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Lecture Entretiens sur la pluralité des mondes Fontenelle

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Par   •  27 Mars 2013  •  2 110 Mots (9 Pages)  •  6 828 Vues

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Entretiens sur la pluralité des mondes FONTENELLE

Introduction

Dans cette période charnière entre le XVII° et le XVIII° siècles qui a connu ce que Paul Hasard a appelé la "crise de la conscience européenne", en même temps que la querelle des Anciens et des Modernes, naissent, en même temps qu'une nouvelle curiosité des classes privilégiées, quantité d'idées nouvelles concernant aussi bien les sciences que la philosophie. C'est dans cette volonté de vulgarisation que Fontenelle publie en 1686 ses Entretiens sur la pluralité des mondes. Il y introduit un dialogue qu'il est censé entretenir durant cinq soirs avec la prétendue Marquise de G*** (probablement Madame de la Mésangère).

Nous pourrons montrer comment, le "second soir", le penseur conduit une conversation marquée par un didactisme souriant qui emprunte parfois au roman ses procédés comme ses tons dramatique, fantastique et épique, pour la convaincre de la possibilité d'une conquête spatiale, d'une possible communication entre la terre et la lune.

Composition

I) la forme

Absolument pas un passage qui se présente sous la forme d'un raisonnement théorique. Attitude de vulgarisation à deux niveaux :

- Le statut narratif de l'oeuvre : dialogue, exemple narratif...

- Au sein même du récit : ton de la conversation, pas celui du scientifique.

 pas de démonstration rigoureusement structurée  mouvement de la conversation.

II) le fond

1)-Lignes 1 à 2 : Intervention de la Marquise qui lance le sujet de l'extrait : on ne connaîtra jamais les habitants de la lune.

2)-Lignes 2 à 22 : Long monologue du narrateur qui exprime la croyance inverse.

*Lignes 2 à 6 : Précautions oratoires pour exprimer une idée nouvelle : de la possibilité de connaître les habitants de la lune.

*ligne 6 à 16 : Développement d'un exemple : l'état de l'Amérique avant le découverte de Christophe Colomb.

*ligne 16 à 22 : Interprétation de l’exemple : croyance dans le progrès humain.

3)-ligne 22 à la fin : Reprise du dialogue

*ligne 22 à 26 : Refus de la Marquise d’admettre ce qu’elle considère comme des utopies.

*lignes 26 à la fin : Reprise de l'argumentation étayée par des exemples concrets et précis : les tentatives de I’homme pour voler rappellent celles qui ont donné naissance à la navigation.

Analyse linéaire

Le texte commence donc par un dialogue mettant en scène deux personnages censés converser. C'est par ce biais que Fontenelle, adoptant d'une certaine manière le dialogue socratique, ou inspiré par les Entretiens d'Ariste et Eugène parus au XVIII° siècle, va faire passer des idées théoriques.

La Marquise joue en quelque sorte un rôle instrumental, celui de la naïve, ce qui permet de relancer la démonstration qui n'abandonne jamais le ton de la conversation.

Première réplique : celle de la Marquise —> sujet qui va être développé.

"Ces gens de la lune..." : exprime le bon sens général, l'opinion commune mais admet hypothèse de l'existence "d’extra-terrestres". On les voit cependant comme des humains (vision anthropomorphique).

"Ces" : déictique + éloignement.

"jamais" : hyperbole + futur de certitude  opinion figée, arrêtée. On ne croit pas en la possibilité du progrès humain.

Il s'agit de la vision d'une société statique, bloquée... "Cela est désespérant".

Réponse de l'interlocuteur : débute par circonlocutions et précautions oratoires. Fontenelle utilise à la fois la majoration, la minoration de l'expression, des formules ironiques (-"si je vous répondais sérieusement...", -"pensée très ridicule aussi impertinente qu'elle est..."), l'autodérision feinte, pour amener 1’idée principale, rejetée après plusieurs lignes :"Je gage (je parie)...lune". "Je vais vous réduire à avouer" : maïeutique (« accouchement », modèle socratique, c’est l’élève qui trouve et dit ce que le maître veut lui enseigner)

Précautions oratoires car il s'agit là d'une pensée neuve. Comme tout penseur novateur, Fontenelle craint des réactions conservatrices et bornées du vulgaire (cf. plus bas, les réactions de la Marquise). En fait, on s'apercevra que ce n'est pas vraiment l'idée d'un utopiste. Elle est fondée sur un raisonnement, une argumentation.

L'argumentation débute par un exemple (volonté de concrétiser des idées théoriques —> didactisme) et en même temps anime et rend plus vivante la démonstration.

Elle commence par une tournure de rhétorique familière qui a le ton de la conversation "Remettez-vous dans l'esprit..." (Utilisation de l'impératif 2° personne pour impliquer la Marquise, fonction conative). Dans cet exemple, on perçoit la volonté affirmée de se mettre, mettre l’interlocutrice et le lecteur, réellement dans la peau des Américains (Amérindiens) (cf. déjà Montaigne au XVI° siècle dans les Essais).

Il va d'abord rapidement situer leur état en insistant sur leur ignorance par la majoration des expressions : "extrême...": "loin de" et la structure binaire superlative : "les plus simples et les plus nécessaires". Il donne ensuite des exemples concrets de cette ignorance :

" Ils allaient nus... ", "nu… " mot choquant à l'époque. Le vêtement est significatif de la civilisation.

" Ils n'avaient point d'autres armes que l'arc..." ; c'est une indication fournie par les récit de voyage. L'arc est fabriqué grâce à la nature : arme naturelle. Economie de chasse et de cueillette.

" Ils n'avaient jamais conçu... animaux" : thème qui sera repris de façon opposée plus loin (cela prépare à leur stupéfaction à l'arrivée

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