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Extrait du Chapitre 6 du roman Thérèse Raquin d'Emile Zola

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Par   •  13 Février 2013  •  467 Mots (2 Pages)  •  2 021 Vues

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Un jeudi, en revenant de son bureau, Camille amena avec lui un grand gaillard, carré des épaules, qu’il poussa dans la boutique d’un geste familier.

« Mère, demanda-t-il à Mme Raquin en le lui montrant,reconnais-tu ce monsieur-là ? »

La vieille mercière regarda le grand gaillard, chercha dans ses souvenirs et ne trouva rien. Thérèse suivait cette scène d’un air placide.

« Comment ! reprit Camille, tu ne reconnais pas Laurent, lepetit Laurent, le fils du père Laurent qui a de si beaux champs deblé du côté de Jeu fosse ?… Tu ne te rappelles pas ?…J’allais à l’école avec lui ; il venait me chercher le matin,en sortant de chez son oncle qui était notre voisin, et tu lui donnais des tartines de confiture. »

Mme Raquin se souvint brusquement du petit Laurent, qu’elle trouva singulièrement grandi. Il y avait bien vingt ans qu’elle ne l’avait vu. Elle voulut lui faire oublier son accueil étonné par un flot de souvenirs, par des cajoleries toutes maternelles. Laurent s’était assis, il souriait paisiblement, il répondait d’une voix claire, il promenait autour de lui des regards calmes et aisés.

« Figurez-vous, dit Camille, que ce farceur-là est employé à la gare du chemin de fer d’Orléans depuis dix-huit mois, et que nous ne nous sommes rencontrés et reconnus que ce soir. C’est si vaste,si important, cette administration ! »

Le jeune homme fit cette remarque, en agrandissant les yeux, en pinçant les lèvres, tout fier d’être l’humble rouage d’une grosse machine. Il continua en secouant la tête :

« Oh ! mais, lui, il se porte bien, il a étudié, il gagne déjà quinze cents francs… Son père l’a mis au collège ; il a fait son droit et a appris la peinture. N’est-ce pas,Laurent ?… Tu vas dîner avec nous.

– Je veux bien », répondit carrément Laurent.

Il se débarrassa de son chapeau et s’installa dans la boutique.Mme Raquin courut à ses casseroles. Thérèse, qui n’avait pas encore prononcé une parole, regardait le nouveau venu. Elle n’avait jamais vu un homme. Laurent, grand, fort, le visage frais, l’étonnait.Elle contemplait avec une sorte d’admiration son front bas, planté d’une rude chevelure noire, ses joues pleines, ses lèvres rouges,sa face régulière, d’une beauté sanguine. Elle arrêta un instant ses regards sur son cou ; ce cou était large et court, gras et puissant. Puis elle s’oublia à considérer les grosses mains qu’il tenait étalées sur ses genoux ; les doigts en étaient carrés ; le poing fermé devait être énorme et aurait pu assommer un bœuf. Laurent était un vrai fils de paysan, d’allure un peu lourde, le dos bombé, les mouvements lents et précis, l’air tranquille et entêté.

On sentait sous ses vêtements des muscles ronds et développés,tout un corps d’une chair épaisse et ferme. Et Thérèse l’examinait avec curiosité, allant de ses poings à sa face, éprouvant de petits frissons lorsque ses yeux rencontraient son cou de taureau.

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