites verbales. Autrement dit, il s’agit de réinjecter les apports de la psychologie sociale du langage dans la problématique de la catégorisation sociale.

1.1. De la catégorisation sociale aux partitions sociales effectives

1.1.1. La catégorisation sociale

Les théoriciens de la catégorisation sociale se sont intéressés aux effets de l’établissement de catégories au sein de populations. En dehors des biais de contraste et d’assimilation (Tajfel et Wilkes, 1963 ; Tajfel, Sheikh et Gardner, 1964), les premiers chercheurs ont essentiellement mis en évidence les différentes expressions et les conditions d’application d’un mécanisme fondamental, nommé biais d’auto favoritisme (Tajfel, Billig, Bundy et Flament, 1971), biais pro-endogroupe, ou plus largement discrimination.

En psychologie sociale du langage, la notion de co-construction (Ghiglione, 1985) accorde un rôle primordial à l’interlocuteur dans l’expression même du message. Dans cette conception, le discours est conçu comme résultant de l’action conjuguée d’un locuteur et d’un interlocuteur, cette imbrication ayant des implications sur tous les aspects langagiers (pragmatiques, sémantiques, syntaxiques). La conduite mise en œuvre par un membre d’une catégorie face à un membre d’une autre catégorie doit donc logiquement être soumise aux mêmes impératifs que le discours d’un locuteur face à son interlocuteur. Une conception dialogique de la catégorisation présuppose que les comportements de chaque sujet soient également déterminés par l’autre, tant dans le choix des processus activés que dans la forme de leur expression ou leur degré d’activation.

Profiter des avancées de la psychologie sociale du langage, les transposer à l’étude des relations intergroupes, oblige donc à reconsidérer la notion de catégorisation sociale. Dans ce nouveau cadre d’analyse, la catégorisation sociale devient une co-construction. Plus précisément, dans une situation de relations intergroupes, les comportements des membres de chaque catégorie sont co-construits avec les membres de l’autre catégorie.

En ce qui concerne le mécanisme de discrimination, il ne peut donc pas être indépendant de la cible sur laquelle il porte. En d’autres termes, il n’y aurait pas un mécanisme psychosocial découlant de l’existence d’une situation caractérisée par la confrontation de deux appartenances quelles qu’elles soient (catégorisation sociale) mais plusieurs mécanismes psychosociaux distincts débouchant sur des discriminations différentes.

1.1.2. Les différentes partitions sociales comme structures sous-jacentes à la catégorisation

Pour notre part, nous avons montré (Castel et Lacassagne, 2004, 2005), dans le cadre des relations interethniques qui est le domaine que nous explorons depuis quelques années, qu’il y avait plusieurs mécanismes de discrimination, correspondant à l’activation de partitions différentes. Même

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