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Une Vie, Maupassant

Commentaire de texte : Une Vie, Maupassant. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Décembre 2012  •  Commentaire de texte  •  478 Mots (2 Pages)  •  1 722 Vues

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Les décalages sociaux dans Une Vie

Ces détails sur le personnage, indices sociaux et culturels, système de valeurs, ne sont qu'appui défaillant : loin de mettre uniquement l'accent sur une relation de l'héroine à son milieu, ils révèlent aussi un profond décalage social. Dans Une Vie, la sphère des Peuples présente une rupture des rapports qui jouent à l'intérieur de la société entre Jeanne et la famille, la famille et le mouvement social. Jeanne en effet, a reçu une éducation sclérosante dont ses parents —pas plus qu'elle— n'ont conscience :

"Homme de théorie, il méditait tout un plan d'éducation pour sa fille, voulant la faire heureuse, bonne, droite et tendre.

Elle était demeurée jusqu'à douze ans dans la maison, puis, malgré les pleurs de sa mère, elle fut mise au Sacré-Coeur.

Il l'avait tenue là sévèrement enfermée, cloîtrée, ignorée et ignorante des choses humaines". (UV, incipit)

Maupassant accentue presque aussitôt ce déphasage par une phrase volontairement ironique et chargée de sens :

"Elle sortait maintenant du couvent, radieuse, pleine de sèves et d'appétits de bonheur, prête à toutes les joies, à tous les hasards charmants que dans le désoeu¬vrement des jours, la longueur des nuits, la solitude des espérances, son esprit avait déjà parcourus" (ibid.)

Cette "nullité" de l'éducation de Jeanne est reprise quelques pages plus loin avec l'apparition de l'abbé Picot : "Jeanne trop heureuse d'être délivrée du couvent où elle avait été repue de céré¬monies pieuses" (UV, ch. 2). Ainsi la première image de la religion est celle d'une réalité anachronique et la peinture morale de la jeune pro¬vinciale est le produit de cette stagnation. À plusieurs reprises Maupassant insiste sur sa pauvreté intellectuelle et sur l'étroitesse des référents culturels :

"Tout le meuble, en tapisserie au petit point, n'était que l'illustration des Fables de La Fontaine ; et Jeanne eut un tressaillement de plaisir en retrouvant une chaise qu'elle avait aimée, étant tout enfant, et qui représentait l'histoire du Renard et de la Cigogne".

"Jeanne renonçait à comprendre quand elle découvrit dans un coin une bestiole microscopique, que le lapin, s'il eût vécu, aurait pu manger comme un brin d'herbe. Et cependant c'était un lion. Alors elle reconnut les malheurs de Pyrame et Thysbé [...]" (ibid.)

La culture de Jeanne nous est ainsi présentée de façon dérisoire. Ses raisonnements sont beaucoup trop détaillés pour qu'on n'y voie pas le signe d'un déséquilibre, d'un vide, sources de toutes les désillusions. Or le milieu dans lequel Maupassant intégre Jeanne est lui-même assez vide. Cette insignifiance se traduit par son anachronisme que l'auteur exprime par des phrases souvent construites en chiasme. Ainsi pour ce qui concerne la restauration du château :

(A) "Les couvertures étaient refaites à neuf ; toute la menuiserie avait été restaurée, les murs réparés, les chambres retapissées, tout l'intérieur repeint.

(B) Et

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