Lecture analytique Dom Jun acte 2 scène 2

[PRESENTATION DE L’ŒUVRE DE L’AUTEUR…..]

Au début de la scène 2 de l’acte II, Dom Juan est en train de poursuivre une nouvelle conquête en mer, lorsque son embarcation est prise dans une tempête qui lui fait faire naufrage. Sganarelle et lui sont sauvés de ce péril de mort par Pierrot. A la scène 1 de l’acte II, ce jeune paysan fait le récit de ses exploits à sa fiancée Charlotte qui ne lui accorde pas plus d’intérêt qu’à son habitude. Ils rient ensemble de l’accoutrement de ces « monsieux » mais Charlotte semble sensible au charme de Dom Juan qui s’approche alors que Pierrot part se reposer.

Cette scène de rencontre nous permet d’analyser de quelle manière Dom Juan met en pratique sa théorie exposée à l’acte I, scène 2et comment il exerce aux dépends de la jeune paysanne son art consommé de la séduction.

D’abord nous étudions l’art de la séduction pratiqué par Dom Juan. Nous verrons ensuite comment cette scène de séduction classique révèle l’immoralité du personnage pour nous attacher enfin à expliquer de quelle manière cette scène donne à la rencontre une tonalité à la fois comique et cruelle.

I. L’art de la séduction

a. Contrairement à Pierrot qui lui adresse des reproches, Pour séduire Charlotte, Dom Juan fait l’éloge de sa beauté.

Dom Juan flatte Charlotte en soulignant sa beauté par un vocabulaire mélioratif : « beau », « beauté », « agréable », « jolie », « mignon », « appétissantes », « amoureuses », « charmante ». Ces adjectifs sont renforcés par l’adverbe intensif « si » (l. 173) ou par le superlatif (« les plus belles du monde », l. 209-210). De manière générale, Dom Juan emploie des hyperboles pour évoquer la beauté de Charlotte, par exemple « je n’ai jamais vu une si charmante personne » (l.193-194). Il recourt aussi à l’interjection « Ah ! » et à des exclamations «  que cette taille est joie », « que ce visage est mignon » et des questions rhétoriques « as-tu rien vu de plus joli » (l.170) , « peut-on rien voir de plus agréable » (l.188-189) pour manifester son admiration de manière appuyée.

b. Le héros flatte le désir d’ascension sociale de cette jeune paysanne.

Dom Juan fait croire à Charlotte qu’il la considère comme son égale. Il la vouvoie comme s’il s’adressait à une femme de même rang que lui et, à la ligne 177, il manifeste son désir de lui faire un baisemain. De plus, il s’indigne quand elle lui apprend qu’elle doit épouser Pierrot, un simple paysan (l. 218-223) : la ponctuation expressive  (points d’exclamation) en atteste, de même que la répétition de l’adverbe « non ».(l.219)

c. Dom Juan va jusqu’à lui promettre de l’épouser.

 Alors qu’il vient à peine de la rencontrer, Dom Juan déclare par trois fois son amour à Charlotte, à la ligne 198, puis aux lignes 228-229 et à la ligne 245, avant de lui annoncer son projet de l’épouser (l. 246-247). Devançant ses objections, il répond aux contre-arguments que pourrait lui opposer Charlotte. Aussi donne-t-il une explication de la soudaineté de son amour (l. 226-229) en mettant en parallèle la grande beauté de Charlotte et la grande rapidité de son amour. Sa demande en mariage est aussi une manière d’argumenter : pour éviter que Charlotte doute de la sincérité de ses sentiments, il surenchérit.

II. L’immoralité de Dom Juan

a. Dom Juan ment à Charlotte. Ce personnage se montre ici hypocrite et sans scrupule.

 Les spectateurs savent depuis la scène d’exposition que Dom Juan a abandonné son épouse, Elvire, et qu’il avait pour projet d’enlever une jeune fille. Au début de la scène 2 de l’acte II, il a affirmé qu’il avait déjà oublié cette jeune fille et qu’il était tombé sous le charme d’une autre paysanne (l. 155-158). Toutes les femmes semblent donc être équivalentes pour Dom Juan pourvu qu’elles soient belles et nouvelles à ses yeux, comme le suggère le début de notre extrait : « ne trouves-tu pas […] que celle-ci vaut bien l’autre ? » (l. 171). Les spectateurs savent que ses déclarations d’amour et ses propositions de mariage n’ont aucune valeur. Ils ont la preuve de son hypocrisie.

b. Alors qu’il est noble, Dom Juan ne tient aucun compte du sens de l’honneur, propre aux personnes de son rang.

Dom Juan utilise l’honneur comme un argument pour séduire Charlotte. Celle-ci affirmant qu’elle a « l’honneur en recommandation » (l. 239-240) et craignant d’être « déshonorée » (l. 241), il reprend les termes qu’elle utilise pour se présenter lui-même comme un homme d’honneur (l. 245), révélant ainsi son hypocrisie. Il bafoue alors une valeur essentielle de la noblesse à laquelle il appartient par la naissance. Son cynisme le pousse même à prendre Sganarelle à témoin de son honneur, alors que le valet a au contraire été le témoin de ses turpitudes (l. 248-249).

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