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Commentaire du Sonnet 31 des Regrets Du Bellay

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Par   •  4 Avril 2013  •  1 709 Mots (7 Pages)  •  2 956 Vues

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Commentaire du Sonnet 31 des Regrets

Joachim Du Bellay est un auteur et poète français du 16e siècle. Il a écrit La Défense et illustration de la langue française dans laquelle il tente de renouer avec la culture gréco-latine mais il veut également démontrer l'importance qu'il y avait, à l'époque, à créer une culture française et à défendre la langue noble qu'est le français. Il entreprend durant les années 50 un voyage à Rome où il commencera à rédiger Les Regrets, qui comporte 191 sonnets publiés en 1558, qui ont pour sujet les malheurs et les espoirs d'un exilé à Rome. On peut distinguer trois tonalités dans ce recueil : l'élégie, la satire et l'éloge. Le sonnet 31, qui commence par le vers «  Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage », fait partie de la tonalité élégiaque qui comprends les cinquante premiers sonnets des Regrets.

Le poème peut se lire à partir du deuxième quatrain comme un sonnet lyrique, parlant des regrets qu'éprouveraient Du Bellay à être parti si loin et si longtemps de chez lui. Pour Du Bellay, la poésie doit être une parole immédiate, une expression spontanée des sentiments. Il exprime dont par les occurrences du pronom de la première personne « je » (vers 5 et 7), des adjectifs possessifs « mon » et « ma » (vers 5, 7, 12, 13) et du pronom « me » (vers 8 et 9) ses propres sentiments. Pourtant Du Bellay, contrairement aux habitudes, n'utilise pas cette poésie lyrique pour s'épancher d'un sentiment amoureux. En effet, il n'est pas ici question de sujets graves ou d'histoires amoureuses, mais de la nostalgie qui le gagne face à son exil : « Reverrai-je le clos de ma pauvre maison Qui m'est une province, et beaucoup d'avantage ? » (vers 7 et 8). Or c'est une nouvelle façon de se servir du sonnet, qui était jusqu'alors utilisé pour traiter de grands sujets, est maintenant consacré à des sujets plus vastes et plus modestes. Dans la Défense et illustration de la langue française, Du Bellay exprime le désir de voir sa poésie provoquée chez son lecteur une profonde émotion, apportant ainsi un des aspects les plus modernes de son esthétique. Du Bellay exploite également l'alexandrin, qui est à cette époque très peu utilisé, pour se permettre de donner vie à une poésie du quotidien qui se veut franche et humble, sans détours. Par cette plainte douloureuse, accentuée par les termes « petit village » (vers 5) et « pauvre maison » (vers 7), le poète apporte une valeur affective à ses dires. L'utilisation du futur dans les deux occurrences de «  Reverrai-je » (vers 5 et 7) donne également une notion d'incertitude sur l'avenir de l'énonciateur et sur la durée du voyage.

La durée est également une notion importante de la poésie lyrique amoureuse, mais Du Bellay la réinvente ici. Lors du premier quatrain il est ainsi évoquée deux aspects différents de l'évolution humaine : il a une notion de voyage et d'héroïsme grâce aux personnages d'Ulysse et de Jason. Jason étant « celui-là qui conquit la toison » (vers 2) d'or d'après la mythologie grecque. Cette notion apporte l'idée de la jeunesse, également rapportée par l'expression « vivre entre ses parents » (vers 4) qui exprime l'innocence de l'enfance et le besoin d'être entourée par sa famille. Il y a ensuite la notion d'âge mûr qui est reflétée par les termes « plein d'usage et raison » (vers 3). Le temps qui passe est donc censé apporter la sagesse aux hommes par l'expérience acquise mais les use également. Cette durée évoque le vieillissement du poète loin de sa terre natale.

Cependant, il se pose le problème de la sincérité du « je » lyrique. En utilisant le personnage universel du voyageur qu'est Ulysse, Du Bellay peut utiliser ce « je » pour généraliser ses sentiments et mettre en évidence ce à quoi tout humain est confrontée dans le voyage qu'est la vie.

Les connaissances sur les conditions de vie de Du Bellay à Rome remettent en cause l'expression sincère de son moi intérieur et de ses plus profonds sentiments. L'utilisation du « je » et plus généralement de la première personne du singulier est seulement une façon pour Du Bellay d'atteindre le lecteur et de porter un masque. Il tente donc dans sa poésie de faire transmettre à ses lecteurs des émotions sans pour autant se confesser personnellement. L'utilisation du verbe plaire aux vers 9 et 11 souligne l'expression de la subjectivité qui permettrait au lecteur de s'émouvoir. Ce verbe est le seul verbe conjugué au présent de tout le sizain que forme les deux tercets (car une seule phrase est portée par les 6 vers), il a dont une importance capitale dans la lecture de ce sonnet.

Du Bellay tente donc d'émouvoir son lecteur tout en apportant une nouvelle dimension à la poésie lyrique : le thème est inhabituel, ainsi que l'utilisation du sonnet et de l'alexandrin. Il ne veut pas non plus exprimer tous ses sentiments, mais se crée un masque pour emmener le lecteur le plus loin possible dans la mélancolie du voyage.

Même s'il ne veut pas exprimer ses propres sentiments, Du Bellay ne peut s'empêcher de se servir de son vécu pour transmettre le mal du pays qu'un moi

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