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Étude de la pièce de théâtre Le Mariage de Figaro de Beaumarchais

Commentaire de texte : Étude de la pièce de théâtre Le Mariage de Figaro de Beaumarchais. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Avril 2015  •  Commentaire de texte  •  2 520 Mots (11 Pages)  •  544 Vues

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Beaumarchais est un célèbre dramaturge français auteur du Mariage de Figaro, second volet d'une trilogie. Ecrite en 1778, elle est censurée et ne peut être jouée qu'en 1784. L'auteur nous livre ici le plus long monologue de toute l'histoire du théâtre français. Sur le conseil de sa mère, Figaro se rend au jardin où ont lieu les rendez-vous, pensant que Suzanne l'a trahi. Au travers de ce long monologue, Figaro philosophe. En étudiant sa composition, on mettra valeur leréquisitoire social ainsi que le rôle de la scène dans l'évolution du personnage de Figaro.Nous verrons donc que ce morceau de bravoure s’attache à dénoncer les injustices sociales mais également l’absence de liberté d’expression due à la Censure.

Tout d’abord, la dénonciation se fait sur un ton indigné qui fait éclater au jour la colère de Figaro. Cela est visible dès le début de notre extrait avec l’utilisation de nombreuses phrases exclamatives et d’exclamations, telles que, « [p]arce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! », « tout cela rend si fier ! », « [d]u reste homme ordinaire ! tandis que moi, morbleu ! ». Le recours à ce type de phrase marque une forte émotion et révèle la colère du locuteur, elle insuffle également au texte un rythme rapide, haletant que confirme la fréquente utilisation d’énumération et d’asyndètes. En effet, de nombreuses énumérations ponctuent le monologue, comme par exemple, « noblesse, fortune, un rang, des places » ou encore « la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde, toute l’Egypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et de Maroc ». Le choix de l’asyndète, qui suppose la suppression des coordonnants va dans ce sens, comme l’illustre : « Mes joues creusaient, mon terme était échu : je voyais de loin arriver l’affreux recors, la plume fichée dans sa perruque : en frémissant je m’évertue ».

De même, l’émotion de Figaro est rendue visible par la présence d’aposiopèse, c’est-à-dire d’interruptions dans le discours matérialisées par des points de suspension, comme c’est le cas à plusieurs reprises (« un grand génie !… noblesse, fortune (…) » ou « et vous voulez joutez… On vient… c’est elle… ce n’est personne »). L’utilisation d’expressions familières comme « morbleu », « chiens de chrétiens ! », « Pou-ou », « bonnes gens » ont aussi vocation à exprimer la colère de Figaro.

Si le ton du monologue souligne l’indignation du personnage, elle n’est néanmoins pas la seule expression d’une révolte personnelle. Dans le tableau que Figaro nous trace de la misère du peuple, il fait part des souffrances qu’il a lui-même enduré, mais cette représentation des conditions de vie des classes inférieures a une vocation plus étendue. Il s’agit de rendre sensible le lecteur à cette souffrance et pour ce faire, Beaumarchais n’hésite pas à montrer la misère de façon réaliste dans ses manifestations les plus concrètes. En premier lieu, elle est visible physiquement : « mes joues creusaient », et a des conséquences concrètes : « mon terme était échu », « je voyais de loin arriver l’affreux recors, la plume fichée dans sa perruque » (effet de réel amplifié par l’expression du détail vestimentaire).

De même, la multiplicité des métiers exercés tels que vétérinaire, écrivains (auteur de théâtre puis auteur d’un essai économique), journaliste, barbier montrent la difficulté qu’il y a à se sortir de ce néant économique et sociale, et met en valeur l’énergie avec laquelle Figaro a dû lutter. Cette inexistence sociale est à nouveau soulignée par le « on me supprime » qui au premier degré évoque le Journal mais qui peut symboliquement s’appliquer à son rédacteur.

Pour marquer l’opposition entre la richesse qui entoure l’homme du peuple et son dénuement et amplifier par là même cette impression d’injustice et de disproportion, il utilise le lexique de la richesse qui envahit littéralement le texte, comme pour marquer en creux son absence : « fortune », « bien », « richesses », « sol », « argent », « produit net », « profit », « gagner du bien ».

Enfin, cette réelle souffrance peut mener jusqu’au suicide, expression paroxystique de ce malaise social, n’est évoqué qu’à travers un euphémisme et le choix d’un registre plutôt comique et ironique : « je quittais le monde, et vingt brasses d’eau m’en allaient séparer », qui permet de dire avec plus de force ce qu’il ne fait que suggérer.

Le monologue de Figaro ne se contente pas de peindre les souffrances du peuple, il cherche également à mettre en cause une société qui non seulement n’aide pas le peuple mais va même jusqu’à le pousser à la malhonnêteté. La misère par une sorte de fatalité forcerait à la malhonnêteté, c’est du moins ce que nous suggère le fait que le parcours du personnage semble former une boucle, s’il est « volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs » après avoir tout tenté pour exercer un métier honnête, « il ne [lui] rest[e] plus qu’à voler » et c’est en exerçant un activité illégale qu’il obtient de la reconnaissance (« je me fais banquier de pharaon : alors bonnes gens ! je soupe en ville, et les personnes dites « comme il faut » m’ouvrent poliment leur maison »).

Cette idée est également mise en valeur par une sentence qui donne à voir les secrets rouages de la société : « pour gagner du bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir », qui dit de façon euphémistique qu’il vaut mieux savoir manipuler et voler que d’être instruit pour s’en sortir.

A nouveau comme lorsque Beaumarchais soulignait la richesse pour mieux mettre en relief son absence, il choisit de montrer l’opposition existant entre noblesse et peuple. Cette opposition est mise en exergue dans une question rhétorique à laquelle il prend néanmoins soin de répondre pour insister encore davantage sur l’injustice et l’absence d’efforts fournis par les privilégiés : « Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ». Les deux adverbes « tant » et « rien » se répondent pour mieux valoriser l’idée qui sous-tend ensuite tout le reste du monologue qui décrit tout le mal que s’est donné Figaro pour « subsister », qui est que son maître s’est contenté de s’être « donné la peine de naître, et rien de plus » alors que lui a dû se battre sans relâche. Le fait qu’il faille se battre est d’ailleurs illustré par l’extrême longueur des passages évoquant les efforts faits par Figaro pour s’en sortir et la rapidité avec laquelle son rêve et ses activités sont

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