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Le duel entre morale et politique dans la pièce de théâtre Antigone de Sophocle

Fiche de lecture : Le duel entre morale et politique dans la pièce de théâtre Antigone de Sophocle. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2015  •  Fiche de lecture  •  1 692 Mots (7 Pages)  •  2 231 Vues

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Antigone est l'un des personnages les plus célèbres du théâtre antique : déjà, en 442 av. J.-C., dans la pièce de Sophocle, elle incarne l'obéissance à des lois divines et morales, qui transcendent la justice humaine. Antigone a ainsi inspiré de nombreux auteurs dramatiques. En 1944, sous l'occupation allemande, Jean Anouilh fait d'elle une figure de la résistance à l'oppression.

Comment parvient-il à renouveler le thème ? Quels sont les différents procédés dramatiques mis en œuvre ?

I. Le sujet

• Le sujet de la pièce et son déroulement sont fidèles à la tragédie de Sophocle.

La scène se passe à Thèbes. Les deux fils d'Œdipe, Étéocle et Polynice, se sont entre-tués sous les murs de la ville. Le roi Créon a ordonné de n'enterrer qu'Étéocle, laissant sans sépulture celui qu'il considère comme traître, Polynice (ce qui, selon les Anciens, condamne son âme à errer éternellement). Quiconque enfreindra la loi sera puni de mort. La sœur d'Étéocle et de Polynice, Antigone, ose braver l'interdit et défier Créon : elle accomplit à deux reprises les rites funéraires. Découverte, elle est condamnée à mort, malgré l'intervention de son fiancé, Hémon, fils de Créon. Elle se pend dans la caverne où elle est emmurée, et Hémon se suicide sur son corps.

II. Les thèmes

1. Le duel entre morale et politique

Le thème principal de la pièce est l'opposition entre les lois de la société, justifiées par l'ordre et le pouvoir, et une loi non écrite, celle des obligations dues aux morts et à la famille.

• L'interdiction formulée par Créon n'est pas despotique mais politique. Étéocle et Polynice étaient « deux larrons en foire qui se trompaient l'un l'autre en nous trompant et qui se sont égorgés comme deux petits voyous qu'ils étaient, pour un règlement de comptes ».

Pour que l'ordre règne dans Thèbes, après cette révolution manquée, il faut rassembler les esprits. Créon s'en explique ainsi : « il s'est trouvé que j'ai eu besoin de faire un héros de l'un d'eux […]. J'ai fait ramasser un des corps, le moins abîmé des deux, pour mes funérailles nationales, et j'ai donné l'ordre de laisser pourrir l'autre où il était. » Ainsi, le maintien de l'ordre implique le calcul, le mensonge et le cynisme.

• La règle à laquelle obéit Antigone, cependant, est supérieure au décret pris par le roi. C'est une obligation intérieure, indépendante des circonstances. Elle affirme la liberté de la conscience : « Je suis là pour vous dire non et pour mourir. »

2. Le pouvoir

• Anouilh n'exalte pas la fonction politique. Selon lui, le pouvoir ne relève pas de l'ambition, c'est un métier : « Ce n'est même pas une aventure, c'est un métier pour tous les jours et pas toujours drôle, comme tous les métiers. Mais puisque je suis là pour le faire, je vais le faire », dit Créon à Antigone.

• Il y faut cependant un certain courage : « Pour dire oui, il faut suer et retrousser ses manches, empoigner la vie à pleines mains et s'en mettre jusqu'au coude ».

Pragmatique, Créon se contente de joies modestes : « la vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison ».

3. L'intransigeance de la pureté

• À cette figure d'homme âgé, usé par le pouvoir, s'oppose celle d'une adolescente intransigeante, qui refuse les compromis et les « bonheurs de cuisinier » auxquels Créon a consenti en acceptant la couronne : « Quelles pauvretés faudra t-il qu'elle fasse elle aussi, jour après jour, pour arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur ? »

Antigone est prête à mourir pour ne pas sacrifier son idéal à la réalité : « Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite – ou mourir. »

4. Le conflit des générations

• Créon est un adulte lucide, qui assume ses responsabilités, et qui, en consentant par nécessité à devenir roi, aliène sa liberté aux exigences du pouvoir.

Antigone et Hémon sont des adolescents. Antigone refuse le temps qui use les sentiments et conduit à accepter des compromis : « Moi, je veux tout, tout de suite, – et que ce soit entier – ou alors je refuse ! »

De la même façon, Hémon refuse la leçon de son père : « Chacun de nous a un jour, plus ou moins triste, plus ou moins lointain, où il doit accepter d'être un homme. » Antigone et Hémon tout deux refusent finalement la vie.

Le petit page qui accompagne Créon représente la génération suivante, dans son innocence. Créon tire pour lui la leçon : « Il faudrait ne jamais devenir grand. »

III. Les personnages

1. Antigone

• Antigone n'est pas belle (« la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille ») mais représente l'intransigeance et la pureté. Elle risque la mort en transgressant la loi pour son frère, qui pourtant ne l'aimait pas.

Quand Créon lui révèle les coulisses politiques

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