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Le plaisir suffit-il au bonheur ?

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Par   •  21 Octobre 2018  •  Dissertation  •  2 147 Mots (9 Pages)  •  3 125 Vues

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Le plaisir suffit-il au bonheur ?

Tahar-Bouzid Hakim TL2

Comparons deux hommes. Le premier mène, au sommet d'une montagne, une vie calme, austère, sans désir ni passion, sans souffrance ni inquiétude. Le second s'abandonne à ses envies : il boit, fume, danse toute la nuit avec ses amis. Tout d'abord, il nous faut définir certains termes. Le bonheur est un état durable de plénitude, de satisfaction ou de sérénité où l'esprit et le corps sont en équilibres et en bonne santé, où le stress et l'inquiètude ont totalement disparu. Le plaisir lui est une sensation immédiate éphémère et agréable provoquée par la satisfaction d'un désir (comme boire, manger ou fumer…). Ainsi, selon ces définitions, quel homme a-t-il atteint le bonheur ? Quel homme vit-il la vie la plus heureuse ? De par leur définition, ces deux concepts s'opposent radicalement. Le premier se détourne du plaisir, l'autre s'y adonne. Nous devons donc nous poser cette question simple : le plaisir suffit-il au bonheur ? En effet, le plaisir n'est-il que l'assemblage de milliers de moments de plaisirs ou est-ce quelque chose de plus grand, de transcendant ?

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Dans un premier temps, il nous faut considérer le plaisir comme seul et unique route vers le bonheur. En effet, l'homme qui mange un délicieux gâteau au chocolat n'est-il pas heureux ? Pourrait-il n'être que dans un plaisir éphémère ou a-t-il atteint une forme de bonheur ? Et surtout, s'il mange un autre gâteau, et encore un autre, ne serait-il pas dans l'enchaînement des plaisirs pour approcher l'éternel du bonheur. Ainsi, le bonheur ne serait qu'une géante pléiade de moments de plaisirs regroupés en une vie.

Par conséquent, disons que le bonheur c'est la satisfaction de tous nos désirs. Voilà ce que Calliclès, un personnage des dialogues de Platon dans Gorgias, démontrait grâce à la métaphore des tonneaux des Danaïdes. Encore une fois, imaginons deux hommes avec des tonneaux. Ceux du premier sont pleins à rabord. Ceux du deuxième sont perçés de trous, de sorte qu'il doive perpétuellement les remplir au prix d'un effort considérable. Calliclès dira que la vie du second approche plus du bonheur : il a toujours de la satisfaction, du plaisir. Le bonheur réside donc dans l'action, dans l'agir, dans l'immédiat mais nécessite de constamment en trouver une nouvelle source. C'est là une philosophie du présent, où le bonheur n'est pas perpétuel, mais doit être maintenu. C'est une vie qui emmène vers la frénésie et l'intensité : si le plaisir faiblit, alors il en faut une nouvelle source. Cela s'appelle de l'hédonisme : la recherche constante du bonheur par le plaisir. En ce sens, oui, le plaisir suffit amplement au bonheur.

Toutefois, Epicure, philosophe grec, montrait que certains plaisirs sont dangereux. En effet, la sensation d'extase provoquée est si forte qu'elle en devient nécessaire à l'homme : il en veut toujours plus. Le philosophe classifiait les désirs et plaisirs comme suit : naturels et nécessaires (manger, boire), naturels non-nécessaires (bien manger, bien boire) et non-naturels (richesse, pouvoir). Ceux des deux premières catégories sont à trouver, à expérimenter mais ne doivent jamais se mêler à la troisième catégorie. Ainsi, Epicure veut se contenter de peu, ne pas aller trop loin, vivre une vie calme et maîtrisée où le plaisir le plus simple est tout ce qu'il y a à vouloir.

