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Extrait de la nouvelle Farce Normande de Maupassant: la procession

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Par   •  21 Février 2013  •  745 Mots (3 Pages)  •  1 670 Vues

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La procession

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se déroulait dans le chemin creux ombragé par les grands arbres poussés sur les talus des

fermes. Les jeunes mariés venaient d’abord, puis les parents, puis les invités, puis les pauvres du pays, et les gamins

qui tournaient autour du défilé, comme des mouches, passaient entre les rangs, grimpaient aux branches pour mieux

voir.

Le marié était un beau gars, Jean Patu, le plus riche fermier du pays. C’était, avant tout, un chasseur frénétique

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qui perdait le bon sens à satisfaire cette passion, et dépensait de l’argent gros comme lui pour ses chiens, ses

gardes, ses furets et ses fusils.

La mariée, Rosalie Roussel, avait été fort courtisée

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par tous les partis

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des environs, car on la trouvait

avenante, et on la savait bien dotée

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; mais elle avait choisi Patu, peut-être parce qu’il lui plaisait mieux que les

autres, mais plutôt encore, en Normande réfléchie, parce qu’il avait plus d’écus.

Lorsqu’ils tournèrent la grande barrière de la ferme maritale, quarante coups de fusils éclatèrent sans qu’on vît

les tireurs cachés dans les fossés. A ce bruit, une grosse gaieté saisit les hommes qui gigotaient lourdement en leurs

habits de fête ; et Patu, quittant sa femme, sauta sur un valet qu’il apercevait derrière un arbre, empoigna son arme,

et lâcha lui-même un coup de feu en gambadant comme un poulain.

Puis on se remit en route sous les pommiers déjà lourds de fruits, à travers l’herbe haute, au milieu des veaux

qui regardaient de leurs gros yeux, se levaient lentement et restaient debout, le mufle tendu vers la noce.

Les hommes redevenaient graves en approchant du repas. Les uns, les riches, étaient coiffés de hauts

chapeaux de soie luisants, qui semblaient dépaysés en ce lieu ; les autres portaient d’anciens couvre-chefs

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à poils

longs, qu’on aurait dits en peau de taupe ; les plus humbles étaient couronnés de casquettes.

Toutes les femmes avaient des châles lâchés dans le dos, et dont elles tenaient les bouts sur leurs bras avec

cérémonie. Ils étaient rouges, bigarrés

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, flamboyants, ces châles ; et leur éclat semblait étonner les poules noires sur

le fumier, les canards au bord de la mare, et les pigeons sur les toits de chaume.

Tout le vert de la campagne, le vert de l’herbe et des arbres, semblait exaspéré

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au contact de cette pourpre

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ardente et les deux couleurs ainsi voisines devenaient aveuglantes sous le feu du soleil de midi.

La grande ferme paraissait attendre là-bas,

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