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Antigone Anouilh confrontation avec Créon

Commentaire d'oeuvre : Antigone Anouilh confrontation avec Créon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Mai 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 152 Mots (9 Pages)  •  1 929 Vues

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Texte 3 : Anouilh, Antigone, 1944.

Pour l'introduction :

 
Thème d’Antigone: famille d’Antigone maudite: comme ses frères et sœurs, elle est la fille incestueuse d’Œdipe et de sa mère Jocaste, avec qui il s’est marié. Les deux frères d’Antigone : Etéocle et Polynice, se sont entre-tués à cause de leur rivalité pour le pouvoir. Etéocle est l’allié de son oncle Créon : il  est  enterré avec les honneurs. Polynice est considéré comme un traître: Créon veut que son cadavre soit exposé et dévoré par les vautours. Il interdit qu’on l’enterre sous peine de mort. Antigone considère comme son devoir d’enterrer son frère, quoi qu’il ait fait et choisit de désobéir et de perdre la vie.

Extrait proposé : petite partie d’un long dialogue entre Créon et Antigone qui occupe un bon quart de la pièce. Antigone est fiancée à Hémon, et Créon semble vouloir faire le bonheur des deux jeunes gens et pense ainsi proposer un argument efficace pour faire renoncer Antigone.

Plusieurs aspects sont intéressants à commenter : l'expression de l'opposition/la scène de confrontation, la définition opposée du bonheur proposée par les deux personnages.

Pour la scène de confrontation :

1-l'évolution de la scène marque une évolution dans la confrontation et la violence de l'échange

-didascalies : « (murmure, le regard perdu) »/ »(doucement) »pour Antigone

« (a un peu honte soudain) » pour Créon : signe d'intériorisation, le personnage est dans la réflexion

puis premier signe d'exaspération ou de désaccord mais il reste dans la fuite et non dans la violence directe : « (hausse les épaules) »

et enfin la violence devient physique : « (la secoue) »

-Créon lui intime l'ordre de se taire à 3 reprises et emploie « enfin » qui souligne une gradation

-organisation des pronoms personnels : l'échange est construit avec le vouvoiement

« Vous dites » l 19/ « votre » l 23/ « c'est vous » l 29/ « je vous parle » l 29 / « vous ne pouvez plus » l 30/ « vos rides, votre sagesse, votre ventre » l 30

et au cœur de la réplique, le pronom change avec violence, insolence : « je te vois » l 31, « la vie t'a seulement » l 32, « atour de toi » l 33

puis elle conserve le tutoiement « veux-tu », « tu sais », « tu crois »  l 35

De même, on constate chez Antigone un mouvement du « je » présent dans quasiment toutes les répliques au « nous »l 45 qui marque chez elle la force et la violence de sa prise de position : elle passe d'un propos individuel et personnel à une décision qui s'inscrit dans un destin familial et collectif.

-Trajet métaphorique du passage : l'écriture témoigne d'une montée de la violence par l'évolution des images : l 1 à 10 amour, jeunesse, plaisir puis les métaphores douloureuses « arracher avec les dents son petit lambeau de bonheur » l 15, puis l'animalisation avec la comparaison aux chiens l 33 et enfin l'image de l'assassin « étrangler » l 47.

2-la confrontation naît aussi de l'excès : la tension est palpable

-emploi des insultes et insolence d'Antigone : « tu es folle » l 17,  « cette graisse autour de toi » l 33, « imbécile » l 38 , « des chiens » l 40

-emploi de la modalité de phrase déclarative associée avec la négation totale ou l'affirmation positive appuyée : « n'est pas » l 1, « non je ne me tairai pas »l 18/ »si »l 29, « oui » l 45

-emploi de la modalité de phrase injonctive avec les verbes à l'impératif : « marie-toi » « sois » l 1, « ferme(...)ferme » l 2, « retiens-la » l 3, « ne les écoute pas »l 4, « ne m'écoute pas » l 5, « tais-toi » l 17 et 28, « allez commence »l 44

-emploi de la modalité de phrase exclamative à huit reprises avec les interjections « Ah ! » pour Antigone et deux pour Créon : il faut d'ailleurs noter que la majorité des emplois se trouvent dans les quatre dernières répliques de l'extrait.

-emploi de la modalité de phrase interrogative comme oppressante : antigone enchaîne comme un flot ininterrompu les questions à Créon et le harcèle pour le faire reculer (il hausse d'ailleurs les épaules) l 13 à 16

-le style est globalement marqué par le débordement avec les gradations et accumulations (les phases se construisent par juxtaposition. Cf l 6 à 8 et l13 à 16, l 22 à 27...

-emploi des figures de répétition : anaphores : l 2 « ferme », « à qui » l 15, « j'aime Hémon » l 22, « s'il » l 24 à 26

polyptote l 5 « ne les écoute pas, ne m'écoute pas »

anadiplose l 6 « ce ne sera pas vrai. Rien n'est vrai » « sais » l 36

épanaphores l 48 « espoir »

épizeuxe : « commence, commence »l 44

3-la scène de confrontation se lit surtout avec l'expression de l'opposition

-opposition des personnages:Créon est un vieil homme bedonnant «vos rides, votre sagesse, votre ventre» / Antigone est une jeune fille «la petite Antigone»

Créon assène des vérités, des certitudes : abondance des verbes d’état et phrases paradoxales «sois heureuse» / «Rien n’est vrai que ce qu’on ne dit pas...» ou opinion d’Antigone sur Créon à 15 ans :

«c’est le même air d’impuissance et de croire qu’on peut tout »

Antigone, elle, doute : nombreuses questions/vision manichéenne sur le monde

-système dialogique qui permet d'opposer deux voix : 16 répliques : 8 pour Antigone, 8 pour Créon en parfaite alternance.

-l'opposition rythmique est très marquée et facile à percevoir : oscillation long/court/long et inversion du système dialogique mis-en-place au départ puisque Créon perd la parole, il ne parvient plus à trouver les mots alors qu'au départ Antigone ne semblait pouvoir s'exprimer (cf usage des points de suspension)

Créon 21 lignes - Antigone ½ l -  C½  l – A8 l – C½ l – A6 l - C  ½ l – A12 l – C1 l – A10 l – C½ l – A6 l – C1 l – A11 l – C1 l – A8 l

-De même le rythme interne des répliques témoigne d'une opposition nette entre les deux protagonistes, Créon a une réplique longue posée et calme par la régularité et la douceur des constructions de phrases souvent simples souvent répétitives :

4/3/4

8

16/6

4/4/2

3/20/5

par ailleurs, sa réplique est positive cf mots début/fin

Antigone adopte un rythme beaucoup plus irrégulier et agressif

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