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Serge PAUGAM, «Les formes de la pauvreté en Europe »

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Par   •  4 Février 2019  •  Commentaire de texte  •  9 341 Mots (38 Pages)  •  793 Vues

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Serge PAUGAM, «Les formes de la pauvreté en Europe »

« Il est différent d’être pauvre dans un pays lui-même pauvre que dans un pays riche » En 1835, Tocqueville tente de montrer que la perception de la pauvreté n’est pas la même d’un pays à un autre et d’en expliquer les causes. La pauvreté est difficile à définir. Ses représentations varient d’un pays à un autre : elle apparaît tantôt comme une chute, tantôt comme une condition matérielle héréditaire, reproductible de générations en générations. Les variations des représentations sociales de la pauvreté s’expliquent par trois facteurs : le degré de développement économique et du marché de l’emploi, la forme et l’intensité des liens sociaux, et la nature du système de protection sociale. Ceci permet à Serge Paugam, directeur de recherches à l’EHESS, de dresser une typologie des formes élémentaires de la pauvreté, en distinguant pauvreté intégrée, pauvreté marginale et pauvreté disqualifiante.

Près de deux siècles plus tard, Serge Paugam semble faire une analogie à cette analyse. Ce dernier, (né en 1960) est un sociologue moderne, directeur d’études au CNRS et l’HRSS. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : 1991 « la disqualification sociale » : il analyse des expériences vécus par les bénéficiaires du RMI. En 2007, « le salarié de la précarité » : étudie la précarité des travailleurs en France. En règle générale, il travail sur la pauvreté en France et en Europe. Dans son texte, Paugam cherche à distinguer les différentes expériences de la pauvreté. Il s’inspire de Simmel car il part de l’hypothèse que c’est la relation d’assistance qui crée le statut du pauvre. Il propose une enquête quantitative statistique. En effet, va proposer une typologie des représentations de la pauvreté. C’est une sociologie à forte dimension comparative qui va conduire l’auteur à focaliser son attention sur les dimensions relatives de la pauvreté. Dans les pays du sud de l’Europe, les gens vont considérer la pauvreté comme une fatalité, un destin, alors que dans les pays du nord la pauvreté est considéré comme une chute, un accident de la vie. Il étudie dans une démarche comparative, en même temps quantitative et qualitative, des formes élémentaires de la pauvreté dans les sociétés contemporaines, notamment en Europe. Il s’est aussi intéressé à l’analyse de la dynamique des inégalités et l'étude des fondements des liens sociaux. Serge Paugam met en évidence la notion de disqualification sociale désignant un « processus de refoulement hors du marché de l’emploi et des franges de plus en plus nombreuses de la population et les expériences vécues de la relation d’assistance qui en accompagnent les différentes phases ». Son oeuvre s’inscrit dans l’analyse de Durkheim qui consiste à mettre en évidence les liens qui unissent chaque individu dans la société auquel il appartient. Les formes de pauvreté en Europe s’inscrit dans un contexte difficile, celui de 2008 et de la crise économique avec accentuation de la pauvreté partout en Europe. De nombreux sociologues ont parlé de la pauvreté, en premier lieu Georg Simmel, qui montre que la pauvreté se construit à travers des interactions sociales, c’est le fait de recevoir l’assistance qui fait le pauvre. En outre, Robert Castel étudie la pauvreté non pas par l’interaction sociale mais par les conditions de vie et en particulier par l’intégration par le travail. Sa thèse consiste à dire que la pauvreté est attaché à la relation d’assistance et à l’organisation d’un « tout » social auquel les pauvres appartiennent. Pour cela, il s’appuie sur des enquêtes statistiques menées en Europe principalement et définit plusieurs formes ou « idéaux-types » de la pauvreté à travers des relations d’interdépendance.

Nous allons nous demander quelle sont les perceptions de la pauvreté dans les différents pays d'Europe ? Ainsi dans une première partie nous verrons une perception différente de la pauvreté puis dans une seconde partie nous observerons la diversité des formes de pauvretés selon Serge Paugam.

I) Une perception différente de la pauvreté

A. La reproduction de la pauvreté variante dans l’espace et dans le temps

Dans son introduction Paugam s’insère dans la tradition simonienne en affirmant que l’on devient pauvre lorsque l’on est considéré comme tel par la société et donc lorsque l’on est assisté. De plus, fonction du pays où l’on est, on ne sera pas considéré comme pauvre identique. La pauvreté est donc un statut relatif. Ainsi, il faut savoir qu'en Europe, la pauvreté n’est pas représentée de la même manière selon les pays. On peut distinguer deux catégories de pays : les pays du Sud et les pays du Nord. Dans les pays du sud, la pauvreté est décrite comme une fatalité, un « coup du destin » qui n’échappent de génération en génération. A contrario, dans les pays du Nord le phénomène de pauvreté est subitement perçu par un changement de niveau de vie à laquelle les individus n’avaient jamais fait l’expérience. En effet, des études montrent que dans la plupart des pays du Sud près de la moitié de la population constate la pauvreté comme un « état permanent et reproductible » (53% en Grèce, 46% en Espagne) alors que la pauvreté est plus perçue comme une «chute» est très représentée dans les pays du Nord (65% dans les Pays-Bas).

Par ailleurs, dans le temps, une personne est susceptible de connaitre la pauvreté pendant une période ou toute sa vie. Comme le montre le texte, «la pauvreté dans les sociétés modernes est avant tout un phénomène transitoire et que seule une minorité est durablement démunie »

Ainsi, la variabilité de la pauvreté dans le temps dépend du développement économique et des débouchés sur le marché du travail.

B. La variation de la pauvreté selon les liens sociaux et le système de protection sociale

La pauvreté est variable selon les pays car il faut tenir compte du niveau de développement et des inégalités qui subsistent entre les pays de l’union européenne. La pauvreté est plus souvent identifiable chez un individu quand il est en rupture avec les liens sociaux qui l’unissait auparavant. En outre, le mode d’intervention de l’Etat et du fonctionnement de l’assistance publique sont déterminantes dans la représentation de la pauvreté car les « pauvres » y sont tributaires.

Simmel a étudié les pauvres et s’est intéressé à leurs interactions. La pauvreté nait des interactions

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