Corpus: Comment les poètes se sont-ils représentés dans ces textes ?

 Le corpus qui est présenté à notre étude comporte quatre poésies. La première, d'Arthur Rimbaud (XIXème) s'intitule "Ma bohème", la deuxième est de Guillaume Apollinaire (XXème) "le guetteur mélancolique". "Le fou et la Vénus" extrait du Spleen de paris de Charles Baudelaire, et "Fonction du poète" de Victor Hugo sont deux poèmes du XIXème siècle. Comment les poètes se sont-ils représentés dans ces textes ? Nous verrons que certains d’entre eux ont une représentation parfois négative d’eux-mêmes, alors que d’autres ont choisi des métaphores plus positives.

Tout d'abord, nous pouvons constater que Baudelaire et Apollinaire se représentent d'une façon très négative. Baudelaire se dévalorise, se comparant à un " de ces fous artificiels", de ces" bouffons volontaires" comme on en voit à la cour ; il nous apparait comme triste de sa destinée, et comme un être en souffrance ("lève des yeux pleins de larmes" l.14) qui recherche "l'immortelle beauté" (l. 18). Sa souffrance est telle qu'il se sent nettement inférieur "au plus imparfait des animaux" (l.16). On le voit isolé, presque exclu de la société ; elle est d'ailleurs incarnée par la statue qu'il implore mais qui reste de marbre. Il est rejoint dans cet isolement par Guillaume Apollinaire qui se présente quant à lui comme un « roi déchu », pauvre ("pas sûr d'avoir du pain" vers 9) mais surtout "trahi d'amour". Cependant le sonnet d'Apollinaire n'est pas aussi pessimiste que celui de Baudelaire : une lueur d'espoir est visible dans son poème. L’expression "Je me sens fort" (vers 6) nous prouve que malgré ce fort isolement, Apollinaire ne se décourage pas. Il paraît donc évident, en étudiant ces métaphores choisies par les poètes, qu’ils ont une représentation assez pessimiste d’eux-mêmes.

Toutefois, certains poètes ont une vision plus optimiste d'eux-mêmes. Contrairement à Baudelaire et Apollinaire, Rimbaud nous donne le sentiment d'avoir choisi délibérément sa vie d'errance. Il se représente comme un "petit poucet rêveur" (vers 6) et utilise des termes positifs tels que "Muse", "amours splendides", "rêvées", "étoiles", "bons soirs"… . Il ne semble pas se préoccuper de sa pauvreté et de l'état de ses vêtements aux "poches crevées" et "souliers blessés". Il se représente en vagabond heureux. Nous pourrions rapprocher la vision de Rimbaud et d’Hugo, car tous deux idéalisent le poète. Le poète Victor Hugo se représente en effet comme un "rêveur sacré". Ce n'est pas lui en tant qu'homme qu'il décrit, mais c'est le Poète en général et son rôle dans la société du 19eme siècle. Hugo élève le poète au-dessus du simple rang de mortel. Il le dote d'un pouvoir civilisateur comme on peut le constater dans la deuxième strophe. De plus, il nous donne l'impression que seul le poète est capable de révéler la beauté du monde, à travers le champ lexical de la lumière : "Il rayonne! Il jette sa flamme/ Sur l'éternelle vérité !". Hugo compare son rôle de poète à celui de guide. Il idéalise et

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