Par conséquent, là où Calliclès recherchait un plaisir intense, Epicure prêchait une tempérance, une maîtrise de soi. En effet, il est évident que le plaisir peut blesser le corps et l'esprit, de par son intensité, sa fréquence… Le plaisir est contenu dans l'action, dans l'instant, dans le corps. Son éphémérité nous pousse à en vouloir plus, au point de nous blesser, au point de nous détourner de la véritable voie, de toute morale ou éthique, du bonheur. Tout de suite nous apparaît l'image de l'homme riche et avide qui provoque sa propre chute de par son avarice. Voilà pourquoi le plaisir ne peut suffire au bonheur. De par sa nature même, le plaisir s'oppose totalement au bonheur.

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Alors peut-être le bonheur doit se trouver au-delà du corps, au-delà du présent… L'idée de suffisance nous apparaît alors comme hors-propos. Le plaisir ne « suffit » pas au bonheur. Il n'est pas la seule condition requise pour le trouver. Cela suppose que le bonheur se trouve plus haut, dans des concepts plus grands. Peut-être transcende-t-il le corps ?

Le plaisir, comme dit précedemment, nous frustre. Nous ne pouvons jamais le maintenir et cherchons constamment un moyen de le conserver. Il est frénétique, intense et semble être une profonde crevasse dans laquelle nous nous engouffrons à chaque fois. Par exemple, le fumeur ne se blesse-t-il pas en allumant sa cigarette ? Le bonheur n'est pour lui plus un idéal à atteindre, quelque chose qui dépasse les hommes, mais simplement un instant fugace. Le plaisir, en ce sens, s'oppose entièrement au bonheur. Si nous reprenons notre exemple de départ, le second homme n'a pas atteint le bonheur mais seulement une sorte de chimère inaboutie. Dans le film Orange Mécanique, de Stanley Kubrich, le personnage principal s'abandonne totalement à ses pulsions d'ultra-violence et de sexe. Son envie frénétique de plaisir le mène à sa chute désespérée  dans les gouffres d'une prison, à la trahison de ses camarades… Il ne mène plus une vie morale, est ostracisé par sa communauté et abandonné par ses propres désirs. Il représente parfaitement ce que l'Homme peut devenir de pire pour le bien du plaisir.

Donc, nous devons étudier une manière de transcender l'être physique, le corps, pour atteindre un bonheur éternel. Tandis que l'hédonisme souhaite transformer le monde pour satisfaire ses désirs, le stoïcisme propose d'adapter ses désirs au monde. En réalité, il repose sur quatre pilliers. Le premier est qu'il faut distinguer ce qui dépend de nous ou non : nos pensées, notre œuvre mais pas la santé, la météo… Ensuite il faut adapter nos désirs au monde. Par exemple, si nous avons clairement conscience de la distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui est au contraire impossible, nous ne désirerons pas plus être en bonne santé quand nous sommes malades que nous ne désirons posséder les royaumes de la Chine ou du Mexique. Et ainsi nous ne souffrirons pas de ne pas avoir cette chose complètement inaccessible (la santé). Puis, la vertu est qu'il faut absolument supporter les épreuves de la vie et tout donner. Ainsi le rugbyman, à la fin d’un match perdu, sera heureux s’il est intimement convaincu d’avoir « tout donné », d’avoir bien joué et d’avoir fait tout ce qu’il pouvait. Enfin, il faut être conscient des maux qui nous guettent. De fait, nous ne serons pas troublés par les malheurs qui nous arrivent. Ainsi nous serons heureux : d’une part, nous ne serons jamais frustrés, nous serons toujours satisfaits : car nous saurons nous contenter de ce que nous avons ; d’autre part, nous aurons la satisfaction d’avoir bien agi, d’avoir su limiter nos désirs et faire ce qu’il fallait, d’avoir agi moralement, d’avoir été un homme de bien. Le stoïcisme est donc une philosophie fondée sur l’action qui identifie bonheur et vertu : le mieux que nous puissions faire, c’est bien agir, être vertueux ; donc être vertueux, c’est être heureux. C'est une philosophie qui parle de détachement : si je ne suis touché par rien, alors je ne suis pas triste. Donc, il ne faut pas s'impliquer dans des relations… C'est là le prix à payer pour atteindre le « bonheur ».

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