La Raison Et La Croyance

LA RAISON et LA CROYANCE

Introduction

La raison est le signe distinctif de notre humanité. C’est le logos grec, d’où viennent nos termes de logique et de langage, c’est aussi la ratio latine, c’est-à-dire le raisonnement, le discours, le rapport, le calcul. La raison s’oppose à l’intuition, à la passion, à la folie, à la foi. Philosopher, c’est encore raisonner.

Il convient alors de s’interroger sur son pouvoir et sur ses limites.

Qu’est-ce que la raison ? Raisonner c’est penser avec ordre, méthode et discipline, enchaîner les arguments, pratiquer un discours sensé dont quiconque comprend la provenance, la situation et la direction.

C’est aussi conduire sa réflexion avec le souci de démontrer, prouver, justifier.. Elle permet de saisir et de comprendre ce qui se produit dans nos relations les uns avec les autres, elle nous permet de saisir et de comprendre le sens des actions qui ne dépendent pas directement de nous, les événements de l’histoire, les phénomènes physiques etc.

1 Pourquoi dit-on que c’est le propre de l’homme ?

A Une faculté humaine

La raison qui évalue et calcule est le propre de l’homme, elle nous distingue en effet des autres animaux. Certes on a pu constater chez quelques animaux parmi les plus évolués, notamment les primates, une relative capacité à associer, créer, inventer, communiquer. Certains parlent d’intelligence animale, d’embryon de raison (si l’on nomme ainsi la capacité à envisager un problème et à le résoudre par ses propres moyens). Mais cette raison n’est pas évolutive, elle est simple, limitée à quelques opérations sommaires, et elle est peu susceptible même après une éducation appropriée, de devenir aussi efficace, imaginative et inventive que la raison humaine.

Pour Descartes, la raison est la faculté que possède tout homme de discerner le vrai du faux, à condition d’exercer correctement sa raison grâce à l’application scrupuleuse de règles qui ne sont rien d’autre que des règles de logique.

Descartes Discours de la méthode 1ère partie

Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils n’en ont. En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et de distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien.. ;

B La raison instrument individuel à développer, à protéger

La raison est une faculté d’ordre, de mise en ordre, de tri, de comparaison, d’évaluation, de calcul etc.

Le corps fournit des impressions, des impulsions nerveuses, des signes neuronaux, des énergies électriques, des images transformées en données décryptées par le cerveau. La raison effectue un travail de tri, elle met de l’ordre et structure les données éparses en signes intelligibles et sensés. On passe de l’expérience à la connaissance.

La raison s’exerce dans le langage, et le langage s’exerce avec la raison. La raison qui met de l’ordre dans la confusion primitive des sensations et des émotions premières nécessite une langue structurée par laquelle le donné diffus devient une idée claire et distincte.

Pas de raison sans éducation, sans apprentissage du langage, sans pédagogie. On ne naît pas en disposant de cet instrument tout prêt, il faut le développer, le construire, le faire travailler, l’entretenir, le faire fonctionner pour pouvoir en user. C’est ce que dit Descartes quand il dit que l’essentiel n’est pas de disposer de cette faculté dont nous disposons tous, mais de l’exercer bien.

En travaillant le langage, la mémoire, en réfléchissant, en calculant, en multipliant les occasions de recourir à cet instrument, on met au point sa raison à l’aide de laquelle se posent des questions, se résolvent des problèmes, se comprend ce qui résiste a priori.

Elle peut aussi être mise entre parenthèse – l’alcool, la colère, les drogues agissent en suspendant la raison, voire en la détruisant par l’emploi de substances qu’on appelle psychotropes.

C Sur quoi s’appuie-t-elle ?

Elle s’appuie sur des principes logiques dont le premier est le principe de non contradiction. La raison m’interdit de me contredire.

Curieusement on appelle ce principe logique de deux termes qui semblent s’opposer, Principe de contradiction ou principe de non-contradiction : deux propositions contradictoires ne peuvent être vraies en même temps. Exemple : un nombre entier ne peut pas être pair et en même temps impair.

Principe de causalité : tout phénomène ayant une cause, la même cause, dans les mêmes conditions produit toujours le même effet. Ce principe rejoint l’idée qu’il existe dans la nature un déterminisme universel et cela permet à la raison de chercher les lois ordonnant la diversité apparente des phénomènes.

2 La raison pourquoi faire ?

A Pour vivre ensemble

Aux déraisonnables, on ne laisse pas de pouvoir social. On les enferme, on les écarte des lieux où se prennent les décisions, on les interne dans des asiles, des hôpitaux, on les exclut du jeu social.

Chaque société éduque ainsi ses membres à une raison communautaire, permettant à chacun de ses membres de distinguer le bien, le mal, le vrai, le faux, le beau, le laid, le juste, l’injuste Elle définit ainsi la faculté de bien juger, mais bien évidemment, cette faculté est relative, sociale, changeante.

Aristote Politique

C’est pourquoi il est évident que l’homme est un animal politique plus que n’importe quelle abeille et que n’importe quel animal grégaire. Car comme nous le disons, la nature ne fait rien en vain ; or seul parmi les animaux,

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