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Bergson, explication de la conférence sur "L'Âme et le Corps"

Commentaire de texte : Bergson, explication de la conférence sur "L'Âme et le Corps". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Juin 2017  •  Commentaire de texte  •  3 045 Mots (13 Pages)  •  4 281 Vues

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Explication du texte de Bergson :

« Que dit l’expérience immédiate et naïve du sens commun ? Chacun de nous est un corps, soumis aux mêmes lois que toutes les autres portions de matière. Si on le pousse, il avance ; si on le tire, il recule ; si on le soulève et qu’on l’abandonne, il retombe. Mais, à côté de ces mouvements qui sont provoqués mécaniquement par une cause extérieure, il en est d’autres qui semblent venir du dedans et qui tranchent sur les précédents par leur caractère imprévu : on les appelle « volontaires ». Quelle en est la cause ? C’est ce que chacun désigne par les mots « je » ou « moi ». Et qu’est-ce que le moi ? Quelque chose qui paraît, à tort ou à raison, déborder le corps qui y est joint, le dépasser dans l’espace aussi bien que dans le temps. Dans l’espace d’abord, car le corps de chacun de nous s’arrête aux contours précis qui le limitent, tandis que par notre faculté de percevoir, et plus particulièrement de voir, nous rayonnons bien au-delà de notre corps : nous allons jusqu’aux étoiles. Dans le temps ensuite, car le corps est matière, la matière est dans le présent, et, s’il est vrai que le passé y laisse des traces, ce ne sont des traces de passé que pour une conscience qui les aperçoit et qui interprète ce qu’elle aperçoit à la lumière de ce qu’elle se remémore : la conscience, elle, retient ce passé, l’enroule sur lui-même au fur et à mesure que le temps se déroule, et prépare avec lui un avenir qu’elle contribuera à créer.Même, l’acte volontaire, dont nous parlions à l’instant, n’est pas autre chose qu’un ensemble de mouvements appris dans des expériences antérieures, et infléchis dans une direction chaque fois nouvelle par cette force consciente dont le rôle paraît bien être d’apporter sans cesse quelque chose de nouveau dans le monde. Oui, elle crée du nouveau en dehors d’elle, puisqu’elle dessine dans l’espace des mouvements imprévus, imprévisibles. Et elle crée aussi du nouveau à l’intérieur d’elle-même, puisque l’action volontaire réagit sur celui qui la veut, modifie dans une certaine mesure le caractère de la personne dont elle émane, et accomplit, par une espèce de miracle, cette création de soi par soi qui a tout l’air d’être l’objet même de la vie humaine. »

Bergson, conférence sur « l’Âme et le Corps » In L’Énergie spirituelle.

Le corps apparaît à ses yeux comme un objet d’un genre particulier, mais comme un objet : comme eux il le parcours du regard, l’examine, en mesure la taille, le poids etc. Ces éléments définissent même ce qu’on appelle une identité, la seule que prennent en compte les administrations qui, par une photographie et quelques données, le considèrent “objectivement”. Mais le corps est aussi une expérience. Il est animé de mouvements, d’intentions, il est un centre auquel un certain nombre de phénomènes doivent être rapportés qui constituent mon vécu. C’est ce qui fait de lui un sujet. De quel côté se trouve en réalité son identité ? Peut-on rendre compte de celle-ci en choisissant l’un ou l’autre, le corps ou ce qu’on appelle l’âme, ou faut-il les considérer l’un par l’autre ? Répondre à cette question c’est définir le “moi“. Voila ce que se propose Bergson mais en évitant les abstractions, en s’efforçant de saisir le mouvement qui nous porte vers les objets et vers nous-mêmes. Les phénomènes qui affectent le corps sont divers. Est-ce la physique qui peut en rendre compte ?

À travers l’étude du mouvement volontaire, de la perception, de la mémoire, Bergson nous montre l’implication du corps et son débordement au point que, et c’est la conclusion grandiose de cet extrait, que nous devrons évaluer, l’homme peut s’approprier ce mouvement pour se faire créateur de lui-même

Le texte commence par l’expérience la plus « naïve », celle qui identifie le corps vivant avec un corps physique. Nous pouvons remarquer que ce prosaïsme contraste avec la fin du texte qui nous conduira vers « une espèce de miracle ». La progressivité de l’analyse est évidente. En tant que «portion de matière » le corps est soumis aux lois de la physique. Notre corps n’est qu’un cas particulier des corps matériels et en tant que tel ne bénéficie d’aucun privilège : « si on le pousse, il avance ; si on le tire, il recule ». La contrainte est l’expérience première, comme la souffrance, toujours liée à la rencontre de ses limites. On voit bien par là qu’il n’est pas sujet car c’est par le rapport qu’il entretient à d’autres corps qu’il faut le considérer. L’expérience de nos limites est celle de notre passivité : nous subissons, nous sommes un maillon d’une chaîne de causes et d’effets et dans tous les cas « la cause qui nous meut, est extérieure à nous-même ». Or devenir sa propre cause est possible ; les mouvements volontaires en témoignent. « Quelle en est la cause ? » Ce qui fait de moi un sujet et non plus un objet, un être indépendant et non plus l’élément d’une série. Dans ce cas, le corps comme phénomène physique ne suffit plus. On parlera du « moi » qui « déborde de toutes parts le corps qui y est joint ». Mais quel est-ce moi ? « Quelque chose » qui déborde le corps.

Ce « quelque chose » ne nous éclaire pas beaucoup mais suffisamment en tout cas pour que nous ne le concevions pas comme une sorte d’autre corps qui habiterait le premier. « Quelque chose » n’est pas un terme imprécis mais un terme précis pour désigner ce qui n’a pas de contours. Le « moi » n’est pas une entité, le moi n’a pas de contours. Au contraire, il est ce qui outrepasse toutes bornes. Nous rencontrons ici un problème classique quand on considère l’existence de l’homme. L’homme n’est pas qu’une mécanique corporelle, une « machine de terre » dirait Descartes car il y a en lui une pensée, une conscience. Mais que signifie « en » lui ? Comment concevoir une pensée incorporelle « dans » un corps ? Il n’y a que des corps matériels qui puissent être dans une relation spatiale les uns avec les autres. Bergson n’identifie pas le moi à une substance pensante, que l’on pourrait isoler des aventures du corps, comme le fait Descartes au début des Méditations, mais qu’il faudrait finir par lier à celui-ci. Ici nous voyons que le moi « déborde » le corps, qu’il « dépasse, dans l’espace et dans le temps ». Cela signifie que le moi ne se réduit pas au corps, à aucune forme de corps et que la question de l’incorporation ne se posera pas. Quelle sera cette relation ? Nous savons seulement que le moi est « joint » au corps. Essayons de ne plus penser en

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