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Fiche de lecture - Fukushima, l'apocalypse et après

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Par   •  22 Février 2018  •  Fiche de lecture  •  3 021 Mots (13 Pages)  •  671 Vues

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FUKUSHIMA, L'apocalypse et après ?

– Christophe Sabouret –

Christophe Sabouret est historien (France et Japon) de formation, et travaille actuellement en tant qu'ingénieur d'études au CNRS. Il revient sur la catastrophe du 11 mars 2011, celle qui a le plus secoué le Japon dans son ouvrage FUKUSHIMA, L'apocalypse et après ?. Ecrit deux mois après le drame, il en retrace d'abord le déroulement. Ensuite, l'auteur s'intéresse à ses conséquences politiques et à la manière dont le Premier Ministre a réagit. Enfin, il soulève quelques unes des craintes et des enjeux auxquels l'archipel nippon sera confronté les années suivantes.

I. Le déroulement de la catastrophe

La catastrophe a débuté par un tremblement de terre de magnitude 8,9, classé comme le cinquième plus puissant dans le monde depuis 1900, et le plus puissant de l'histoire du Japon. Il a eu lieu le 11 mars 2011, à 14h46 min 18 s. L'épicentre se situait dans la mer à 120 km au large de la ville de Sendai, à une profondeur de 24 km. Ce séisme a été suivi par des incendies le long de la côte et plus particulièrement dans la région de Tôkyô où se trouvent les neuf principales raffineries de pétrole (qui représentent un quart de la capacité du pays) qui furent contraintes d'interrompre leurs activités ainsi que les usines de stockage du gaz du Japon.

Une dizaine de minutes plus tard, un tsunami aux vagues pouvant atteindre les 40 m, cause les principaux dégâts physiques : 1,8 million de construction et d'habitations détruites, 300 000 personnes laissées sans logement, 30 000 morts ou disparus et plusieurs milliers de blessés. Les dégâts ont été les plus importants à Kesennuma, Kesentakata et Minamisôma.

II. Des enjeux politiques

1. Le climat politique au moment de la catastrophe

A 14h40 ce 11 mars, le gouverneur de Tôkyô Ishihara Shintarô annonce sa candidature pour un quatrième mandat en tant qu'« indépendant ». En réalité, il a le soutien du PLD et du parti bouddhiste Kômeitô. D'après l'auteur, l'homme et ses partisans tentaient d'acculer le Premier ministre d'alors, Kan Naoto, issu du Parti démocrate. Apprenant le matin même dans un sondage qu'il serait donné gagnant aux élections de la métropole de Tôkyô, Ishihara se présentait. Si la politique est au devant de la scène, c'est parce que la catastrophe représente une véritable opportunité pour ceux qui veulent reprendre la main politique et s'imposer ; tout est donc prétexte pour montrer que Kan Naoto ne sait pas faire face à la situation.

Kan Naoto est élu député intendant de la métropole de Tôkyô en 1980. Il est alors membre du Shaminren, la Fédération sociale-démocrate, nouveau parti de gauche né des shimin undô, les mouvements de citoyens. Il est remarqué au début de sa carrière par ses prises de paroles engagées sur la santé publique. En 1996, il devient ministre de la Santé et des Affaires sociales. Découvrant la vérité sur les affaires du sang contaminé, il fait des excuses publiques à la télévision, ce qui lui attirât la sympathie d'un grand nombre de Japonais. Ceci lui valut le surnom de ira Kan, « Kan l'irascible ». L'auteur le surnomme le « Monsieur Propre » de la politique japonaise.

Depuis l'époque de Meiji (1868-1912), c'est un « triangle de fer » composé de la haute administration, des grandes entreprises privées et du monde politique au pouvoir (le PLD au moment du séisme) qui dirige l'archipel. L'auteur fait un lien entre le séisme et le tsunami du Tôhôku et les combats politiques qui règnent dans la capitale et qui prennent pour terrain le nucléaire.

2. Une division des politiciens en quatre camps

60 jours après la catastrophe, tant les personnes au pouvoir alors et celles qui le seront par la suite seront confrontées à la question de l'avenir du Japon. Kan Naoto joue le rôle de victime expiatoire, entre des camps qui s'affrontent.

Le premier est celui du monde politico-médiatique dans lequel on souhaite voir le Premier ministre disparaître, condition préalable a tout dialogue avec le PDJ au pouvoir. Yomiuri, Sankei et les partis politiques d'opposition (PLD, Komeitô) en font partie. De plus, de nombreux membres qui eux aussi souhaitent son départ se trouvent à l'intérieur même du camp de Kan. A ceci s'ajoute la présence de l'armée américaine perçue comme de plus en plus pressante dans l'archipel ; installée au Japon depuis septembre 1954, sa pérennité est assurée par un traité de sécurité. On sous-entend souvent que Kan serait pro-américain en même temps que l'homme de la CIA. On prête à M. Ozawa et ceux qui pourraient se liguer avec lui une volonté de faire changer de cap la politique et du pays et de tourner le Japon vers de nouvelles alliances du côté asiatique.

Le deuxième camp hostile à Kan est celui de Tepco (Tôkyô Electric Power Compagny), qui dispose de nombreux bénéficiaires (hauts fonctionnaires, élus politiques locaux...), ne souhaitant pas que Kan poursuive ses investigations car sinon, la gestion au quotidien de la centrale de Fukushima serait révélée au grand jour. Tepco regroupe dans son comité les patrons des plus grandes entreprises japonaises comme celui de Mizuho, de Canon, de Mitsui.... Il est le quatrième producteur mondial d'électricité. Son PDG, « absent » pendant toute la durée de la crise de Fukushima, est le vice-précident de la fédération du patronat japonais, le Keidanren.

Le troisième camp est celui des hauts fonctionnaires, qui « tiennent » le pays et apparaissent comme des membres actifs du système Tepco et en sont les bénéficiaires. Ils pensent que Kan a humilié son ministère au lieu de le couvrir, lorsqu'il s'est excusé pour le sang contaminé. La catastrophe de Fukushima a servi de révélateur à ce qui est souvent considéré aujourd'hui comme une série de dysfonctionnements ou tout au moins comme un ensemble de pratiques inacceptables dans une démocratie mature.

Un quatrième camp, de plus en plus présent dans le paysage japonais, est celui des réseaux sociaux et des médias électroniques. En effet, les journaux n'ont plus le monopole des idées politiques, sociales et culturelles du pays. De plus, Fukushima a suscité de nombreuses réactions, avis, critiques, accusations. L'auteur se

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