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Elus locaux et action publiques

TD : Elus locaux et action publiques. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Mars 2018  •  TD  •  3 509 Mots (15 Pages)  •  915 Vues

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Élus locaux et action publique.

Aujourd’hui en France, la distribution des logements sociaux est souvent liée à une logique de clientélisme mais le  journal Le Figaro nous apprend que les initiatives de transparence se multiplient face aux critiques du grand public. Les commissions d’attributions des logements sociaux à Paris et dans certaines communes sont ouvertes au public depuis 2015. Cette volonté de transparence va encore plus loin dans la municipalité de Salon-en Provence, puisque celle-ci a constitué un jury citoyen  (composé d’associations sociales et d’habitants tirés au sort) chargé des attributions des logements sociaux. Les initiatives se multiplient mais restent peu nombreuses. La distribution des logements sociaux fait pleinement partie de l’action publique réalisé par les élus locaux. Pierre Lascoume défini l’action publique comme une action collective qui participe à la création d’un ordre social et politique, à la direction de la société, à la régulation de ses tensions, à l’intégration des groupes et aux résolutions des conflits.

Dès lors, il s’agit de se demander, à travers l’action publique de redistribution des logements sociaux, comment les élus locaux usent de leurs ressources ?  A quelles fins ? Et quelles en sont les limites ?

Pour répondre à ces questions, nous allons nous appuyer sur deux textes.

Le premier texte de la plaquette, « Les élus en action. Redistribution clientélaire et transformation des ressources publiques en milieu urbain »,  est écrit par Cesare Mattina. L’auteur va s’intéresser particulièrement au cas des élus et de la construction de leur carrière politique dans les villes de Marseille et de Naples. Cesare Mattina est un enseignant chercheur en sociologie à l’université d’Aix-marseille mais également au laboratoire Méditerranéen de sociologie. Il s’intéresse particulièrement aux relations entre les différents groupes socio-professionnels et les élites politiques.

Le texte 2, « un peuplement de qualité. Mise en œuvre de la loi SRU dans le périurbain résidentiel aisé et discrimination discrète » a été rédigé en 2016 par Fabien Desage. Fabien Desage est maître de conférences en science politique à l’université de Lille 2 et chercheur au CERAPS (Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales). L’auteur, en s’appuyant sur l’étude de la mise en œuvre de la loi SRU dans l’agglomération lilloise, à la volonté de montrer que le changement d’attitude soudain des élus vis-à-vis de la loi implique une contrepartie (la « préférence communale »). L’auteur a utilisé la méthode de l’enquête qualitative, qu’il a réalisé auprès « des acteurs locaux des politiques du logement social ».

Dans une première partie, nous nous pencherons sur les élus locaux comme contrôleurs et distributeurs des ressources et dans une seconde partie nous aborderons l’arrivée de nouvelles contraintes pour les élus locaux et la critique faite de leur mode d’actions.

  1. Les élus locaux “distributeurs” et “contrôleurs” des ressources

  1. Construction de carrière politique et clientélisme

Les élus locaux ont la capacité d’influer sur la distribution des ressources. Ils vont utiliser cette capacité à bon escient pour avoir la possibilité de gonfler et d’améliorer leur carrière politique. En effet, comme on peut le voir avec l’exemple de Lucien Weygand dans le texte 1, les élus peuvent appuyés des demandes personnelles de certains citoyens auprès du maire pour qu’ils aient plus facilement gain de cause. Néanmoins, les élus ne le font pas « gratuitement ». Cette pratique va leur permettre de gagner la confiance et le soutien des citoyens. C’est donc dans une logique électorale et d’échanges de services que l’élu va apporter son aide personnel. Pour se faire, l’élu va utiliser des stratégies. L’auteur montre avec Lucien Weygand, que l’élu va se rendre sur le terrain, aller à la rencontre de ses électeurs et les recevoir dans son bureau. Il est nécessaire que l’élu connaisse minutieusement les quartiers de son canton et la population qui y habite. En l’occurrence, Lucien Weygand connait parfaitement les quartiers dont il est en charge puisqu’il y est enraciné depuis sa jeunesse. Un certains nombres de citoyens appartenant au canton auquel il est associé vont le solliciter et lui soumettre des demandes en réponse à des problèmes personnels. L’auteur explique l’afflux de demande sociale reçu par Lucien Weygand par le fait qu’il s’occupe de quartiers relativement pauvres par rapport au reste de la ville.  L’élu va prendre le soin de s’occuper des demandes de ses électeurs. C’est ici que l’auteur introduit le concept de clientélisation qu’il définit comme la mise en œuvre par un élu d’un ensemble de comportements, d’attitudes,  de stratégies affichant une grande disponibilité et une pratique constante d’aide au plus grand nombre possible d’électeurs et de citoyens.  Cesare Mattina explique donc la réélection permanente de Lucien Weygand au poste de conseiller général du 16ème canton depuis 1973, par la redistribution clientélaire (distribution d’emplois municipaux ou de logements sociaux) et par la politique de proximité. Sa capacité de réélection lui a même permis de gravir les échelons et de grimper dans la hiérarchie du PS à Marseille. Il devient ainsi président du conseil général des Bouches-du-Rhône en 1986, poste qu’il ne quittera pas jusqu’à 1998.

Cependant, l’auteur va montrer que dans des territoire électoraux plus grands, la stratégie des élus est différente. Il va illustrer cette idée en prenant l’exemple de la famille Gava à Naples. En Italie, les territoriaux sont beaucoup plus vastes qu’en France, il est donc beaucoup plus difficile de se maintenir à un poste d’élu du fait de la plus grande diversité de population. Le but est donc pour les élus de sortir de leur zone de confort en allant chercher des voix autre part que dans leur quartier d’origine ou familiale.  L’auteur parle alors de « clientèles au niveau des institutions nationales et locales ». La capacité de réélection ne sera pas lié qu’aux seuls liens et services qu’entretiennent les élus avec leurs électeurs mais également par la capacité à se créer un réseau politico-institutionnel. Un candidat qui se présente dans une circonscription a donc nécessairement besoin d’effectuer des jeux d’alliances et notamment dans les sections locales de son parti comme l’évoque l’auteur. Cesare Mattina insiste sur le fait que le rôle du parti est différent et à beaucoup plus de poids en Italie. Selon lui, la possibilité pour un élu de gagner des voix de préférence au-delà des zones et des quartiers ou il a une influence personnelle et une certaine notoriété est strictement liée à sa capacité à gagner un appui à l’intérieur de son parti. On peut ici parler de clientélisme puisque la famille Gava s’appuie sur son réseau personnel et politico-institutionnel pour pouvoir renforcer et maintenir son pouvoir. L’alliance avec des amis, des membres de la Démocratie Chrétienne et des élus de niveaux intermédiaires va permettre à cette famille de contrôler au niveau local et d’accéder à la scène nationale. L’auteur va parler ici d’une logique locale/nationale. Antonio Gava a commencé en étant élu de la Province de Naples et à terminer au poste de ministre de l’intérieur. L’obtention de bons résultats électoraux localement permet de légitimer l’élu ou le parti au niveau national. Pour obtenir de bons résultats électoraux dans des circonscriptions aussi grandes, les candidats doivent trouver des moyens d'accroître leur influence et leur contrôle au sein de leur parti politique.

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