La fin de la démocratie- Apogée et déclin d’une civilisation de Jean-Claude Kaufmann

Perrine AUTHIER

Fiche de lecture : La fin de la démocratie- Apogée et déclin d’une civilisation de Jean-Claude Kaufmann

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L’auteur :

Jean-Claude Kaufmann est un sociologue et écrivain né au milieu du XXème siècle. Connu pour son livre La Trame Conjugal. Une analyse du couple par son linge, mais aussi pour d’autres ouvrages sur la sociologie du couple notamment comme l’Agacements. Les Petites Guerres du couple sur les disputes ou encore Le Cœur à l’Ouvrage sur la répartition des tâches ménagères. En partant d’une situation particulière avec des observations familières pour tous, l’auteur décrypte les mécanismes intégrés dans nos normes et valeurs et socialement construits dans nos relations et parvient à s’adresser à tous les types de lecteurs. Possédant une renommée à l’internationale, ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues, il est aussi reconnu dans le milieu universitaire bien que controversé. On distingue en effet sa sociologie de la sociologie dite “savante” ou “universitaire” qui exige une démarche exacte et prédéfinie. Kaufmann utilise lui une méthode singulière en basant son travail sur une enquête de terrain avec beaucoup d’entretiens et d’observations et a contrario peu de statistiques ou de dimension explicative. Récemment le sociologue a été mis en examen pour diffamation après avoir publiquement contesté les compétences d’un « expert » d’une émission de téléréalité en qualifiant ses « thèses scientifiques » « d’arnaque ». Interrogé à propos de cette plainte il mentionne un combat des sciences humaines et sociales « face aux vérités alternatives ». La Fin de la démocratie. Apogée et déclin d’une civilisation paru en 2019 aux éditions Babelio fait partie de ce combat.

Résumé :

A travers un essai construit et argumenté, l’auteur développe la thèse selon laquelle notre époque caractériserait la fin de la démocratie, contrairement à la doxa selon laquelle nous serions dans l’apogée de cette forme de gouvernement. Echec et déclin expliqués par la fin de la réflexivité censée caractérisée la démocratie, remplacée par les affirmations identitaires d’une part et l’impossible régulation numérique d’autre part. Plusieurs conséquences découlent de ce

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déclin de la démocratie. D’une part historique : la fin de l’héritage des Lumières et l’échec de remplacer Dieu par la raison. D’autre part politique avec la victoire de la république autoritaire pour contrer la démocratie. Et enfin sociale avec l’affirmation des identités individuelles et la formation de groupements sectaires.

Dans la première partie de l’essai il détaille l’antinomisme entre république et démocratie avec une perspective historique.

Il rappelle les débuts de la république puis « l’effervescence démocratique » qui fonctionnent ensemble pendant un temps. Puis la rupture dans les années 60 avec la montée de l’individualisme venant concurrencer le progressisme républicain et s’opposer à l’ordre social institutionnel. Il conclut au paradoxe suivant : la république veut instituer un ordre traditionnel commun alors que la démocratie pousse l’individu à être maître de ses choix avec une vision rationnelle et réfléchie.

Il développe en parallèle la « fatigue d’être soi » notion reprise à Alin Ehrenberg pour qualifier la fatigue de l’individu d’effectuer tous ces choix rationnels, le poussant à se rattacher à un groupe, une religion le guidant par des croyances.

Enfin il développe sa notion d’hyperdémocratie, elle-même en crise tiraillée entre son impératif de liberté absolue et de fixation de tous les interdits. Cette crise sonne le glas de la démocratie laissant l’évolution une république autoritaire animée par des populistes raffolant de complotisme. Evolution permise par la recherche individuelle d’une identité pouvant justifier chaque combat mené ou chaque choix pris. Que cette identité soit guidée par une religion, une origine ou une croyance elle mène au clivage et menace l’ordre social. On revient à une société guidée par les émotions, les passions signant l’échec de la raison et faisant présager le pire.

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