Dissertation littéraire

Dissertation littéraire sur énoncé de Roland Barthes :

Contrairement aux idéologies, la tragédie comme la comédie sont des registres, celle-ci peut comporter de la violence, et donc engendrer un effet sur le spectateur. Cependant dans les pièces tragiques, le tiraillement qu’éprouve le héros entre raison et passion obsède généralement le public. Lors de cette affluence d’émotions, le spectateur se passionne pour la représentation de la violence psychologique du héros ce qui permet de ressentir de la crainte et de la pitié envers le héros de la tragédie.

Racine nous en offre les joies en écrivant Phèdre, sa dernière grande tragédie en 1677. Elle connaître un immense succès et amènera son auteur au sommet de sa gloire et à l’apogée de son art. Avec cette pièce, Racine met en scène le destin tragique de Phèdre, une reine incomprise, torturée et vouée aux jeux des Dieux, en l’occurrence de Vénus. Elle sera aussi confrontée à la prise de l’hérédité. La descente aux Enfers de cette reine s’accompagne par la terrible puissance de la parole, par le fait qu’elle est définie comme un acte. Et Roland Barthes, un fin connaisseur de Racine, nous résume très bien les enjeux de l’oeuvre dans son texte  « Sur Racine » en nous disant ; » Qu’est ce donc qui fait la parole si terrible ? C’est d’abord qu’elle est un acte, le mot est puissant. Mais c’est surtout qu’elle est irréversible : nulle parole ne peut se reprendre. (…) Et si l’on a commencé à parler par un égarement involontaire, il ne sert à rien de se reprendre, il faut aller jusqu’au bout. »

Tout d’abord Roland Barthes perçoit la parole comme un acte ayant un rôle décisif dans la manifestation de la passion ainsi que dans l’égarement des personnages. C’est ce qui ressort de Phèdre car racine impose la parole comme un acte irréversible et dommageable à celui qui la prononce mais aussi à celui qui l’entendra cela s’ajoute la nécessité qu’ont les personnages d’achevé un aveu entamé. Mais ainsi comment s’exprime cette puissance de la parole dans la pièce ? Pourquoi la passion prend l’ascendant sur la parole ? Et pourquoi celle-ci n’est pas effaçable mais défini ? Tant de questions auquel il est possible de répondre en examinant l’œuvre de plus près.

Avant tout, le point le plus important. C’est-à-dire que dans cette pièce fatale, la parole est un acte comme le dit Roland Barthes ; « le mot est puissant » donc considéré comme n’importe qu’elle action quotidienne. Celle-ci implique forcément des conséquences directes sur le narrateur. Ainsi ne pas parler c’est préserver sa dignité mais aussi son innocence. C’est pour cette raison qu’Hippolyte se refuse à faire le premier pas pour avouer l’idylle que lui voue Phèdre.

Il préserve son père, Thésée, ainsi que sa réputation de roi de cet amour incestueux que lui voue sa belle-mère. Il pense aussi à préserver son innocence. Hippolyte est aussi scandalisé par les propos ambigu de Phèdre que l’on voit lors de la scène 4 de l’Acte 4. Hippolyte dit ainsi, au vers 988, « Ou tendait ce discours qui m’a glacé d’effroi ? » pour ainsi montrer que Phèdre déjà fautive le devient encore plus en faisant planer le doute car celle-ci essaie malgré tout de se rattraper par la parole corrective qui tout au long du livre échoue lorsqu’elle est prononcée.

La parole devient bel et bien un acte dans la mesure où elle condamne encore plus celui qui la prononce.

Cette puissance de la parole est très bien exploité lorsqu’Oenone essaie de faire avouer la passion ravageante qui ronge Phèdre, au vers 243 ; « J’en mourrai pas moins ; j’en mourrais plus coupable ».Phèdre préfère ainsi ne pas dévoiler son incestueux amour pour mourir moins coupable car personne ne saura l’idylle qu’elle vouait à Hippolyte si elle meurt.

Ainsi la parole est omniprésente dans le parcours des personnages. Ceux-ci sont voués au silence s’ils veulent garder leur innocence ou éviter de se rendre plus coupable.

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