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Étude du Conflit De génération Dans le roman Sous L'orage De Seydou Badian

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Par   •  10 Mars 2015  •  Fiche de lecture  •  1 738 Mots (7 Pages)  •  714 Vues

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any, jeune fille de 19 ans, s'apprête à convoler en justes noces avec son fiancé Ségui. Dans cette famille soninké, où les valeurs ancestrales sont encore vives, les préparatifs du mariage réunissaient, autour du doyen Seydou, ses frères Dalla, Dioncounda, le père de la mariée, Demba et Pâté. Seydou fut chef économiste à l'ex Somiex.

A sa retraite, il aménagea dans son vaste domaine champêtre, baptisé Fendala, du nom de sa mère, aux environs de Bamako. Il alterne repos mérité de retraité et occupations de 1er responsable de la grande famille. Pour sa part, Kany vivait sous le toit de son père par alliance, Abidine Maiga, depuis que sa maman, divorcée depuis 17ans, avait convolé en secondes noces avec un commerçant songhaï de Gao. L'homme s'est montré un mari attentionné et entretenait les meilleures relations avec la première fille de son épouse. Celle-ci, à son tour, avait promis à son père adoptif que nul autre que lui n'aurait l'honneur d'être le parrain de son mariage.

Chose promise et promesse tenue le jour de la déclaration de mariage. Kany a cité Abidine comme son parrain. Après coup, elle téléphona à son père Dioncounda pour lui faire part de sa décision et le prévenir qu'il en serait ainsi et pas autrement. Celui-ci prit acte et décida de voir la chose avec ses frères. Il en parla plutôt à la maman de Kany, qui conclut qu'il était inutile de faire cas de ce qui était un défi à l'autorité parentale, et que la seule chose qui seyait était d'ordonner à Kany de changer les termes de la déclaration concernant son parrain. Ses s½urs, Fatoumata et Diahara, s'en chargèrent et la jeune fiancée accepta le compromis. Tout semblait rentrer dans l'ordre et le dimanche annonçait tenir toutes ses promesses de faste et d'ambiance.

C'est donc au sein d'un cortège sobre (état d'urgence oblige), mais rutilant tout de même, que le couple arriva à la Mairie de la Commune VI. Vêtue d'une robe princesse immaculée, un voile gracieux et fin sur un chignon oriental, une longue traîne portée par les filles d'honneur et chaussée d'une élégante paire blanche de bottines, Kany prit place à côté de son fiancé, entre leurs parrains respectifs. L'officier d'Etat-civil, après les salutations d'usage, introduisit le sujet et commença à citer les noms. Mais, comme l'on ne s'y attendait pas, le parrain de Mlle Kany est Abidine Maïga et non l'oncle Demba, présent sur le banc des témoins. La confusion, née à la fois de la déception du benjamin des Soninké et de la gêne du Songhaï, tentant, à grand renfort de gestes, de corriger l'acte irréfléchi de sa «fille», fit place à la consternation lorsque Seydou et tous ses frères, ainsi que ses fils et neveux, réalisant la situation, se levèrent d'un même geste et quittèrent la salle.

Les griots déployèrent leurs gorges pour prévenir le scandale, mais en vain. Leur chef alla jusqu'à prendre le pied droit du patriarche dans ses mains, sublime geste de supplication, mais il dut lâcher prise devant la détermination de l'homme. Les invités du marié et les parents de Maiga, Malinkés et Songhaïs, étaient partagés entre hilarité et contrariété, devant la scène inédite de colère de ces «Yougo», marqués aimables et courtois jusqu'à la niaiserie au répertoire du cousinage à plaisanterie.

Au domaine Fendala, la mise en place pour le banquet, qui allait tout à l'heure sanctionner la visite des «just married» au doyen, était en cours. Une vaste cuisine fut improvisée à la lisière du verger, accueillant de gigantesques foyers, surmontés de leurs marmites et poêles à cuire le riz ou à frire les volailles. D'énormes quartiers de viande, de grandes cuves de céréales et des bacs de poulets auguraient déjà du menu princier du jour. Les parents de Kany avaient convenu de faire cuisine commune et de servir les convives de la maman, accueillis sous le toit de Maïga, à partir d'ici. C'est dans le brouhaha de ces préparatifs que le cortège du doyen entra dans la concession, s'immobilisa devant le bâtiment principal et que la fratrie s'engouffra dans le salon de l'aîné, sous le regard médusé de l'assistance.

Il s'est passé une chose anormale, pensèrent-ils. Ils ne croyaient pas si bien réfléchir, lorsqu'un employé, instruit, tira la lourde porte coulissante sur son rail jusqu'à la serrure. Les téléphones sonnaient et chaque fin de conversation laissait les interlocuteurs interloqués. Les informations rapportaient que l'union avait été scellée, in extremis, grâce à l'implication personnelle du Maire. Il restait, rapportèrent-ils, que Kany fit preuve d'une fâcheuse indélicatesse, lorsqu'elle interpella, dans la cohue, son oncle paternel, pour lui demander de débarrasser le fauteuil réservé à son père adoptif. Une telle outrecuidance laissa pantois même les plus modérés des protagonistes, qui estimaient qu'à la maladresse la jeune mariée venait d'ajouter une faute. Si les personnes âgées firent la paix autour de la conduite de la mariée, les jeunes se divisèrent en clans dès la Mairie entre adversaires et partenaires de la mariée.

Ils précédèrent le cortège des mariés dans un vacarme de motos jakarta. La Hummer s'immobilisa devant le portail clos. Les klaxons et les cris de joie des accompagnateurs laissèrent bientôt la place à une évidence, lorsque Demba entra dans la concession et en sortit, l'air las, quelques instants plus tard: la mariée était éconduite

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