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Analyse du poème Zone D'Apollinaire

Mémoire : Analyse du poème Zone D'Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Mars 2013  •  2 059 Mots (9 Pages)  •  2 452 Vues

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Analyse

“Zone” fut composé dans l'été de 1912 à la suite de la rupture de Guillaume Apollinaire avec Marie Laurencin. Il figure en tête du recueil “Alcools”, mais il fut en fait le dernier en date des poèmes du recueil et il présente des différences profondes avec les autres car y fut mise en œuvre une nouvelle esthétique.

Les documents et les témoignages le concernant permettent de situer sa composition après que Blaise Cendrars eut lu à Apollinaire son propre poème qu’il venait de terminer : “Les Pâques à New York”, un poème de distiques irréguliers mais rimés, où se déroulait un long itinéraire, peuplé de souvenirs, un long courant de poésie ininterrompue, dynamique, qui épousait le mouvement de la marche du poète-Christ, poème qui faisait de lui le premier poète de l’esprit nouveau. Et, dans “La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France” (1913), Blaise Cendrars allait complètement libérer le vers et quasiment supprimer la ponctuation. M. Décaudin, spécialiste d’Apollinaire, a publié un brouillon de “Zone” qui présente plus de ressemblances avec “Les Pâques à New York” que son état définitif. Comparant ces deux versions, il a noté avec raison que «tout se passe comme si, dans ses corrections, Apollinaire avait voulu différencier son poème des “Pâques“». Mais il avait adopté le vers libre et la suppression de la ponctuation.

Le poème parut d’abord en décembre 1912, dans “Les soirées de Paris” avec comme titre “Cri” (le tableau d'Edward Munch étant de 1893) et étant ponctué. Cependant, sur les épreuves du recueil, Apollinaire adopta le titre “Zone”, comme il décida de supprimer toute ponctuation.

La répartition des vers se fait avec une grande liberté, le début présentant des séquences d’une certaine longueur tandis qu’ensuite elle deviennent plus brèves, de nombreux vers étant même isolés. L’analyse doit donc se faire pas au pas au long du texte.

Vers 115 à 120 : « Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages

Avant de t'apercevoir du mensonge et de l'âge

Tu as souffert de l'amour à vingt et à trente ans

J'ai vécu comme un fou et j'ai perdu mon temps

Tu n'oses plus regarder tes mains et à tous moments je voudrais sangloter

Sur toi sur celle que j'aime sur tout ce qui t'a épouvanté »

Dans cette séquence, Apollinaire fait une sorte de bilan de sa vie, bilan sentimental où pèsent les liaisons, à vingt ans, avec Annie Playden et, à trente ans, avec Marie Laurencin. Le choc de ces souvenirs douloureux le fait passer trois fois de suite de la distanciation du « tu » à la coïncidence avec soi-même du « je » dans un des passages les plus pathétiques du poème.

Vers 121 à 134 : « Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres immigrants

Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants

Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare

Ils ont foi dans leur étoile comme les rois-mages

Ils espèrent gagner de l'argent dans l'Argentine

Et revenir dans leur pays après avoir fait fortune

Une famille transporte un édredon rouge comme vous transportez votre coeur

Cet édredon et nos rêves sont aussi irréels

Quelques-uns de ces immigrants restent ici et se logent

Rue des Rosiers ou rue des Écouffes dans des bouges

Je les ai vus souvent le soir ils prennent l'air dans la rue

Et se déplacent rarement comme les pièces aux échecs

Il y a surtout des Juifs leurs femmes portent perruque

Elles restent assises exsangues au fond des boutiques

Peut-être à la suite de l’alerte que l’affaire des objets volés avait fait sonner en lui, Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky ne pouvait manquer d’être sensible au spectacle des « pauvres immigrants » qui sont des images de soi, qui est devenu vagabond faute de n'avoir plus de pôle. Ils l’intéressent d’abord par leur foi au milieu des malheurs. « Leur odeur dans le hall » est peut-être notée du fait d’une suggestion sonore qui se retrouve aussi dans le jeu « argent-Argentine », ce pays étant devenu un nouvel Eldorado. « L'édredon rouge », couleur de sang, couleur du cœur, aussi illusoire et pathétique que le rêve de l’amant, vestige du passé, est une épave dérisoire, mais à laquelle on tient ; il rappelle d’ailleurs celui, affreux, qu’Apollinaire conservait malgré les moqueries de ses amis, parce qu'il venait de sa mère. Enfin son attention se porte sur les juifs qui se sont établis dans le quartier du Marais. « Écouffes » était, au Moyen Âge, le nom donné aux milans.

Vers 135 à 143 : « Tu es debout devant le zinc d’un bar crapuleux

Tu prends un café à deux sous parmi les malheureux

Tu es la nuit dans un grand restaurant

Ces femmes ne sont pas méchantes elles ont des soucis cependant

Toutes même la plus laide a fait souffrir son amant

Elle est la fille d'un sergent de ville de Jersey

Ses mains que je n'avais pas vues sont dures et gercées

J'ai une pitié immense pour les coutures de son ventre

J'humilie maintenant à une pauvre fille au rire horrible ma bouche

Dans la pérégrination à travers la ville, commencée le matin, une journée s’est écoulée et reste la nuit. D’autres flashes suscitent des femmes que le mal-aimé voient toutes aussi cruelles que l’ont été avec lui Annie Playden et Marie Laurencin ; mais il leur ôte toute responsabilité. Apollinaire, qui cèderait à un entraînement probablement

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