De l'esclavage des nègres, Montesquieu

Montesquieu, grand philosophe du XVIIIème siècle, tente de comprendre les institutions humaines dans son œuvre maîtresse L'esprit des lois publiée en 1748. C'est un ouvrage considérable, composé de 31 livres, dans lequel l'auteur remet en cause la société et fonde toute la réflexion du monde moderne.

Au chapitre XV du livre 5 intitulé "De l'esclavage des nègres" il soutient dans son argumentation que l'esclavage est injustifiable, monstrueux et inhumain. Plus on avance dans l’argumentation, moins celle-ci est convaincante, et se contredit elle-même. Or, l’ironie naît justement de ce décalage entre le but déclaré de l’argumentation (légitimer l’esclavage), et son effet réel (rendre les critères justifiant l’esclavage complètement subjectifs).

Dans le préambule, Montesquieu rappelle que les esclavagistes ont la loi pour eux. Cette pratique est légale et ils la défendent. Il se présente comme leur porte-parole : « soutenir le droit que nous avons ». . Il tente d’exposer d’une façon faussement objective les arguments des esclavagistes pour démontrer qu’ils sont irrecevables, inacceptables et immoraux. Il y a donc un décalage entre la position théorique de Montesquieu et sa position réelle.

Le premier argument avancé par Montesquieu s’appuie sur l’histoire de la société. Il met en évidence le fait que l’extermination des natifs américains a entrainé le besoin immédiat de main d’œuvre. Il peint donc l’esclavage comme une nécessité et justifie un crime par un autre ce qui marque la présence de l’ironie.

Le deuxième argument est d’ordre économique. Montesquieu reprend l’argument des esclavagistes selon lequel l’esclavage permettrait de garantir des prix bas. Il s’agit donc de la justification des souffrances d’un peuple par l’apport aux Européens d’un produit de luxe, le sucre qui n’est d’ailleurs consommé que par la population aisée. Cette idée est d’ailleurs similaire à celle de Voltaire.

L’argument suivant est d’un tout autre type, puisqu’il repose sur un jugement esthétique, forcément subjectif. Il établit d’un lien de cause à effet entre la morphologie des noirs et leur statut d’esclaves, ce qui est tout simplement absurde.

Le quatrième argument fait appel à la religion, les noirs ne seraient pas dotés d’une âme en raison de leur couleur de peau. Les esclavagistes prennent donc Dieu pour responsable de leurs actes, ils se déchargent alors de leur faute.

Les deux arguments suivants traitent de l’ethnique, puisqu’ils s’appuient sur d’autres cultures comme l’Asie ou l’Egypte. Ces thèses ne sont pas justifiées car elles prennent exemple sur des sociétés antiques, or la société à évoluer depuis. De plus, ces sociétés qui se sont permises d’éradiquer certaines populations ne donnent pas le droit d’avoir recourt à la même atrocité.

Le septième argument est d’ordre sociologique et culturel. Il traite du rabaissement intellectuel des noirs fondé sur la valeur qu’ils accordent aux bijoux apportés par les Européens. La stupidité des noirs est donc démontrée par leur incapacité à faire la différence entre une matière précieuse (l’or) et une autre banale. Ils refusent de prendre en compte la relativité de la valeur des objets selon les cultures ; pour les

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