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L'amant Marguerite Duras

Commentaire de texte : L'amant Marguerite Duras. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Janvier 2023  •  Commentaire de texte  •  1 776 Mots (8 Pages)  •  244 Vues

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L’amant[1], écrit par Marguerite Duras (1914-1996) et publié en 1984, est une œuvre basée dans la réalité de sa vie et sa trajectoire d’adolescence en grandissant au Vietnam. Le roman explore anachroniquement l’histoire d’une jeune fille qui essaie d’échapper les conditions de sa naissance : sa famille et son emplacement. Décrit par une narratrice plus ainée et réfléchissante sur sa vie, le roman autobiographique est la façon dont Duras peut expliquer les complexités de son éducation et sa lutte pour l’indépendance. Marguerite Duras, déjà une écrivaine célébrée « occupe incontestablement une place dans le champ littéraire des années 1980 » et en 1986 le roman a gagné le très prestigieux prix Ritz-Paris-Hemingway.[2] L’extrait choisi est de la première rencontre des deux amants, avant même qu’ils soient amants. Le passage est situé vers le début du roman, et « tient place d’évènement déclencheur d’un changement » dans la vie de la jeune fille.[3] Ce commentaire se concentrera sur les thèmes abordés par l’extrait choisi : la nature de la relation entre la jeune fille et le Chinois, la dynamique de pouvoir et les différentes formes d’oppression imposés sur les amants.

Premièrement, cet extrait montre non seulement le début de leur relation, mais aussi sa nature et son avenir. Le Chinois lui approche avec le prétexte de lui « offr[ir] une cigarette », un prétexte semblant innocente. Le verbe « offrir » est symbolique de sa position dans la vie de la fille ; son rôle principal n’est pas seulement d’un amant, mais d’un financier. Depuis leur première interaction, l’auteur montre explicitement que ce dernier lui propose des choses dont elle n’aurait pas accès toute seule. Cette proposition d’une cigarette représente sa proposition d’autre chose : de l’argent et d’une évasion. Pour aller plus loin, fumer est considéré un vice, possiblement indiquant son rôle comme un vice dans sa vie. Il est apparemment une marchandise interdite, une relation mal vue, montré par les idées colonialistes de l'époque, mais aussi le fait que leurs familles désapprouvent leur relation décrit plus tard dans le roman. Durant la domination de l’Indochine par la France, le concubinage était découragé par le gouvernement colonial parce qu’il constituait une menace pour la hiérarchie raciale, celle qui soutenait le pouvoir des colons.[4] Par conséquent, la plupart des femmes françaises qui habitaient en Indochine ont admis d’avoir très peu de contact social avec les indigènes.[5] Duras introduit l’idée de la conquête avec la phrase déclarative « il doit la surmonter » en référence à la différence entre leurs ethnies. Cette idée de domination est liée à la fois à la colonisation d’Indochine par les Français, et à la disparité entre les deux personnages au vu de leurs origines différentes. En utilisant l’article « la », il y a une ambiguïté sur ce qu’il doit « surmonter », ce qui donne de l’espace pour l’interprétation l’article est en référence ou réfère à la jeune fille. Dans ce sens, le verbe suggestif « surmonter » peut être lu avec une signification figurative ainsi que littérale. Dans le sens figuratif parce que le sens donc masculin), Duras transmet l’idée que le chinois va vaincre une bataille inconnue contre la jeune fille, c’est-à-dire, sa virginité. Littéralement, l’écrivaine utilise ce verbe spécifique pour promouvoir des images explicites de l’acte sexuel. Cette interaction est définie par ce qu’ils peuvent apporter l’un à l’autre. Évidente dans la phrase « ce n’est pas la peine qu’elle réponde » qui indique elle se lui donnera seulement s’il y a une compensation. C’est exactement la nature de leur rapport, celle de prostitution, mais avec le temps, les personnages deviendront l’homonyme de l’œuvre : amants. Ce « désir érotique [est] un révélateur de l’individualité féminine, de son individuation détachée de la substance maternelle »[6] grâce à la libération financière que ces relations lui apportent.  

La dynamique de pouvoir entre les deux amants n’est pas du tout égale, il y a une dissemblance évidente, reflétée plusieurs fois dans ce seul extrait. Tout d’abord, il faut examiner la nomenclature : la juxtaposition entre « l’homme élégant » et « la jeune fille ». L’anaphore du nom « fille » a un effet infantilisant sur la protagoniste. L’addition avec l’adjectif « jeune » met de l’emphase sur sa jeunesse, comme elle a seulement quinze ans, et peut être le signale d’une naïveté au lecteur. La narratrice, et par extension l’écrivaine, infantilise elle-même, et il en résulte l’image d’une relation prédatrice. Pour aller plus loin avec cet exemple, la protagoniste est traitée comme un « personnage d’une fiction, comme une héroïne de roman » par la version plus âgée, ce qui établis une « distance voyeuriste […] entre le sujet et l’objet de l’écriture ».[7] Cette « distance voyeuriste » est augmentée par l’anonymat des personnages. Les deux personnages sont appelés par des descriptions et non pas par leurs propres noms dans l’extrait donné. En réalité, la narratrice s’appelle Hélène Lagonelle, mais ce fait c’est omis dans le passage parce que son amant ne la connait encore. Cela pourrait agir comme Une manière de réduire les personnages en ce que la société à l’époque aurait fait. Pour continuer, le champ sémantique d’opulence du Chinois est montré par des phrases comme « la grande maison avec les grandes terrasses aux balustrades de céramique bleu », « une limousine » et « les endroits les plus élégants ». L’homme a plus d’influence et de pouvoir grâce à la richesse de sa famille. Durant un certain temps, ce pouvoir monétaire s’étend à la jeune fille. Elle « ne ferai[t] plus jamais le voyage en car pour indigènes. Dorénavant [elle aurait] une limousine pour aller au lycée et me ramener à la pension. » L’auxiliaire « avoir » suggère que la propriétaire de la limousine sera la jeune fille. Elle est libre de posséder des objets mais ce n’est pas pour autant qu’elle est indépendante puisqu’elle n’a pas le droit d’aller ou elle veut, ce qui est une indication des limites d’être une maîtresse. La structure décousue, renforcée par la brièveté des phrases, ajoute une séparation structurelle entre les personnages, qui représente l’isolement de la protagoniste. Pour développer, l’œuvre dans sa totalité a une narrative fragmentée ou les blancs séparent les passages et l’ordre chronologique est rompu,[8] Une métaphore filée de son isolement non seulement en tant qu’une minorité raciale dans la colonie française, mais aussi dans sa famille où sa mère l’exclut en donnant la priorité à un seul fils. Cependant, cette relation de pouvoir est renversée quand la question de race est introduite.  

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