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L’enseignement du français au Liban hier et aujourd’hui

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Par   •  21 Janvier 2013  •  5 227 Mots (21 Pages)  •  1 300 Vues

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L’enseignement du français au Liban hier et aujourd’hui

Wafa BERRY Hajj

Consultante en Ingénierie pédagogique

Rectorat de l’Université Libanaise

Beyrouth - Liban

Avec une histoire marquée par la succession sur son territoire de différentes civilisations, avec une géographie qui le place sur un carrefour entre l’Orient et l’Occident, avec ses quelque 48 confessions religieuses réparties sur une superficie de 10 450 km2, le Liban est par excellence le pays de la tolérance et de la liberté, de la polyvalence et de la spécificité comme le pays de l’erreur et du progrès.Bref, le pays de toutes les contradictions se plaît-on à dire. Ces différents aspects du pays se retrouvent dans la plupart de ses domaines, notamment dans son système éducatif. Ce dernier constitue, à lui seul, une illustration significative du paysage de la pluralité. Il est marqué par une complexité qui fait toute sa richesse même si elle est bâtie sur des pratiques divergentes de l’opération pédagogique. Nous ne prétendons nullement cerner dans cet article la carte des institutions pédagogiques du Liban ou les diverses normes qui régissent l’enseignement dans les établissements qui en relèvent. Nous nous contenterons de mettre en lumière un des aspects importants qui font la particularité du système éducatif libanais. Il s’agit de la grande place accordée à la langue étrangère, la langue française en l’occurrence lorsqu’elle est dispensée justement comme langue étrangère. Nous essayerons dans une première partie de définir la place de celle-ci dans le système pédagogique scolaire, son fonctionnement et son efficacité. Dans une deuxième partie, nous nous attarderons plus particulièrement sur le cycle universitaire réceptacle des cycles scolaires et qui condense toute la problématique du FLE au Liban. Nous examinerons de près l’enseignement du français à l’Université Libanaise (UL), la plus grande université du pays. La langue française instaurée comme module obligatoire dans les cursus des étudiants a soulevé beaucoup de problèmes. L’utilité et la rentabilité de ces cours ont donné lieu à une réflexion profonde qui a mené à une réforme générale de l’enseignement du FLE à l’UL. Nous conclurons sur une réflexion générale concernant l’enseignement et l’enseignant en FLE.

Le FLE dans les cycles de l’enseignement scolaire

Il existe au Liban 2719 écoles divisées en deux catégories, publiques et privées. Les écoles publiques sont celles du gouvernement, elles sont gratuites. Elles représentent 49,39 % du total des écoles du Liban. Les écoles privées sont payantes, elles constituent 36,23 % du total des écoles . Le reste, soit un pourcentage de 14,38 %, regroupe les écoles privées subventionnées donc gratuites. Toutes ces écoles comptent un total de 871581 élèves, dont 36,82 % inscrits dans le public et 63,18 % dans le privé. Sachons également que 67, 69 % du total des élèves du Liban suivent une formation francophone et 32,31 % une formation anglophone. Les pourcentages des langues de formation, selon le secteur, sont répartis comme suit : 73,71% des élèves du secteur public sont « francophones » et 26,29 % sont « anglophones » Dans le secteur privé, 64 % des élèves

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sont francophones et 36 % anglophones. Précisons que la langue maternelle, l’arabe, est une langue étudiée et une langue d’études dès les classes maternelles, parallèlement à la première langue étrangère, français ou anglais, adoptée par l’établissement. Le Liban est entré dans la francophonie pour des raisons historiques (il a été sous mandat français pendant de nombreuses années) et il l’est resté pour des raisons sociales, économiques, culturelles et affectives Ce qui explique en grande partie le nombre élevé des écoles qui ont adopté la langue française à côté de l’arabe comme langue d’enseignement. Les données qui précèdent montrent qu’au niveau des chiffres le français se porte bien au Liban. Dans un grand nombre d’écoles, il fait figure de langue seconde. Plus précisément, dans certaines écoles privées de « première classe », il est presque considéré comme une 2ème langue maternelle. Dans d’autres, encore privées, il occupe la place privilégiée d’une langue seconde, et dans les écoles publiques ou gouvernementales, le français a le statut de première langue étrangère, l’anglais étant la deuxième . Mais, dans un cas comme dans l’autre, le français est enseigné tout au long des douze ans de la vie scolaire avec l’objectif de développer et de favoriser chez les jeunes Libanais, futurs universitaires, un bilinguisme avancé. Cet objectif, bien entendu, est atteint à des degrés différents ou ne l’est pas du tout. Nous n’en préciserons pas les causes, le français langue seconde n’étant pas l’objet de cet article. Nous nous contenterons de préciser que cela est directement lié à l’école, à la conception que celle-ci se fait du français et des ressources humaines et matérielles dont elle dispose ou qu’elle déploie à cet effet. Il va sans dire que le secteur privé a plus de moyens que le secteur public et par conséquent le français qui y est enseigné jouit d’une certaine qualité et même d’une qualité certaine, selon l’établissement où il est dispensé. Les écoles rattachées au secteur privé ne possèdent pas toutes les mêmes moyens matériels et les mêmes expériences pédagogiques. Nous pouvons donc parler de deux, trois, voire de quatre catégories de niveaux de langue parmi les francophones issus des écoles privées. Dans les projets des dirigeants de ces écoles, le français est au départ proposé comme langue seconde, il est souvent, à l’arrivée, dans un nombre non négligeable d’écoles, une langue étrangère et même parfois une langue muette avec laquelle l’élève ne peut pas s’exprimer. L’élève sortant d’une école gouvernementale est, lui, non seulement le moins nanti en matière de langue, mais il est aussi celui qui arrive à l’université chargé de toutes sortes de préjugés vis-à-vis de la langue française; préjugés qui ne peuvent que rendre plus difficile son futur apprentissage en et du français. Le français, langue étrangère tout court, (FLE), a toujours été enseigné dans les écoles anglophones privées à partir de la classe de 6ème. Il en est de même pour l’anglais enseigné aux francophones. C’est ce qui a conféré aux libanais la réputation d’être trilingues. Dans les écoles anglophones publiques,

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