George Dandin, Molière, 1668.

La comédie est-elle destinée à faire rire ?

        La représentation théâtrale du 28.XI.2014 mettait en scène George Dandin, pièce de théâtre écrite par Molière en 1668. Elle raconte l’histoire d’un couple issu d’un mariage arrangé : George Dandin, un riche bourgeois et sa femme Angélique de Sotenville, fille de nobles. Cette dernière se laisse courtiser par Clitandre, un gentilhomme. Le mari trompé tente de faire éclater l’affaire aux yeux de ses beaux-parents, mais il se heurte à la fourberie de sa femme et de sa servante, Claudine. A trois reprises, George Dandin est sur le point de prouver l’infidélité de sa femme, mais la situation se retourne contre lui et il est finalement humilié. Cette pièce appartient au genre de la comédie. En effet, la comédie est un genre théâtral qui est destiné à provoquer le rire, soit par l’usage du registre de l’humour, soit par la présence de comiques de situation, de gestes ou de caractère. Molière est un des artistes les plus importants dans le genre. Toutefois, après avoir assisté à la représentation du 28.XI.2014, il semble pertinent de s’interroger sur la visée de l’œuvre. Cette pièce a-t-elle pour seul but d’amuser le spectateur ? Et, si tel n’est pas le cas, quels sont les autres objectifs de l’auteur ? Pour répondre à ces questions, il faut, dans un premier temps, déterminer dans quelle mesure la comédie est effectivement destinée à amuser le public, puis ensuite montrer que l’œuvre constitue aussi une critique de la société.

        George Dandin est une comédie. Aussi, par définition, c’est une pièce comique. Cet aspect est beaucoup représenté dans la pièce. Tout d’abord, il est important de remarquer que l’œuvre s’apparente à une farce. En effet, George Dandin est trompé par sa femme, courtisée par un autre homme. Cette situation est typique du genre, dont les intrigues reposent souvent sur la tromperie. L’auteur a recours au procédé de répétition : à chaque fin d’acte, le mari berné fait venir ses beaux-parents pour qu’ils raisonnent leur fille sur sa conduite. C’est en fait lui qui est humilié et devient le dindon de la farce. Par exemple, dans le premier acte, George Dandin a été témoin des confidences de Lubin, qui vient porter des mots doux, à son épouse, de la part de Clitandre, l’amant de celle-ci. Il fait venir ses beaux-parents pour pouvoir se plaindre. Malheureusement, Clitandre nie avoir une relation avec Angélique. Les Sotenville croient la version de l’amant, et Dandin est humilié car ils lui demandent de s’excuser. Tel est pris qui croyait prendre ! Il est aussi important de souligner que Molière était appelé « le premier farceur » par ses contemporains. En effet, ses premières œuvres étaient inspirées de la tradition farcesque. La mise en scène est aussi remplie de comiques de situation ou de quiproquos. Par exemple, la naïveté que Lubin montre lorsqu’il avoue à George Dandin, qu’il prend pour un passant, qu’il envoie des mots doux de la part de son maître à Angélique. C’est aussi le cas à l’acte III scène 2. Les deux amants et leurs serviteurs se retrouvent dans l’obscurité, et ils n’arrivent pas à distinguer leurs interlocuteurs. Plus tard, à la scène 6, un coup de théâtre a lieu : George Dandin, qui croyait avoir piégé sa femme en dehors de la maison, se retrouve piégé lui-même. Ce genre de comiques est omniprésent dans la pièce. Cependant, la portée de celle-ci est en réalité plus importante : les œuvres de Molière, qui cherche à donner une meilleure réputation à la comédie, ont généralement une signification plus profonde et invitent le spectateur à la réflexion.

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