La poésie est-elle le genre privilégié pour exprimer le surnaturel

  La poésie vous semble-t-elle le genre privilégié pour évoquer l’univers du rêve et du surnaturel ?

Corpus :

Rimbaud, Poésies, « Ophélie ».

Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, « Ondine »

Apollinaire, Alcools, « La Loreley ».

Jean Lorrain, L’Ombre ardente, « Mélusine »

Les poètes sont considérés généralement, et se considèrent, comme différents => dans leur textes, ils créent, grâce au travail des mots, aux associations de sens et de sons, un univers différent (ou totalement étranger). La poésie éloigne de la réalité, conduit le lecteur dans un autre univers.

Comment la poésie permet-elle au lecteur de voyager, de quitter le réel ?

Pourquoi la poésie est-elle si apte à faire voyager son lecteur, à l’amener dans l’univers du rêve, voire même du surnaturel ?

I- L’invitation vers l’ailleurs

                A- Invitation au rêve

• La poésie offre une invitation au voyage, une invitation au rêve.

Cf. Baudelaire « L’invitation au voyage » : Rêverie qui repose sur la sensation, la fusion des perceptions et la correspondance entre la femme et le paysage. Lieu idéal parce qu’imaginaire, créé par l’imagination (« songe à la douceur »).

=> L’invitation au voyage de Baudelaire est une invitation au rêve. Le voyage onirique renferme plus de richesses et de pouvoirs qu’un déplacement limité dans le temps et l’espace. C’est un tableau : cf. « les ciels brouillés ».

• La poésie permet un voyage dans l’ailleurs. Dans un autre monde.

Ex : « La Loreley » d’Apollaire. Le 1e vers « À Bacharach il y avait » > autre monde, autre univers. C’est comme un début de conte. Univers merveilleux.

Ex : dans « Mélusine », les références au conte, au conte de fées sont présentes.

Ex : « Mélusine » ; « Depuis cent ans » ; « fées » ; « à minuit »…

Ex : dans « Ondine », références au fantôme.

NB : très souvent, le poète fait référence à un univers nocturne > rêve.

Dans « Ondine » > « rayons de la lune ».

Dans « Mélusine » > « ciel nocturne ».

Dans « Ophélie » > « les étoiles ».

                B- L’importance de la nature

• Montrez que la poésie, en s’éloignant de la réalité, se rapproche de la nature.

Cf. la comparaison d’Ophélia (personnage de Shakespeare) dans le poème de Rimbaud est comparé à un lys.

Ex : « La blanche Ophélia flotte comme un grand lys » > blancheur du personnage (elle est morte) soulignée deux fois, par « blanche » > ce qui souligne aussi la pureté, et « lys ».

La jeune femme se trouve dans un décor entièrement naturel. Cf. « lys » ; « les bois lointains » ; « long fleuve » ; « Le vent » ; « Les saules » ; « les roseaux » ; « Les nénuphars » ; « nid »…

=> Ophélie flotte paisiblement dans le fleuve, au milieu de la nature dont elle fait désormais partie.

Ex : dans « Ondine » > présence aussi de la nature, et plus précisément de l’eau. Cf. la personnification « beau lac endormi ».

Ex : relevez tout le champ lexical de l’eau dans le poème « Loreley ».

• Dans « Mélusine », la figure féminine est également placée dans un cadre naturel, mais avec la présence marquée des animaux de la forêt.

Cf. le champ lexical de la flore. Ex : « aubépines » ; « herbes fines » ; « ravines » ; « au pied des sapins » ; « arbres » ; « glaïeuls » ; « houx »…

Cf. le champ lexical de la faune. Ex : « la biche » ; « des renards et des loups » ; « les hiboux »…

=> Univers de la forêt => univers du conte.

II- Rêve et surnaturel

                A- Un autre monde

• Les poètes peuvent entraîner leur lecteur dans des mondes différents, dans le rêve ou dans des mondes qui n’existent pas.

• Évoque des figures de contes de fées, de légendes, des sorcières, etc.

Cf. Mélusine, Loreley, Ondine.

• Dans « Loreley » > présence du champ lexical du merveilleux : « sorcière », « chevaliers », « château »…

• Dans « Ondine » > présence du champ lexical de l’eau et du monde aquatique (Ondine renvoie à l’eau, cf. onde). Ex : « gouttes d'eau » ; « beau lac endormi » ; « flot » ; « ondin » ; « nage » ; « courant » ; « fluide » ; « fond du lac » ; « l'eau coassante »…

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