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Dissertation sur un propos d'Escola

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Par   •  9 Février 2018  •  Dissertation  •  2 008 Mots (9 Pages)  •  414 Vues

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Inès

Aoumeur                                              Littérature

LS2

La tragédie, selon G. Forestier dans La Tragédie Française, est « un prisme à travers lequel saisir les antinomies de la condition humaine ». Il s'agirait alors de dire que la notion de tragique n'appartient pas forcément à la tragédie et qu'elle va beaucoup plus loin que cela. C'est ce qu'essaie notamment de prouver Marc Escola dans son anthologie intitulée Le Tragique. Paru en 2002, cela nous montre bien l'intérêt contemporain porté sur le tragique, un genre complexe, enfermé dans des règles mal affirmées ou ne correspondant pas à la littérature actuelle. Le registre tragique est en effet soumis à plusieurs théories quelles soient philosophiques ou encore dramaturgiques.

Dans ce propos de Marc Escola, le tragique est montré comme un concept libre qui s'est émancipé hors de la seule référence au théâtre sans forcément totalement l'oublier. Une  nouvelle réflexion, moderne, sur le tragique voit alors le jour.

Le registre tragique peut-il est libre ?

Il sera premièrement intéressant de nous intéresser à l' « effet » tragique, puis à son rapport avec le genre dramatique qu'est la tragédie mais aussi sont rapport avec la modernité.

Lorsque Marc Escola parle d'une façon de percevoir un événement, il évoque ici l'effet que peut prétendre produire l'auteur sur le lecteur. On ne parlerait donc plus de tragique mais « d'effet tragique ». Le tragique existerait en ce qu'il procurerait des sentiments et non pas en la personne, en la chose qui n'incarnerait pas le registre dans sa nature propre.

Pour aller dans le sens de cette théorie, il est vrai que la base du registre tragique est l'expression de contradictions, de dilemmes, qui ne trouvent d'issus que dans le l'issue fatale. Il s'agit donc ici de faire ressentir au lecteur des sentiments par le biais de procédés très utilisés pour le tragique. On retrouve par exemple communément le lexique de la violence, de la mort. C'est le cas dans Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné, notamment entre les vers 699 et 714 : Nous avons ici tout d'abord l'idée d'infection, de maladie omniprésente. Comme une vision de l'enfer, de saleté : « Des pires excréments, des vapeurs inconnues / Que l'haleine du bas exhale dans les nues. » (701-702), « infections » (703), « masse visqueuse » (705). La maladie paraît alors contagieuse, « l'humeur contagieuse » (706) et la population ne peut que voir ce qu'il se passe (ne peut pas échapper à son destin) : « à gros amas aux places ameutés » (711). Ils ne peuvent que subir  «peste, famine ou guerre » (714). Si ici la situation de la France semble être catastrophique ce n'est pas par l'évocation seule du mot « France » antérieurement dans le texte, ou encore de sa population mais grâce à le mise en scène littéraire d'Agrippa d'Aubigné qui utilise un vocabulaire très sombre et violent.

On peut aussi parler de l'image de la fatalité, omniprésente dans Bérénice de Racine. Certes personne ne meurt à la fin, mais les héros sont voués au malheur, à la solitude. On peut même parler d'un tragique élégiaque, avec Antiochus, dont le sort est devenu celui de tous. Ce n'est ici pas le personnage en lui-même qui s'avère être tragique mais l'effet produit autour de lui par l'auteur. Le destin tragique ne vient pas de soi mais existe grâce à l'habilité de celui-ci.

           Le tragique relève donc tout d'abord d'un effet. Ce n'est alors pas dans l'objet mais la perception même de cet objet que tout se construit. Tout passe par la manière dont nous allons ressentir cet « objet ». Mais pour ressentir il faut premièrement créer cet événement tragique. Y-a-t-il réellement un effet propre à la tragédie ? Et dans ce cas là, pourrions nous-même aller jusqu'à dire que le tragique en tant que tel n'existe pas ? Il est en effet très difficile de cerner l'objectif d'un auteur, la subjectivité étant alors le maître mot de l'oeuvre littéraire. Le tragique serait donc non plus une caractéristique de l’œuvre, mais un regard, une interprétation, une perspective. Subjectivité du lecteur ou au contraire objectivité de l'oeuvre ? Nous ne sommes pas sans savoir que le tragique en lui-même est un peu le registre de l'indécision, le refus de répondre à un questionnement que le lecteur peut se poser face à une oeuvre. En d'autres termes, le tragique se manifeste, apparaît, mais ne possède pas de forme à proprement parlé. Dans Les Complaintes de Laforgue, les exemples se font nombreux. Il est en effet très difficile d'analyser ses textes, le lecteur passe donc par une face d'incompréhension puis d'analyse forcément subjective. Dans la « Complainte de l'automne monotone », pour ne citer que celle-ci, le vers « la tisane bout, noyant mon feu » peut avoir plusieurs significations. En effet, le lecteur peut tout d'abord penser que le feu représente sa joie de vivre noyée dans la tristesse que représente ici la tisane, cependant, cette image peut tout aussi bien représenter la rencontre amoureuse grâce à la plante qui fleurie et le feu du poète. L'une interprétation fait appel au registre tragique, l'autre non. Il s'agit donc ici de la subjectivité du lecteur, le tragique n'étant que le sentiment résultant de l'effet qu'aura pu procurer l'objet sur ce dernier.

Il est alors intéressant ici de comprendre que le tragique n'est peut-être que l'apparition d'un sentiment, subjectif, sur le lecteur et non pas quelque chose de précis dont on pourrait clairement définir les rouages.

Marc Escola parle aussi de « certains ressorts de la tragédie comme genre théâtral » avec déjà l'idée que le registre tragique précèderait au genre dramatique qu'est la tragédie.

Quels peuvent-être ces ressorts ? On peut déjà penser aux principes les plus établis dans le genre que ce soit la règle de la pièce en alexandrins, en 5 actes ou encore l'issue fatale. Cependant ces ressorts ne sont quasiment plus suivis par les auteurs plus ou moins contemporains, sans empêcher le fait que nous parlons encore d'oeuvres tragiques. Le registre et le genre sont-ils alors indépendants l'un de l'autre ? En effet, il est important d'essayer de voir si une œuvre tragique relève forcément de la tragédie et si elle suit, même très peu, ses ressorts. Alors, même si elle en sort plus ou moins, le registre resterait toujours plus ou moins lié à la tragédie (même s'il ne s'agit plus d'une pièce de théâtre). C'est en tout cas l'impression donnée dans les quatre œuvres. Bérénice et son issue fatale, Aurélien et la fatalité face aux conflits guerrier et amoureux, Les Tragiques et les guerres de religion ou encore Les Complaintes et l'issue tragique du poète très marqué dans certaines complaintes. Est-ce là les « ressorts de la tragédie comme genre théâtral » ? Même dans les œuvres qui n'ont rien de théâtral ? Le genre et le registre semblent alors de ce point de vue indissociables. Mais le contraire peut-être tout aussi vrai. En effet, le but même d'un registre est de produire un effet sur le destinataire ou le lecteur, le genre quand à lui caractérise un texte d'après sa forme générale. Par ces définitions, le registre présiderait au genre. Il semble par contre impossible de totalement les dissocier.

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