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Sonnet Boiteux Verlaine

Note de Recherches : Sonnet Boiteux Verlaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Mai 2013  •  628 Mots (3 Pages)  •  1 027 Vues

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VERLAINE : SONNET BOITEUX

A Ernest Delahaye

Ah ! vraiment c'est triste, ah ! vraiment, ça finit trop mal ;

Il n'est pas permis d'être à ce point infortuné.

Ah ! vraiment c'est trop la mort du naïf animal

Qui voit tout son sang couler sous son regard fané.

Londres fume et crie. Ô quelle ville de la Bible !

Le gaz flambe et nage et les enseignes sont vermeilles.

Et les maisons dans leur ratatinement terrible

Epouvantent comme un sénat de petites vieilles.

Tout l'affreux passé saute, piaule, miaule et glapit

Dans le brouillard rose et jaune et sale des sohos

Avec des indeeds et des allrights et des haôs.

Non vraiment c'est trop un martyre sans espérance,

Non vraiment cela finit trop mal, vraiment c'est triste :

Ô le feu du ciel sur cette ville de la Bible !

(Paul Verlaine, in Jadis et Naguère)

C'est vrai qu'il est en vers de 13 syllabes, ce sonnet. Est-ce pour cela qu'il est appelé Sonnet boiteux par son scribe même qu'on en a dit tant de mal de Verlaine, et vrai qu'il fut faible dans sa vie, et faible aussi dans ses vers parfois, mais lisez donc ça, ceux-là de vers qu'on dirait une peinture à y errer dedans, comme on passe dans le brouillard et qu'on voit s'allumer de rouges enseignes et qu'on voit jaillir de la brume des tronches pas possibles ; lisez-moi donc ça qu'est très évocateur, aussi évocateur qu'une électrique rengaine qui jacte de ville, de filles, et de veines et déveines, de vin bu en vain, et ces cris ces Ah du premier et du troisième vers, qu'on retrouve à la rime dans mal et animal, puis dans son regard fané à la bête blessée, ce sonnet qui boite comme un marcheur qui a trop marché, trop arpenté, comme si la clé de sa fortune se trouvait dans la ville, et qui s'a perdu dans les bouges et les goules ; une syllabe de trop, comme un pas de trop, car le pas n'est plus si sûr au gars qui, infortuné, se sent très désargenté, que son blason en a pris un sacré coup sur le museau, car il s'a cassé la patte, le cheval emballé. Tiens, il y a ce tour qui sonne familier à nos oreilles, ce c'est trop la mort. J'aime bien qu'on les retrouve, les expressions d'aujourd'hui dans les phrases d'hier : vrai, notre langue, hantée qu'elle est, par des revenants & qu'on croit causer moderne alors que c'est le vieux roi qui parle en nous. Pendant ce temps là qu'je digresse, le narrateur verlainien se promène dans l'enfer londonien, qui fume et crie, que même que c'est tout ratatiné ridé fripé, les quartiers, que les façades, la tronche mégère qu'elles font les façades, le sénat atroce

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