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Adolescence, violence et travail d'élaboration

Mémoire : Adolescence, violence et travail d'élaboration. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Juin 2016  •  Mémoire  •  9 353 Mots (38 Pages)  •  699 Vues

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Adolescence



Violence et travail d’élaboration




Option L3 : Clinique de l’agir à l’adolescence

[ Sous la direction de François Marty ]

Zerbib Dan
n° étudiant : 21102782. dan.zerbib13@gmail.com
Rendu le 09 décembre 2014

L’adolescence est une période de transformations majeures chez tout un chacun. La puberté, modifiant tout à la fois le corps et le statut de l’individu, engage le sujet dans une réorganisation économique, topique et dynamique de son fonctionnement psychique. L’adolescent, pour devenir adulte, devra élaborer diverses problématiques et se confronter à une compréhension du monde nouvelle et angoissante. Caractérisé par une fragilité du moi, une fragilité narcissique, par des troubles de l’identité et par des troubles dans ses relations aux autres, le processus pubertaire peut générer des angoisses sans fin. Si l’adolescent peut sombrer dans cette révolution, ce temps lui offre également de nouvelles potentialités qu’il pourra apprendre à canaliser, à diriger ; il pourra créer et maintenir ce potentiel créateur, s’inscrire dans une dynamique nouvelle et s’épanouir.

Réinterroger son passé et quitter le monde des enfants dont il est exclu ; se projeter à demain dans le monde des adultes aimé et haï. Ce basculement, c’est celui de l’adolescent qui va devoir réapprendre à penser, apprendre à « se penser », ou agir.

Si le processus d’adolescence est difficile, s’il confronte l’adolescent à de nombreuses problématiques, s’il réveille ou ranime des instincts violents et de fortes angoisses, l’un des enjeux de ce temps est de transformer le potentiel destructeur violent du pulsionnel en représentations. Lorsque la pulsionnalité est à vif, qu’elle ne peut être métabolisée, l’agir devient inévitable. Si l’adolescent est soumis à son monde interne sans être capable d’élaborer, à défaut d’une action intellectualisée se met en place un agir compulsif retrouvé dans les passages à l’acte ou la somatisation. Le travail psychique d’élaboration est ainsi au cœur de ce processus, il nécessite une intégration de la violence en soi ; notre objectif aujourd’hui est de souligner l’importance de ce processus.

Dans une première partie, nous étudierons les enjeux de l’adolescence, les problématiques auxquelles le sujet est confronté, son parcours et la place de la violence. Une seconde s’appuiera sur un roman de Hermann Hesse pour illustrer d’une part certains des processus présentés dans notre première partie, et souligner d’autre part, l’importance du travail d’élaboration dans l’évolution de notre héros.

L’adolescence

 « Tout se prépare dans l’enfance, tout se noue à la latence et tout se joue à l’adolescence »[1]

Cette phrase bien connue d’Evelyne Kestemberg souligne la pensée de nombreux auteurs pour qui l’adolescence est un temps organisateur. D’autres, nous le verrons, lui préfèrent le qualificatif de « révélateur », révélateur de ce qui s’est joué jusque là.
Dans son ouvrage
 L’adolescence, Emmanuelli inscrit l’adolescence sous le signe du paradoxe, avec des effets divergents (p.47). Si certains adolescents pourront investir leur pensée « dans le travail psychique élaboratif », d’autres pourront se trouver sidéré et recourir à l’agir.

Parcours et problématiques

Engendrant des transformations somatiques et des transformations de la pensée, la puberté est un processus original qui maintient le sentiment continu d’exister dans un univers discontinu. Parmi les diverses problématiques auxquelles l’adolescent devra se confronter, nous noterons : la réactivation pulsionnelle, la reprise du conflit œdipien, les remaniements identificatoires et le travail de séparation.

Jusqu’à l’adolescence, l’individu vit dans un univers narcissique, puis, avec la puberté vient la désillusion : de l’enfant, unique objet d’investissement, l’adolescent devient un parmi d’autres. Bien que cette découverte menace le narcissisme, elle permet à l’individu de prendre sa place.

Au-delà de cette décentration qui s’impose et du florilège de transformations physiques raffinées, d’autres points menacent le narcissisme, notamment la reprise du conflit œdipien qui nécessite un travail de séparation. A l’adolescence, nous le verrons avec Gutton notamment, il y a un réinvestissement des fantasmes œdipiens et une génitalisation des représentations.
Il y a donc une différence entre l’œdipe infantile et l’œdipe pubertaire : au rebours de l’enfant immature, l’adolescent peut réaliser ses fantasmes œdipiens, il peut agir : il peut physiquement et pour la première fois, tout à la fois tuer son père et coucher avec sa mère. Ce qui était jusqu’alors impossible du fait d’une immaturité physique ne l’est plus ; devant ce retour d’investissement œdipien et le danger qu’il représente, la mise à distance est essentielle.

Le travail de séparation met également à l’épreuve le narcissisme de l’adolescent et ses relations d’objet : séparation d’avec l’enfance, perte de son corps d’enfant, séparation d’avec les parents… Dans la littérature psychanalytique, certains auteurs qualifient l’adolescence de deuil, d’autres de perte, mais si les termes divergent, tous soulignent ce travail psychique de détachement, de séparation d’avec les premiers objets d’amour. Tous ces points entraînent la perte d’une partie de soi-même et nécessitent un travail de reconstruction.

Processus d’adolescence et remaniement des instances

Pour Freud[2], l’adolescence est la dernière étape de l’évolution psychosexuelle, celle où la vie sexuelle va prendre sa forme définitive et ouvrir sur la sexualité adulte, la sexualité dite génitale, avec comme objectif, selon lui, la mise en place de relations d’objet de type génital.
Nous aborderons cette génitalisation à travers l’œuvre de Gutton qui pose l’adolescence comme un processus organisateur de la vie psychique.

Dans  l’introduction de son ouvrage Le pubertaire, Gutton nous rappelle comment Freud a isolé les transformations psychiques liées à la puberté de l’ensemble du processus d’adolescence. Il introduit alors son concept de pubertaire à travers la célèbre phrase : « Le mot puberté est au corps ce que le pubertaire est à la psyché. » (p.7).  Puis Gutton se réfère à ce que Lebovici appelle « deux modèles de développement en liaisons réciproques »[3], la névrose infantile et la névrose de transfert. Si l’auteur met en lumière les correspondances entre ces deux modèles, il en distingue le travail psychique : celui de la névrose infantile « à partir d’un évènement de développement »  et le travail psychique à transfert de la seconde. (p.8)

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