Je me souviens

Thème : « Je me souviens… »

Les souvenirs d’enfance marquent l’esprit de chacun car ils nous rappellent une période importante de notre vie.

Notre corpus aborde le thème du souvenir de l’enfance par le souvenir de la mère sous différentes formes. Pour notre explication, nous utiliserons un extrait du roman La Civilisation, ma mère !... de Driss Chraïbi paru en 1972, un extrait du roman autobiographique d’Albert Cohen Le Livre de ma mère publié en 1997, une photographie commentée de Roland Barthes nommée Le Demande d’amour parue en 1923 et pour finir le film de Carlos Saura, Cria Cuervos sorti en 1976.

Nous chercherons à expliquer pourquoi les souvenirs de la mère sont-ils aussi important dans l’enfance d’un individu. Dans un premier temps nous verrons qu’elle évoque souvent des moments heureux puis que l’amour qu’ils ont pour leur mère dépasse souvent leurs pensées et donc qu’il joue un rôle important pour nos auteurs.

Dans deux de nos documents, notamment le texte de Driss Chraïbi et celui d’Albert Cohen, les auteurs évoquent une enfance heureuse.

Driss Chraïbi nous parle d’une enfance qui est contrastée avec celle qu’a vécue sa mère. Il évoque une enfance douce, calme. Une « absence totale d’angoisse » « la valeur de la patience » ou encore « l’amour de la vie chevillé dans l’âme » alors qu’Albert Camus nous parle lui d’une enfance bien plus qu’heureuse, marquée par de nombreux objets et moments agréables. Cette enfance lui fut si agréable qu’il la regrette ; jusqu’à utiliser le « Ô » comme pour l’implorer, la supplier de revenir.

Nos deux autres documents s’opposent aux premiers. En effet, dans notre photographie commentée de Roland Barthes, malgré ce renvoi d’ondes positives, Barthes par son commentaire nous fait comprendre que son enfance n’était pas si heureuse qu’elle en avait l’air. Il remet effectivement en cause les conditions matérielles dans lesquelles il a passé son enfance. Il n’utilise donc quasiment que des termes péjoratifs tels que « gêne »,  « solitude », « ingrate », « malheureuse ». Le seul terme mélioratif qu’il utilise est « enchanté » ce qui nous laisse penser que les sentiments qui lui restent de cette époque lui sont chers. Aussi, dans le film de Carlos Saura, Ana, le personnage principal estime que son enfance a été longue et malheureuse car elle a vu mourir ses parents et a aussi assisté et ce, de manière impuissante à la « chute dépressive » de sa mère qui était trompée par son mère. Tous ces éléments nous montrent que les souvenirs peuvent avoir une dimension paradoxale, à la fois heureuse, fascinante et/ou dure.

Malgré une vision sur l’enfance qui peut parfois diverger, dans tous nos documents l’amour pour la mère est fortement présent et a différentes fonctions selon la personne. Par exemple, pour Driss Chraïbi l’amour pour sa mère va jusqu’à l’adoration. En effet, il ne cesse de l’idolâtrer, la complimenter et utilise le champ lexical de la douceur « laine » «  légère » « caresse » « […] elle avait cent doigts doués d’un mouvement de bielle ». En dépit de son adoration, il la plaint car elle a eu une enfance difficile et n’a pas eu d’éducation « personne ne lui avait rien appris depuis qu’elle était venue au monde ». Pour Ana, l’amour pour sa mère est si fort qu’elle arrive même à la faire revivre et interagir avec elle. Sur notre document photographique de Barthes, on peut ressentir une certaine complicité entre la mère et son fils, une complicité marquée par un léger sourire commun, et le fait que sa mère le tienne dans ses bras ; qui sans le commentaire qui suit, n’aurait pu être considéré comme un sourire exprimant un petit malheur. Petit car l’enfance de Barthes n’a pas été heureuse à cause des conditions matérielles mais n’a pas pour autant été réellement malheureuse. Quant à Albert Cohen, son amour pour sa mère lui fait écrire un hommage et exprimer son deuil.

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