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Économie de la banque

Note de Recherches : Économie de la banque. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  20 Janvier 2014  •  6 630 Mots (27 Pages)  •  809 Vues

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ÉCONOMIE DE LA BANQUE

Emmanuelle GABILLON et Jean-Charles ROCHET

Article publié dans Dictionnaire de l'Economie Encyclopaedia universalis 2007 couverture livre

Les banques sont les établissements financiers qui collectent les dépôts du public (en particulier les dépôts à vue) et qui accordent des crédits aux entreprises et aux ménages. Elles font partie, au même titre que les sociétés d'assurance et les organismes de placement collectif en Bourse, de ce que les économistes appellent les intermédiaires financiers. Ces derniers ont pour fonction de collecter l'épargne des agents économiques ayant une capacité de financement (la plupart des ménages et certaines entreprises) pour la distribuer aux agents ayant un besoin de financement (l'État, la plupart des entreprises et certains ménages). Mais les épargnants peuvent aussi investir directement sur les marchés financiers en achetant les titres émis par certains emprunteurs. Selon que ces agents prêteurs et emprunteurs se rencontrent ainsi directement sur le marché ou par le biais d'un intermédiaire financier, on parle de “financement direct” ou de “financement indirect ou intermédié”.

Parmi les intermédiaires financiers, les banques (que l'on nomme aussi les établissements de crédit) sont les seules à détenir le pouvoir de création monétaire. En effet, chaque fois qu'une banque accorde un crédit, la quantité de monnaie en circulation dans l'économie augmente, car ce crédit se matérialise nécessairement (au moins dans un premier temps) par un dépôt supplémentaire (la banque “crédite” le compte de l'emprunteur), que l'emprunteur utilise ensuite comme il le souhaite. Le système bancaire joue donc un rôle crucial dans le processus de création monétaire.

L'économie bancaire traditionnelle s'intéressait essentiellement aux liens entre monnaie et crédit au niveau macroéconomique et en particulier aux mécanismes de transmission de la politique monétaire menée par la banque centrale. L'approche moderne, qui s'est développée à partir du début des années 1980 et que nous présentons ici, adopte un point de vue plus microéconomique, en étudiant de façon détaillée le comportement des banques individuelles confrontées à l'évolution de leur environnement concurrentiel et réglementaire.

La recherche récente en économie bancaire a étudié trois questions principales. Quel est le rôle spécifique des banques par rapport aux marchés financiers? Quelles sont les raisons de la fragilité bancaire, ou autrement dit, pourquoi y a-t-il tant de crises bancaires? Et enfin, quelles sont les justifications et les modalités souhaitables de l'intervention publique dans le secteur bancaire? Le développement sans précédent des marchés financiers au cours des dernières décennies a obligé les intermédiaires financiers à évoluer de façon importante, sans rien ôter, au contraire, à la pertinence de ces trois questions.

Le rôle spécifique des banques dans le financement de l'économie

Le rôle des banques dans l'économie était clair et bien établi tant que les marchés financiers étaient sous-développés, car elles étaient les seules à pouvoir fournir des services de liquidité et de crédit aux entreprises et aux ménages. Le développement sans précédent des marchés financiers, impulsé dès la fin des années 1970 dans les pays anglo-saxons, a amené certains économistes à s'interroger sur la spécificité du financement bancaire par rapport au financement direct et sur la survie des banques traditionnelles. Plusieurs arguments ont été avancés.

Les économies d'échelle et d'envergure

Dans tous les secteurs d'activité, et pas seulement celui des services financiers, le rôle des intermédiaires consiste à exploiter des économies d'échelle ou d'envergure. On parle d'économies d'échelle lorsqu'une entreprise est plus efficace quand le volume de ses activités s'accroît. On parle d'économies d'envergure lorsqu'une entreprise est plus efficace quand le nombre de ses activités s'accroît. L'exemple le plus simple est celui d'un supermarché, qui achète en gros auprès de ses fournisseurs à un prix bas (économies d'échelle) et offre à ses clients toute une gamme de produits en un endroit unique (économies d'envergure).

Ainsi, les banques se servent de leurs réseaux pour exploiter les économies d'envergure entre différentes activités (collecte d'épargne, gestion des moyens de paiement, change, offre de produits d'assurance, de services de placement de titres, de services de conseil en gestion de patrimoine, etc.). De plus, la relation prêteur-emprunteur est fondamentalement perturbée par des problèmes d'asymétrie d'information: l'emprunteur a plus d'informations que le prêteur sur ses propres possibilités de remboursement, sur la qualité des projets qu'il cherche à financer et sur sa capacité à les mener à bien. Par conséquent, l'obtention d'informations sur sa clientèle représente un enjeu considérable pour la banque. Or les clients qui souhaitent emprunter sont souvent aussi les déposants de la banque. Cette dernière obtient donc de l'information sur la situation financière de ses clients dans le cadre de sa gestion des comptes de dépôts. Cela engendre des économies d'envergure entre la gestion des dépôts et l'activité de crédit. En raison des coûts fixes élevés des agences bancaires (coûts d'installation et de fonctionnement des guichets, frais de personnel…), la collecte d'épargne présente également des économies d'échelle, tout au moins jusqu'à un certain niveau d'activité. On comprend dès lors le rôle important qu'ont eu jusqu'à présent les grands réseaux bancaires.

La diversification des risques

La diversification des risques réalisée par les banques est aussi un facteur important d'économies d'échelle. En effet, un investisseur prudent cherche typiquement à diversifier ses placements, conformément au vieil adage selon lequel on ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Du fait des indivisibilités (on ne peut pas acheter une demi-action ou une demi-obligation), les possibilités de diversification sont d'autant meilleures que le montant à investir est élevé. Un intermédiaire financier qui collecte des fonds auprès

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