Lettre D'une Inconnue
Documents Gratuits : Lettre D'une Inconnue. Recherche parmi 299 000+ dissertationsPar dissertation • 17 Juillet 2013 • 14 411 Mots (58 Pages) • 1 266 Vues
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Lettre d'une inconnue
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS STOCK
La confusion de sentiments
Le joueur d'échecs
Nietzsche
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme
Amok
La ruelle au clair de lune
La Cosmopolite
Stefan Zweig
Lettre
d'une inconnue
Traduit de l'allemand
par Alzir Hella et Olivier Bournac
et révisé par Françoise Toraille
Préface d'Elsa Zylberstein
Stock
TITRE ORIGINAL » :
Brief einer Unbekannten
ISBN 978-2-234-06311-2
© Williams Verlag, Zurich, et Atrium Press, London, 1976.
© 1961, 1979, 1988, 1989, 1990, 1992, 1994, 2002, 2009,
Éditions Stock pour la traduction française.
Préface
« J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois,
mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être
factice créé par mon orgueil et mon ennui. » Mussetaurait
pu commencer cette sublime et déchirante lettre d'amour
où Stefan Zweig nous plonge dans les insondables
profondeurs d'une passion dévastatrice absolue et
obsessionnelle. J'ai toujours été fascinée par la force de ce
texte, par sa beauté désespérée, par sa profondeur et sa
maturité. L'histoire d'un cœur disposé à aimer et àmourir ;
d'un cœur sans limites qui se consume avec candeur et
mysticisme, l'histoire d'un cœur illuminé qui se raconte et
se met à nu face à un homme aimé toute une vie.
On voit la narratrice grandir sous nos yeux, apprendre
à aimer si dignement, si paisiblement, que la foliela guette
et la rattrape à jamais. Dès l'âge de treize ans, elle tombe
éperdument amoureuse de son voisin, un romancier, qui
n'est autre qu'un fantôme de Stefan Zweig, séducteur, lâche
et inconstant, qui consume les femmes au gré de sesdésirs.
Zweig dresse le portrait d'un homme qui pourrait être tous
les hommes, une caricature de légèreté et d'inconsistance,
chassant toujours une proie inconnue. Elle est la victime
consentante de ce jeu, la petite fille fascinée parun homme
riche inatteignable et mystérieux. C'est comme une danse
macabre et secrète, vibrante à souhait où cette jeune fille
prend plaisir à scruter et à attendre.
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Il y a tant de pureté dans cet amour obstiné et
métaphysique qu'il devient presque lucide et réjouissant ;
comme un secret qui la rassure et la construit. Il y a un écho
si intime en chacune de nous, un doux soupir lancinant et
cruel qui nous ramène à nos démons les plus enfouis. Cet
homme qui ne la reconnaît jamais et qui la baise et la
rebaise plusieurs fois sa vie durant, sans ne jamais la
« reconnaître ». Zweig parle de la multiplicité de la femme,
de son côté insaisissable et fantasmagorique et du désir de
l'homme devant la virginité et l'inconnu.
Elle, obsessionnelle et masochiste qui aime à en
mourir, d'un amour démentiel, nous plonge avec jouissance
dans les tourments d'un cœur prêt à se perdre. Elle, en
manque de père, d'une image masculine depuis l'enfance, va
faire un transfert à chaque période de sa vie sur cet homme
qu'elle décide de vénérer. Au moment où Freud et la
psychanalyse fascinent, Zweig nous dresse le portrait d'un
amour destructeur qui valse avec la mort. Il nous dit que
l'on ne possède jamais quiconque et que la passion
dévorante et unilatérale rend folle et nous mène au
tombeau. Même l'enfant qu'elle met au monde disparaît,
même ce cadeau du ciel lui sera retiré. Comme une petite
partie de l'enfant qu'elle était qui meurt aussi.
Elle apparaît alors comme un être sacrificiel, moitié
femme, moitié démon, acceptant son sort avec grandeur et
dignité. Elle reste libre à tout jamais devant un homme, elle
est
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