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Analyse linéaire Sido

Analyse sectorielle : Analyse linéaire Sido. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Février 2023  •  Analyse sectorielle  •  1 148 Mots (5 Pages)  •  2 254 Vues

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Analyse linéaire: De “Ô Géraniums, ô digitales” à “groseilles barbues”

L’écriture du souvenir est un thème important de la production romanesque du début du XXème siècle. Dans Sido, ouvrage autobiographique publié en 1930, l’écrivaine Gabrielle-Sidonie Colette (1873-1954) évoque son enfance dans le village de Saint-Sauveur en Puisaye, et notamment le jardin de la maison familiale, marqué par la présence maternelle. Dans cet extrait, elle dépeint de manière nostalgique la flore de ce jardin, qui évolue au fil des saisons. Quels rapports Colette et Sido entretiennent-elles avec la nature, et comment décrit-elle cette dernière?

Mouvements:

  1. Jusqu’à “froids crépuscules”: Description du jardin dominé par Sido
  2. Jusqu’à “sans nuits”: Retour de l’auteure sur les étés et ses impressions du jardin
  3. Jusqu’à “groseilles barbues”: Relation qu’elle entretient avec la nature

Idées principales:

  • description de la flore du jardin
  • 2 apostrophes “ô”, personnification des fleurs nommées “géraniums” et “digitales”, dont le ton est décrit comme “vermeil”
  • métaphores qui les associent à une idée de lumière “fusant” “allumés” “reflet”
  • description partielle du jardin avec les “bois-taillis” et la “terrasse”
  • relation entre la narratrice et la nature très intime: les mots “reçu” et “don” implique l’idée d’un cadeau
  • la métaphore “reçu un don vermeil” désigne probablement la teinte rosée de ses joues, qui traduisent une bonne santé, du fait de passer son temps dehors, dans le jardin => les fleurs sont ainsi associées à une idée de vie, et sont perçues comme une bénédiction

  • On a ensuite une accumulation de noms de fleurs, savants et vulgaires: “filles du rosier” “croix-de-Malte” “hortensias” ”bâtons-de-Saint-Jacques” “coqueret-alkékenge”
  • noms savants mis en valeur par des allitérations en “k”, consonnes occlusives qui traduisent leur étrangeté / précision des termes
  • personnification de certaines fleurs, comme les roses désignées comme “filles du rosier”
  • travail sur les couleurs
  • tons roses, rouges, mauves et violets
  • accentuées par des allitérations en “r”, désignant les deux tons principaux du jardin, d’ailleurs directement énoncés: le rose et le rouge
  • ces tons rouges donnent lieu à des comparaisons contrastant aux images de lumière et de vie précédentes: l’auteure parle ainsi de fleurs “sanguines” “veinées de rouge” rappelant le “mou de veau frais” => elles ont ainsi un aspect sanglant, et l’adjectif sanguin les associe à une idée de violence, en tant que victimes (associées au bétail) et perpétratrices (accusées par la mère)

  • relation de la mère avec les éléments et la nature
  • Sido apparaît comme dominant la nature: “aimait au jardin” rappelle qu’elle est créatrice, c’est elle qui plante, s’occupe et choisit les fleurs qui figureront dans le jardin
  • relation tourmentée, versatile: à la fois de sûreté/intimité “faire pacte” “s’arranger” “confier” “veilleuses” et de méfiance “accuser” “à contrecoeur” “suspicion” “surveiller” “traître” “meurtrier”
  • les points cardinaux, ici l’Est, sont particulièrement personnifiés: cette relation étrange est une métaphore pour l’aversion que Sido ressent envers le climat apporté par les vents d’Est “glacé” et composé de “froids crépuscules”; Sa méfiance est aussi justifié par la traîtrise de ces températures, qui font se fâner les fleurs qu’elle lui aurait “confiées”
  • Mais cette relation est au final bienheureuse car elle décide de planter des “veilleuses” fleurs capables de supporter ce climat rude, et sa volonté de “s'arranger” avec lui prouve que cette aversion n’est pas irrémédiable
  • Par ce pacte, elle finit par reprendre le contrôle du jardin
  • La narratrice a dans ce mouvement une présence sous-jacente: en tant que “messagère rapporteuse” des sentiments et actions de sa mère tout est en effet perçu à travers ses sens, sa personne

La deuxième partie de l’extrait est, elle, marquée par la réminiscence, où l’auteure revient sur son passé sans chronologie apparente, se succédant plusieurs souvenirs généraux, ayant pour thème commun les étés de son enfance.

  • description des étés
  • énumération de plantes et arbres d’été “corne de terre” “lauriers-cerises” “junko-biloba” dont les couleurs claires et pâles contrastent avec celles des fleurs mentionnées plus tôt
  • la répétition de la préposition “hors” les présente cependant comme une exception
  • les étés sont ainsi particulièrement associés à une idée de chaleur avec la répétition de l’adjectif “chaud” la “lumière” l”éblouissement” “séchait” “réverbérés”, et leur couleur dominante étant le “jaune”, mentionné plusieurs fois
  • l’expression “sans nuits” s’oppose ainsi aux “froids crépuscules” du premier mouvement
  • ces étés-lumières sont présentés comme transcendant limites physiques (“traversant [...] de mes grands chapeaux”) et temporelles (“sans nuits”), prolongés par l’environnement même “réverbérés par le gravier”

  • Cependant, cette tonalité épidictique est trompeuse, et la narratrice revient, dans sa description des étés sur la véracité de ses souvenirs:
  • elle perçoit en effet la lumière de cette saison comme possédant toujours les teintes rouges et violettes caractéristiques du jardin familial, et questionne pour la 1ere fois un possible embellissement lié à la réminiscence
  • l’utilisation du conditionnel et du présent nous sortent de celle-ci, et la répétition du verbe dépendre, conjugué d’abord au passé puis ramené au présent, accentue encore le doute exprimé par la narratrice: elle semble hésiter
  • Le bonheur décrit est ainsi associé à un “sentimental” réducteur et l’éblouissement mentionné pouvant se rapporter aux étés très, voire trop, illuminés. L’expression “éblouissement optique” rappelle au final une illusion, un mirage causé par l’oubli et le sentimentalisme
  • La présence-absence de la narratrice est en réalité une omniprésence, car toutes les descriptions: du jardin, des étés, de sa mère données sont perçues non seulement à travers ses sens mais aussi obscurcies par le passage du temps, “je ne pourrais dire” traduisant son impuissance face à une force aussi décisive
  • Elle développe enfin à la fin de l’extrait sa relation avec la nature, moins complexe que celle que sa mère entretenait avec cette dernière
  • c’est un rapport d’amour, voire adoration: comme au début du texte, l’aube est décrite comme une récompense, qui se mérite, il est “obtenu” “accordé” et elle doit en demander l’autorisation
  • la rencontre se fait à l’aube, et est présentée de manière intime, juste après “l’éveil” de la narratrice, qui va, seule, découvrir une nature cachée, personnifiée car “réfugiée dans un pli étroit”: elles sont toutes deux en situation de vulnérabilité, mais ne se craignent pas, ce qui montre la confidentialité de leur confiance, qui s’oppose à celle de Sido
  • on a une énumération de fruits possédant les teintes rouges-roses caractéristiques du jardin, accentuée par des pluriels marquant leur abondance

Cet extrait situé au début du roman présente les grands thèmes du premier chapitre de Sido: du regard qu’elle porte et entretient avec la nature à la nostalgie de l'enfance traduite par l’évocation des sentiments et enfin la figure, toujours présente, de sa mère.

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