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L'esthétique De Hegel

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Par   •  12 Mai 2013  •  2 330 Mots (10 Pages)  •  1 198 Vues

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Extrait de l’esthétique de Hegel

Introduction :

Dans cet extrait, Hegel s’efforce d’éclairer la relation qui unit l’œuvre d’art et le monde. Comment l’art, en effet, dévoile-t-il le réel ? Quel aspect des choses nous révèle-t-il ?

Afin de cerner la façon singulière dont l’art approche le monde, Hegel entreprend de la distinguer de deux autres approches du réel : la façon dont notre désir appréhende le réel et, surtout, la façon dont les sciences interprètent toutes choses en vue de leur connaissance. Tout l’enjeu de sa réflexion consiste ici à souligner la façon dont l’œuvre d’art prend en charge l’existence sensible des choses et tend à préserver leur caractère. L’expression artistique est attentive à la particularité de chaque chose, à son individualité qu’elle cherche à révéler et à préserver. En ce sens, si nous cherchons sans cesse à soumettre les choses à nos désirs ou bien encore à abstraire leurs particularités afin de les connaître, l’art est cette expression singulière qui ne cherche pas à soumettre le réel à notre volonté.

Pourtant, ne faut-il pas reconnaître une forme de vérité essentielle dans l’art, parce qu’il laisse ainsi chaque chose libre face à nous ? Qu’est-ce qui, dès lors, est le plus à même de nous faire approcher une vérité sur le monde : une connaissance universelle, qui nie chaque chose dans sa particularité, ou bien une expression qui s’efforce de préserver la différence, la singularité de chaque être ? Ainsi, l’art, plus encore que les sciences, n’est-il pas porteur d’une vérité sur le monde, une vérité qui nous renvoie à l’individualité sensible et à la singularité de toutes choses ?

Loin ainsi de réduire l’art à un simple divertissement, Hegel s’efforce ici d’en révéler la vérité : l’œuvre d’art prend en charge une vérité sensible du monde, préserve la singularité de toutes choses, quand les autres activités humaines, pratiques ou théoriques, ignorent, détruisent ou font abstraction de cette vérité.

Nous expliquerons le texte selon les deux grands moments qui le constituent : de « dans la science, l’homme, en se comportant… » à « …qui diffère totalement de l’objet en tant que sensible », Hegel éclaire la façon dont la science appréhende le réel ; puis, dans le reste du texte, il dévoile par contraste la façon dont l’art révèle le monde, préservant l’individualité des choses, quand la science l’abstrait et quand le désir la détruit.

I La façon dont la science appréhende le réel :

Comme nous l’avons relevé, l’enjeu de la réflexion de Hegel dans cet extrait est de définir la façon dont l’art approche le réel de façon singulière. Hegel, comme nous le verrons, attribue ici une force de vérité à l’expression artistique, dans la mesure où elle se soucie de l’individualité des choses et préserve leur singularité. En quoi consiste ainsi l’approche théorique du réel qui définit l’esprit des sciences ?

Il est tout d’abord remarquable que Hegel n’accorde qu’à cette approche théorique du réel, la valeur d’une interprétation parmi d’autres, la considérant comme un « point de vue » possible sur les choses (ligne 1), ce qui laisse clairement supposer que telle n’est pas l’unique manière d’exprimer une vérité sur le réel et de connaître le monde. Hegel reprend ici une définition traditionnelle de la science, telle qu’elle est déjà affirmée par les penseurs de l’Antiquité.

L’universalité consiste à dégager l’unité au sein de la multiplicité, l’identité au sein de la diversité. Comme le souligne en effet Hegel, il s’agit ici pour la rationalité scientifique de traquer l’universel, « l’essence intime des choses », que ne saurait révéler leur existence sensible (lignes 1 à 4) : la réalité sensible des choses, telle que nous en faisons l’expérience, doit être surmontée, car elle n’est qu’une illusion qui nous empêche d’approcher la vérité. Pour l’effort théorique et scientifique, « l’existence sensible » est une apparence qui doit être traversée. Dans cette perspective, l’apparence sensible des choses est rejetée comme l’expression appauvrie de ce qu’elles sont : seule la raison peut dévoiler l’identité de chaque chose. Pourtant, cette vérité universelle n’est jamais donnée : elle doit être « reconstituée », selon l’expression même de Hegel, c’est-à-dire produite et dégagée par notre raison. En ce sens, comme il le souligne, la vérité que la raison atteint dans le monde est la vérité de ses exigences : « la raison (…), par ce qu’elle a d’universel, cherche à se retrouver dans la nature » (lignes 2 à 3).

Loin de recevoir le réel tel qu’en lui-même, la rationalité scientifique le soumet à son exigence d’universalité. Hegel ne suppose pas que la rationalité scientifique ignore tout à fait l’expérience sensible, reconnaissant tout d’abord l’expérience sensible du réel comme le point de départ de toute science, comme la matière sur laquelle s’exerce en premier lieu toute théorie (« la science part du sensible individuel », lignes 10-11). De toute évidence, on ne saurait connaître quoi que ce soit sans commencer par faire l’expérience de quelque chose. En ce sens, les objets sur lesquels s’exerce la théorie sont avant tout les objets que lui découvre l’expérience, les qualités sensibles étant les premières formes par lesquelles l’existence d’une chose quelconque nous apparaît (« la science (…) peut posséder une idée de la manière dont ce particulier existe directement, avec sa couleur, sa forme, sa grandeur individuelles, etc. », lignes 7 à 9).

Or, si ces qualités sensibles particulières sont bien le point de départ de la science, s’en tient-elle pour autant à cette première forme ? En effet, comme Hegel le souligne avec force à partir de la ligne 9, tout l’effort de la raison consiste à transcender cette particularité sensible des objets qui se découvre à notre expérience et cela afin d’en avoir l’intelligence.

Le travail de la raison, particulièrement souligné ici par l’expression « transformation intime » (ligne 11), consiste à dépouiller les objets de l’expérience de leur individualité, des particularités sensibles qui les caractérisent, afin de dégager la vérité universelle que recouvrent ces particularités et auxquelles elles font obstacle. La rationalité scientifique est animé par un processus d’abstraction: il

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