Anthologie Chat-femme
Mémoires Gratuits : Anthologie Chat-femme. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar Lisou • 26 Mai 2013 • 2 381 Mots (10 Pages) • 818 Vues
BALLADE DES FEMMES DE PARIS,
François Villon, 1431-1463.
Quoiqu'on tient belles langagères
Florentines, Vénitiennes,
Assez pour être messagères,
Et mêmement les anciennes,
Mais soient Lombardes, Romaines.
Genevoises, à mes périls,
Pimontoises, savoisiennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
De beau parler tiennent chaïères,
Ce dit-on, les Napolitaines,
Et sont très bonnes caquetières
Allemandes et Prussiennes ;
Soient Grecques, Egyptiennes,
De Hongrie ou d'autres pays,
Espagnoles ou Catelennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
Brettes, Suisses n'y savent guères,
Gasconnes, n'aussi Toulousaines :
De Petit Pont deux harengères
Les concluront, et les Lorraines,
Angloises et Calaisiennes,
(Ai-je beaucoup de lieux compris ?)
Picardes de Valenciennes ;
Il n'est bon bec que de Paris.
Prince, aux dames parisiennes
De bien parler donnez le prix ;
Quoi que l'on die d'Italiennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
EPITAPHE D’UN CHAT,
Joachim du Bellay, 1522-1560.
Petit museau, petites dents,
Yeux qui n'étaient point trop ardents,
Mais desquels la prunelle perse
Imitait la couleur diverse
Qu'on voit en cet arc pluvieux
Qui se courbe au travers des cieux ;
La tête à la taille pareille,
Le col grasset, courte l'oreille,
Et dessous un nez ébénin
Un petit mufle léonin,
Autour duquel était plantée
Une barbelette argentée,
Armant d'un petit poil follet
Son musequin damoiselet ;
La gorge douillette et mignonne,
la queue longue à la gueunonne,
Mouchetée diversement
D'un naturel bigarrement :
Tel fut Belaud la gente bête
Qui des pieds jusques à la tête,
De telle beauté fut pourvu
Que son pareil on n'a point vu.
ELOGE DES FEMMES,
Claude Bouton, 15ème.
Nous disons que nous sommes saiges
Et que les femmes sont fragiles ;
Mais Dieu qui connoist nos couraiges
Nous voyt de vertus fort debiles,
Et en tous vices bien abiles
Et nous peuvent femmes reprendre
Mieulx que ne les sarions apprendre.
Les femmes sont moult a priser
Plus que les hommes sans doubtance :
Sans vouloir nully mespriser,
Et pour en donner cognoissance,
En nous apert trop d'inconstance,
Et ne sont nos vertus egales
A leurs sept vertus cardinales.
Premier parlons d'humilité :
Contre le grand peché d'orgueil
Elles ont doulceur et pité
En maintien, en cueur et en oeuil,
Et devant chascun dire veuil
Qu'en elles n'est jamais fierté
Que pour garder leur chasteté.
Contre le péché d'avarice
Nous fault parler de leur largesse ;
Pour rebouter ce maulvais vice
Elles font souvent dire messe,
Et donnent aulmosnes sans cesse
Et chandelles et offerende,
Voyre sans ce qu'on leur demande.
Elles ont l'art et la science
A l'encontre du peché d'ire,
Pour prendre tout en pacience,
Leurs maulx, leurs mechiefs, leur martyre
Qu'est plus grant qu'on ne saroit dire :
Tout est pourté paciemment,
Dont je m'esbahis bien comment.
Amour et toute charité
Contre les faulx pechés d'envies
Elles ont en grant loyauté,
Plaines de toutes courtoisies ;
Et si sont de chescung amies,
En gardant toute honnesteté
Plus que nous sans desloyaulté.
Contre le péché de paresse
Bien peu de femmes sont oiseuses,
Mais
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