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Simone De Beauvoir

Mémoires Gratuits : Simone De Beauvoir. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Janvier 2014  •  2 320 Mots (10 Pages)  •  1 394 Vues

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Simone de Beauvoir est la fille de Georges Bertrand de Beauvoir, éphémère avocat et comédien amateur, et de Françoise Brasseur, jeune femme issue de la bourgeoisie de Verdun.

Elle voit le jour dans un appartement cossu du boulevard Raspail et entre à l'âge de cinq ans au Cours Désir, où sont scolarisées les filles de bonnes familles. Sa sœur cadette, Hélène (dite Poupette), l'y rejoint deux ans plus tard. Dès le plus jeune âge, Simone se distingue par ses capacités intellectuelles et se partage chaque année la première place avec Élisabeth Lacoin (dite Élisabeth Mabille, ou « Zaza » dans son autobiographie). Zaza devient rapidement sa meilleure amie.

Après la Première Guerre mondiale, son grand-père maternel, Gustave Brasseur, président de la Banque de la Meuse2, fait faillite et est déclaré banqueroutier, précipitant toute sa famille dans le déshonneur et la déconfiture. Aussi les parents de Simone sont-ils contraints, par manque de ressources, de quitter l'appartement cossu du boulevard Raspail (au-dessus de l'actuel restaurant « La Rotonde ») pour un appartement, sombre, exigu, au cinquième étage, sans ascenseur d'un immeuble de la rue de Rennes3. Georges de Beauvoir espérait vivre avec l'argent de son épouse. Celle-ci se sentira coupable toute sa vie, envers son mari, de cette dot engloutie. Simone en souffre et voit les relations entre ses parents se dégrader. Toute son enfance sera marquée par le fait d'être une femme : son père espérait avoir un fils pour en faire un polytechnicien. D'ailleurs, il répétera à Simone : « Tu as un cerveau d'homme ». Passionné de théâtre (il suit des cours d'art dramatique), il en a transmis le goût à son épouse et à ses enfants, ainsi que son amour de la littérature. Selon lui, « le plus beau métier est celui d'écrivain ». Avec son épouse, il est persuadé que seules les études peuvent sortir leurs filles de la condition médiocre dans laquelle elles se trouvent.

Simone de Beauvoir.

Dans sa jeunesse, Simone passe ses vacances d'été à Saint-Ybard, dans le parc de Meyrignac en Corrèze, créé vers 1880 par son grand-père Ernest Bertrand de Beauvoir. La propriété avait été acquise par son arrière-grand-père Narcisse Bertrand de Beauvoir au début du XIXe siècle. On retrouve de multiples évocations de ces séjours heureux en compagnie de sa sœur Hélène dans ses Mémoires d'une jeune fille rangée : « Mon amour pour la campagne prit des couleurs mystiques. Dès que j'arrivais à Meyrignac, les murailles s'écroulaient, l'horizon reculait. Je me perdais dans l'infini tout en restant moi-même. Je sentais sur mes paupières la chaleur du soleil qui brille pour tous et qui ici, en cet instant, ne caressait que moi. Le vent tournoyait autour des peupliers : il venait d'ailleurs, il bousculait l'espace, et je tourbillonnais, immobile, jusqu'aux confins de la terre. Quand la lune se levait au ciel, je communiais avec les lointaines cités, les déserts, les mers, les villages qui au même moment baignaient dans sa lumière. Je n'étais plus une conscience vacante, un regard abstrait, mais l'odeur houleuse des blés noirs, l'odeur intime des bruyères, l'épaisse chaleur du midi ou le frisson des crépuscules ; je pesais lourd, et pourtant je m'évaporais dans l'azur, je n'avais plus de bornes4. » C'est au contact de la nature et au cours de longues marches solitaires dans la campagne que le désir d'une vie « hors du commun » se forge dans l'esprit de Simone.

À quinze ans, son choix est déjà fait, elle sera un écrivain célèbre. Après son baccalauréat en 1925, Simone de Beauvoir entame des études supérieures à l'Institut catholique de Paris, pour les mathématiques, et à l'Institut Sainte-Marie à Neuilly pour les lettres. Elle obtient la première année à l'université de Paris les certificats de mathématiques générales, de littérature et de latin. L'année suivante, elle suit les cours de philosophie et obtient en juin 1927 le certificat de philosophie générale. Elle obtient finalement la licence ès lettres mention philosophie au printemps 1928 après l'obtention des certificats d'éthique et de psychologie5 et entame alors la rédaction d'un mémoire pour le diplôme d'études supérieures portant sur Leibniz. A la faculté des lettres de l'université de Paris, elle rencontre d'autres intellectuels en herbe, notamment Jean-Paul Sartre, qu'elle compare à un génie. Une relation mythique se nouera entre eux, dès cette époque, que seule la mort rompra. Elle sera son « amour nécessaire » en opposition aux « amours contingentes » qu’ils seront amenés à connaître tous deux. Simone de Beauvoir est reçue deuxième au concours d'agrégation de philosophie en 1929, juste derrière Jean-Paul Sartre.

La mort de « Zaza » cette même année la plonge dans une grande souffrance. Simone, élevée par une mère pieuse, a perdu la foi dès sa quatorzième année (d'après les Mémoires d'une jeune fille rangée), bien des années avant son agrégation de philosophie, avant même son départ du cours Desir et marque ainsi son émancipation vis-à-vis de sa famille.

L'enseignante

Dès l'agrégation en 1929, Simone, ou plutôt Castor – surnom que lui donne Herbaud (René Maheu dans Mémoires d'une jeune fille rangée) et qui ensuite est repris par Sartre car « Beauvoir » est proche de l'anglais beaver (signifiant castor6), et que, comme elle, « Les Castors vont en bande et ils ont l'esprit constructeur » (dans Mémoires d'une jeune fille rangée) – devient professeur de philosophie. Elle se trouve mutée à Marseille. La perspective de quitter Sartre, lui-même muté au Havre en mars 1931, la jette dans l'angoisse et ce dernier lui propose de l'épouser afin d'obtenir un poste dans le même lycée. Bien que viscéralement attachée à Sartre, elle rejette la proposition : « Je dois dire, écrit-elle dans La Force de l'âge7, que pas un instant je ne fus tentée de donner suite à sa suggestion. Le mariage multiplie par deux les obligations familiales et toutes les corvées sociales. En modifiant nos rapports avec autrui, il eût fatalement altéré ceux qui existaient entre nous. Le souci de préserver ma propre indépendance, ajoute-elle cependant, ne pesa pas lourd ; il m'eût paru artificiel de chercher dans l'absence une liberté que je ne pouvais sincèrement retrouver que dans ma tête et mon cœur. » L'année suivante, elle parvient à se rapprocher de Sartre en obtenant

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