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La Différence

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Par   •  29 Avril 2013  •  1 449 Mots (6 Pages)  •  1 619 Vues

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La différence

>Le thème abordé pour ma khôlle de philosophie est « la différence ».

La « différence » est tantôt une relation (un rapport entre objets distincts), tantôt un caractère intrinsèque, c'est-à-dire un trait caractérisant une réalité singulière en elle-même. C'est de ce second point de vue que la notion de « différence » a retenu l'attention de nombreux philosophes contemporains comme Emmanuel Levinas, Jacques Derrida ou Gilles Deleuze. Martin Heidegger a voulu le premier conférer à ce concept une réelle dignité philosophique: la différence comme telle, difficile à concevoir autrement que négativement, est pourtant un souci et un enjeu essentiel de toute pensée réellement attentive à la complexité du réel. Par ailleurs, il faut signaler que l'idée de « différence » a fait l'objet d'une exploitation idéologique, notamment à travers l'affirmation d'un « droit à la différence », qu'il ne faut pas confondre avec le « respect de la différence ». Cette affirmation est dénoncée aujourd'hui par un certain nombre d'anthropologues (Louis Dumont par exemple). La revendication d'un « droit à la différence » peut être considérée, si l'on suit ces auteurs, comme contradictoire et dangereuse. Contradictoire, car les droits de l'homme ont pour fondement le principe d'égalité naturelle de tous les hommes. Dangereuse, car revendiquer des droits spécifiques (pour les femmes, par exemple) peut conduire à remettre de nouveau en question le principe de l'égalité des sexes. Or, l'égalité de statut de tous les êtres humains n 'est pas aussi bien admise ni tolérée qu'on voudrait le croire. Le racisme apparaît aujourd'hui comme une réaction suscitée autant par l'angoisse de l'indifférenciation (résultat de l'égalitarisme) que par rejet de la différence.

Avant de devenir une catégorie centrale de la réflexion éthique, politique et anthropologique, la notion de « différence » a longtemps été comprise d'une manière négative, c'est-à-dire ce qui est différent, c'est ce qui n'est pas identique ou semblable. Dans la philosophie de la Grèce antique, et, en particulier, dans la pensée de Platon et d'Aristote, la différence est d'abord la négation de l'identité. Elle n'est pas pensée dans son être propre, mais à partir d'un être auquel la pensée grecque accorde un statut ontologique supérieur. Ce statut ontologique supérieur est l'Identique, qui est une espèce du Même et se rattache à l'Un. Dans cette perspective, la « différence », qui appartient au genre de l'Autre et fonde la diversité ou le multiple, apparaît comme un être inférieur. Sur la base de cette « métaphysique » de la « différence », Aristote conçoit l'être absolument parfait avec la pure pensée qui se pense elle-même comme une unité qui, n'étant attribuée par aucune différence, se suffit absolument à elle-même. Ce « dieu » philosophique se tient dans l'isolement du Même, ignorant toute relation.

1.  La pensée du Même

En se déployant sur les plans anthropologique, cette « métaphysique » qui dévalue la « différence » se prononce avec une compréhension spécifique de l'éthique et du politique. Chez Aristote, la diminution de la différence signifie, en éthique, le principe selon lequel le devoir de justice est hiérarchisé en fonction du degré de ressemblance entre le Même et l'Autre: « L'injustice est d'autant plus grave qu'elle s'adresse à des amis plus proches. Par exemple, il est plus grave de dépouiller un camarade de son argent qu'un simple concitoyen, plus grave de refuser son aide à un frère qu'à un étranger » extrait de Éthique à Nicomaque, IVe siècle av. J.-C. Pour celui qui attend justice, la différence apparaît ici comme une insuffisance. En politique, la dévaluation de la « différence » crée le discours aristotélicien sur l'esclavage qui est construit autour de l'opposition entre Grecs et barbares, c'est-à-dire entre le peuple qui s'autoproclame naturellement « supérieur » et les peuples qu'il déclare naturellement « inférieurs ». À partir du XVIe siècle et jusqu'à la première moitié du Xxe siècle, ce discours a pu être utilisé pour justifier « philosophiquement » l'organisation coloniale européenne dans le monde.

Avec la modernité libérale, la notion de « différence » est le plus souvent assimilée à celles d'inégalité et de particularité. Effectivement, elle est opposée au nouveau principe supérieur de l'égalité universelle des humains en tant que sujets des mêmes droits et des mêmes devoirs. Sous cette nouvelle figure du Même, la différence concrète est effacée par l'égalité abstraite des citoyens dans le cadre de l'État-nation, ou, à l'échelle planétaire, par l'égalité abstraite des « hommes » dans le cadre des droits de l'homme: quel que soit le domaine d'application de l'égalité, « l'unité » sociale et politique exige la « neutralisation » politique et juridique des différences. Ainsi, selon Kant, la philosophie pratique de la modernité libérale accomplit le même programme

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