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Commentaire, Fénelon, Les voyages De Télémaque, Séquence 1, Texte 3

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Par   •  23 Juin 2013  •  1 858 Mots (8 Pages)  •  3 665 Vues

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Séquence 1, texte 3

Fénelon, Les voyages de Télémaque, La Bétique

Fénelon (François de Salignac de La Mothe) écrit Les Aventures de Télémaque à la fin du XVIIème siècle. Ce roman, variation sur le modèle de L’Odyssée d’Homère et de L’Enéide de Virgile était destinée à l’éducation du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV. Il relate, dans un registre épique, les aventures du jeune Télémaque à la recherche de son père, Ulysse. Il est accompagné par le sage Mentor, qui n’est autre que Minerve/Athéna. Dans cet extrait, un personnage nommé Adoam dépeint aux voyageurs un pays extraordinaire, la Bétique. Ce texte de type descriptif constitue une pause dans le récit des aventures de Télémaque. Ce pays imaginaire a-t-il uniquement une fonction pittoresque ? Pour répondre à cette question, nous montrerons d’abord que Fénelon décrit un pays idéal pétri de références antiques, puis, dans un deuxième temps, prenant en compte la visée du roman, nous envisagerons la portée didactique de cette évocation.

I – L’évocation d’un monde idéal

A – La référence antique : Le pays qu’on nous propose de visiter dans ce texte est une terre merveilleuse qui rappelle l’univers d’Homère. Le choix des noms de lieux renvoie en effet à la culture gréco-latine : les « colonnes d’Hercule » sont les montagnes qui bordent le détroit de Gibraltar, la « terre de Tharsis » est le nom antique de l’Espagne. Le « fleuve Bétis » n’est autre, quant à lui, que le Guadalquivir, fleuve qui coule en Andalousie. Le dépaysement est donc restreint pour le lecteur cultivé, et ces espaces peuvent être plus ou moins situés sur une carte. C’est cependant davantage du côté du mythe qu’il faut situer ce pays qui semble « avoir conservé les délices de l’âge d’or ». L’âge d’or renvoie en effet à des textes de la culture grecque, et en particulier au mythe des races d’Hésiode. Dans ce mythe, Hésiode évoque les trois âges de l’humanité : or, bronze, fer. L’âge d’or correspond à une période d’harmonie entre les hommes, les dieux et la nature.

B – Les délices de l’âge d’or : Et en effet, l’analyse de la vie en bétique rappelle de nombreuses caractéristiques de cet âge d’or. Tout d’abord, la nature y est très favorable. L’accumulation de termes à connotations mélioratives vient souligner ce caractère positif : « fertile », « doux », « serein » sont les termes qui qualifient les éléments naturels de Bétique. De plus, nul besoin de travail pour obtenir de quoi vivre, puisque tout abonde en Bétique, comme l’attestent les hyperboles « double moisson » ou « les montagnes sont couvertes de troupeaux ». De la même manière, les arbres y sont « toujours verts et toujours fleuris ». Cette absence de travail se lit aussi dans la structure grammaticale des phrases. Les hommes ne sont pas les sujets de ces verbes, ils ne sont pas actifs. C’est la terre qui donne une double moisson, ce sont les montagnes qui sont couvertes. Le choix de la voix passive permet de supprimer le sujet animé et de donner l’impression que tout se fait tout seul. Enfin, le choix d’un terme comme « adonné » pour désigner le travail de ces hommes « adonnés à l’agriculture » rappelle davantage la pratique d’un loisir que le dur labeur du paysan. Enfin, dernière caractéristique frappante de l’âge d’or, tout en Bétique semble mesuré, raisonnable. Plusieurs antithèses tendent à rapprocher les contraires puisque « les hivers sont tièdes » et « l’ardeur de l’été toujours tempérée ». Il n’est d’ailleurs pas innocent que les zéphyrs viennent rafraîchir l’air « vers le milieu du jour ». A nouveau, la mention du centre, du « juste milieu » rappelle l’équilibre de cet univers. La métaphore qui caractérise enfin l’année : « un heureux hymen du printemps et de l’automne » vient consacrer cette harmonie.

C – L’éloge de la simplicité : Dernier caractéristique de ce pays idéal, la simplicité des mœurs de ses habitants. Les habitants sont en effets qualifiés de « simples et heureux dans leur simplicité ». Fénelon utilise ici deux termes de la même famille, l’adjectif « simple » et le nom « simplicité ». Cette répétition encadre l’idée de bonheur, soulignant ainsi le lien très fort qu’on peut relever entre ces deux notions. Ce mode de vie s’oppose à plusieurs reprises à celui des autres nations : « ils ne daignent pas » ; « ils n’avaient besoin d’aucune monnaie » ; « ils ne veulent souffrir que… ». A chaque fois, la négation vient souligner l’absence de tout ce qui complexifie la vie ailleurs, pour souligner par contrecoup la simplicité de la vie en Bétique, comme l’atteste l’expression « vie simple et frugale », où les deux adjectifs sont quelque peu redondants.

Les professions choisies renvoient quant à elles à un univers stéréotypée, celui de la pastorale : « bergers ou laboureurs ». Fénelon évoque pour nous un monde où le bon sens est du côté du peuple, comme les valets de Molière incarnent la sagesse et la raison face aux folies de leurs maîtres. Les questions que posent les hommes de Bétique lorsqu’on leur parle des autres peuples sont en ce sens révélatrices : elles ne portent en effet que sur des valeurs évidentes, essentielles : « sont ils plus sains et plus robustes » ; « Vivent-ils plus longtemps » ; « Sont-ils plus unis entre eux ». On mesure la dimension caricaturale de ce raisonnement, mais il soutient facilement la thèse de Fénelon qui veut montrer que

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