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L'Etranger, Albert Camus, demande en mariage

Commentaire de texte : L'Etranger, Albert Camus, demande en mariage. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Mars 2013  •  Commentaire de texte  •  1 784 Mots (8 Pages)  •  10 044 Vues

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Albert Camus

« L’Etranger »

Demande en mariage

Problématique :

En quoi l'attitude de notre personnage principal remet-elle en cause l'institution du mariage ?

Plan :

I - Un étrange dialogue amoureux

a) Une demande en mariage originale

b) Une réponse paradoxale

c) La valeur des silences

II - Un personnage étrange

a) Accord et désaccord des êtres: caractère et position sur le mariage

b) Un parti pris narratif

Lecture analytique :

Dans l’extrait qui nous est proposé d'étudier, on se situe une bonne semaine après l'enterrement de sa mère et durant la semaine qui suit son week-end avec Marie. Marie qui est depuis peu la maîtresse de Meursault, exprime dans ce passage le désir de l'épouser. C'est l'occasion d'une confrontation de deux conceptions de la vie.

Nous verrons en quoi l'attitude de notre personnage principale remet-elle en cause l'institution du mariage ? Nous analyserons l'étrangeté du dialogue amoureux puis dans un deuxième temps le caractère étrange de notre personnage principal.

Marie qui est depuis peu la maîtresse de Meursault, exprime dans ce passage le désir de l'épouser. La demande est donc non conventionnelle puisqu'elle est exprimée par la femme.

De plus cette demande est rapportée par Meursault, majoritairement au style indirect. Le style indirect exprime la platitude de la présentation des paroles qui dominent. Il désincarne les paroles, leur retire toute affectivité, toute humanité, les dédramatise, comme si ce n'étaient que des mots, sans êtres qui les prononcent. C'est la présentation la plus froide qu'on puisse imaginer. Le choix du discours indirect exprime également la distance vis-à-vis de ce qu'il raconte, on pourrait penser qu'il n'en raconte que l'essentiel. Le discours est rapporté sèchement. L'écriture est d'ailleurs désincarnée et se caractérise par sa brièveté, et par sa platitude syntaxique. Hormis les hypothétiques, il n'y a d[***]e subordonnées que celles impliquées par le style indirect. La coordination domine, c'est-à-dire qu'il n'y a ni construction, ni explication, ni hiérarchisation des contenus, comme s'il n'y avait pas de conscience à l'origine de ses phrases. Le vocabulaire est neutre et exprime des généralités. Meursault n'emploie qu'un substantif, surtout des pronoms, des adverbes élémentaires comme « oui », « non », « naturellement », des verbes passe-partout comme « faire », « vouloir » : aucune marque de l'affectivité du narrateur, aucun terme dont la coloration pourrait suggérer de sa part une prise de position. De plus, ce dialogue multiplie les verbes qui évoquent la parole : « a demandé » (l. 1), « ai dit » (l. 2), « ai répondu » (l. 3), « a-t-elle dit » (l. 6), « ai expliqué » (l. 6), « demandais », « dire », (l. 8), « a observé » (l. 8), « ai répondu », (l. 9), « a parlé » (l. 10), « ai dit » (l. 13), « s’est demandé » (l. 13), « a murmuré » (l. 15), « a déclaré » (l. 18), « ai répondu » (l. 19).

B)

Ces brèves répliques dites par Meursault sont rapportées directement et se détachent ainsi du flux dialogué, mettant ainsi en valeur l’étrangeté du personnage principal mais aussi une sorte d'indécision de sa part: « Pourquoi m’épouser alors ? » (l. 5), « Non » (l. 9), « Naturellement » (l. 13). La première question souligne ce que l’attitude de Meursault a de paradoxal tandis que les deux réponses de Meursault remettent en cause la valeur traditionnellement accordée au mariage. Meursault se montre parfaitement cohérent : c’est parce que le mariage n’est pas « une chose grave » qu’on peut « naturellement » se marier avec l’une ou l’autre : « ... cela m'était égal... », une expression clé du personnage. Les choses, les êtres, sont interchangeables : « ... la même proposition venant d'une autre femme... ». Cette indifférenciation conduit à la passivité. C'est Marie qui prend l'initiative (elle pose les questions, elle agit), alors que Meursault se contente de répondre, d'accepter le mariage, parce qu'elle le veut. Ceci a un côté provocateur de la part de Meursault, mais est révélateur de ce que est Meursault. En fait, les conditionnels marquent que Meursault veut lui faire plaisir, c'est pourquoi il s'en remet à la volonté de Marie. L'indifférence de Meursault est profonde, on le voit bien dans ses réponses.

La négation : Meursault est un personnage dessiné négativement ; on ne connaît de lui que son indifférence aux jugements de valeur, exprimée sous une forme toujours négative : « cela ne signifiait rien », « sans doute je ne l'aimais pas », « cela n'avait aucune importance »... Meursault rejette tout dans le néant : le mariage, l'amour, les différences, alors que pour Marie le mariage est un engagement, une preuve d'amour, et non une formalité. Le mariage est un ancrage social : on signifie quelque chose à la société.

Le narrateur : malgré le je qui devrait permettre l'exploration de l'intimité, Meursault narrateur tient à distance Meursault héros, comme s'il s'agissait d'une autre personne : paradoxalement, le lecteur est dérouté par l'opacité du héros dont la vie intérieure reste secrète.

Le

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