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Andromaque, Jean Racine Acte III scène 7

Commentaire de texte : Andromaque, Jean Racine Acte III scène 7. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  1 770 Mots (8 Pages)  •  1 656 Vues

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Andromaque est le premier grand succès théâtral de Jean Racine (1639-1699). C’est une tragédie classique applaudie par le roi Louis XIV lors de sa première représentation le 19 novembre 1667. Cette pièce met en scène un épisode de l’histoire antique se déroulant après la guerre de Troie. Andromaque, la veuve d’Hector, est prisonnière de Pyrrhus, le roi d’Épire, qui veut l’épouser bien que tout les oppose et que les Grecs ont demandé qu’Astyanax, le fils de la captive et ultime héritier des Troyens vaincus, leur soit livré. Dans l’acte III scène 7, en une longue tirade, Pyrrhus laisse à Andromaque une dernière chance : si elle l’épouse, il sauve son fils. Nous montrerons quelles sont l’argumentation et les stratégies de persuasion de Pyrrhus, qui ne sait choisir entre raison et amour. Nous étudierons ainsi en quoi cette scène se définit, d’une part, comme une déclaration de guerre et, d’autre part, comme une déclaration d’amour à Andromaque.

Dans la scène analysée, Pyrrhus, Andromaque et Céphise sont présents, mais seul le premier a le pouvoir de la parole et prononce une longue tirade ininterrompue se lisant comme une déclaration de guerre. En effet, il se présente à sa captive en roi ennemi tout puissant.

Sa déclaration porte les marques d’un homme habitué à se faire obéir, ainsi que le montre l’emploi du mode impératif des verbes « demeurez » au vers 947, « Voyez » au vers 953, « sauvez » au vers 960 et « Songez-y » au vers 973. Cette impression est renforcée par l’utilisation du futur de certitude, qui suggère que rien ne peut s’opposer à sa volonté aux vers 973 (« je reviendrai vous prendre ») et 975 (« vous me verrez »). De plus, l’emploi, dès le début de la tirade, de la tournure impersonnelle « On peut » fait entendre la voix de celui dont la volonté devient une loi pour tous.

Par ailleurs, le champ lexical du combat, illustré par les mots « armes », « haine », « ennemi » et « trahir » évoque en toile de fond la guerre sanguinaire qui a opposé les Épirotes, dont Pyrrhus est l’un des chefs, et les Troyens, commandés par Hector, le mari défunt d’Andromaque. Cette violence est également rappelée aux vers 949 et 950 par la rime « larmes » et « armes » qui suggère la contrainte exercée par le vainqueur sur sa prisonnière.

Ainsi, Pyrrhus rappelle qu’il est un roi ennemi tout puissant ayant le pouvoir de faire souffrir Andromaque.

Ensuite, pour tenter de faire plier la captive, Pyrrhus la menace d’exécuter son fils si elle ne se soumet pas à lui.

Il structure ses arguments grâce à un jeu de pronoms personnels soulignant bien le rapport dominant-dominé. L’emploi de la première personne du singulier « je » est extrêmement présent dans le texte (dix-huit occurrences). Il fait une anaphore en plaçant ce pronom personnel à plusieurs reprises en début de vers. Cette répétition de « je » montre et exprime l’égocentrisme, la puissance et la domination de Pyrrhus tout au long de la scène, expliquant le fait qu’il ne laisse pas la parole à Andromaque.

Pyrrhus donne à Andromaque le pouvoir de sauver Astyanax en devenant reine, en lui précisant au vers 957 : « À le sauver enfin c’est moi qui vous convie ». Ce faisant, il la rend potentiellement coupable de la mort de son fils, comme le suggère l’insistance sur le pronom de la deuxième personne « vous », triplé et placé au milieu du vers 955 : « Pourquoi me forcez-vous vous-même à vous trahir ? ».

Astyanax, désigné à la troisième personne, est l’enjeu de la négociation.

Le sort des trois êtres est donc irrémédiablement lié et les marques de la première, de la deuxième et de la troisième personne tissent un réseau serré dans chacun des vers. Les questions rhétoriques « Faut-il que mes soupirs vous demandent sa vie ? » au vers 958 et « Faut-il qu’en sa faveur j’embrasse vos genoux ? » au vers 959, en sont des exemples.

La menace de Pyrrhus s’analyse enfin en un ultimatum présenté de manière antithétique. La polysyndète du vers 968 « …ou périr ou régner » en est l’illustration. Notons que « régner » arrive en dernière position dans ce vers ce qui en fait un verbe plus important et plus valorisant que « périr ».

Ainsi Pyrrhus rappelle qu’il a le pouvoir sur le destin d’Astyanax et l’utilise donc comme chantage.

Enfin, la menace qui pèse sur Astyanax si Andromaque refuse d’épouser le roi est d’autant plus grande que son exécution est imminente. En effet, la rime « trop longtemps / attends » aux vers 971 et 972 souligne l’impatience de Pyrrhus qui veut mettre fin à « un an d’ingratitude », ainsi qu’il le précise au vers 969.

On dénombre un rappel au temps assez important dans ce passage : « encore » au vers 948, « enfin » au vers 957, « Pour la dernière fois » au vers 960, « Mais ce n’est plus, Madame, une offre à dédaigner » au vers 967, « un an » au vers 969, « trop longtemps » au vers 971 et « si j’attends » au vers 972. Ce lexique donne au spectateur une sensation de pression.

Andromaque est donc contrainte à prendre une décision dans

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