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Anthologie Sur Le Temps Qui Passe

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Par   •  16 Avril 2015  •  1 431 Mots (6 Pages)  •  1 154 Vues

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La montre

Deux fois je regarde ma montre,

Et deux fois à mes yeux distraits

L'aiguille au même endroit se montre ;

Il est une heure... une heure après.

La figure de la pendule

En rit dans le salon voisin,

Et le timbre d'argent module

Deux coups vibrant comme un tocsin.

Le cadran solaire me raille

En m'indiquant, de son long doigt,

Le chemin que sur la muraille

A fait son ombre qui s'accroît.

Le clocher avec ironie

Dit le vrai chiffre et le beffroi,

Reprenant la note finie,

A l'air de se moquer de moi.

Tiens ! la petite bête est morte.

Je n'ai pas mis hier encor,

Tant ma rêverie était forte,

Au trou de rubis la clef d'or !

Et je ne vois plus, dans sa boîte,

Le fin ressort du balancier

Aller, venir, à gauche, à droite,

Ainsi qu'un papillon d'acier.

C'est bien de moi ! Quand je chevauche

L'Hippogriffe, au pays du Bleu,

Mon corps sans âme se débauche,

Et s'en va comme il plaît à Dieu !

L'éternité poursuit son cercle

Autour de ce cadran muet,

Et le temps, l'oreille au couvercle,

Cherche ce coeur qui remuait ;

Ce coeur que l'enfant croit en vie,

Et dont chaque pulsation

Dans notre poitrine est suivie

D'une égale vibration,

Il ne bat plus, mais son grand frère

Toujours palpite à mon côté.

- Celui que rien ne peut distraire,

Quand je dormais, l'a remonté !

Théophile Gautier, Emaux et camées.

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu’il m’en souvienne

La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante

L’amour s’en va

Comme la vie est lente

Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure.

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

L'horloge

Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,

Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi !

Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi

Se planteront bientôt comme dans une cible,

Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon

Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ;

Chaque instant te dévore un morceau du délice

A chaque homme accordé pour toute sa saison.

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde

Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix

D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,

Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !

Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !

(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)

Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues

Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide

Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi.

Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !

Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.

Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,

Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,

Où le repentir

...

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