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Plan détaillé du commentaire de l’incipit de "La Peste" d'Albert Camus

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Par   •  10 Janvier 2024  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 418 Mots (6 Pages)  •  76 Vues

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La Peste, de CAMUS

Plan détaillé du commentaire de l’incipit

PB. En quoi cet incipit donne-t-il au lecteur les éléments essentiels pour la compréhension de l'œuvre ? En quoi cet incipit remplit-il ses fonctions traditionnelles ?

I – La description de la ville d’Oran et de ses habitants

  1. Un cadre spatio-temporel réaliste et banal
  • La ville est d’emblée associée au champ lexical de la banalité : « tranquille », « ordinaire », « neutre »  ville placée sous le signe de la simplicité, la platitude.
  • Indication temporelle : date approximative « 194. » mais contemporaine de la date de rédaction, donc ancrage dans l’actualité de l’époque.
  • Indication spatiale précise : Oran, « préfecture française »  ancrage dans le réel, dans le pays natal de Camus.
  • Nombreuses négations : « sans pigeons, sans arbres, sans jardins » (rythme ternaire et anaphore de la préposition à valeur négative) ; « ni battements d’ailes ni froissements de feuilles » (rythme binaire)  description atypique, qui dessine une ville en négatif, par ses manques, ses absences, ses insuffisances
  • Négations restrictives : « rien de plus qu’une préfecture ordinaire », « ne s’y lit que dans le ciel », « ne plus vivre que dans l’ombre »  description réductrice, qui donne la vision d’une ville limitée + répétition de l’adverbe « seulement » (l.16)
  • En antithèse avec la banalité évoquée, la ville est qualifiée de « différente » (l.6)
  • Le champ lexical de l’excès : « incendie », « trop sèches », « couvre », « déluge »

 Oran apparaît déjà comme une ville connotée négativement, la ville de tous les contrastes et de tous les excès

  1. La vie des Oranais et leurs occupations
  • Les habitants sont désignés à travers le pronom personnel indéfini « on », ou le pronom personnel « ils », et divers GN pluriels (« nos concitoyens », « les plus jeunes », « les plus âgés ») tous les Oranais sont réunis dans un même pluriel, une même collectivité, dans une perspective généralisante : aucune individualité ne se distingue
  • Un oxymore : « air frénétique et absent » laisse deviner une population contradictoire, peu cohérent, capable d’impétuosité, d’exaltation, et d’indifférence en même temps
  • La vie des Oranais est résumée à 3 actions dans un rythme ternaire avec anaphore : « comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt », avec une chute inattendue et provocante sur le verbe « mourir »  présente les 3 phases de la vie des Oranais et annonce aussi le fléau et la menace qui pèse sur les Oranais
  • Le champ lexical du plaisir : « goût », « joies simples », « aiment », « plaisir », « désirs », « vices » inscrit tout de même les loisirs dans les habitudes des Oranais
  • Les plaisirs sont énumérés sur un rythme ternaire : « les femmes, le cinéma et les bains de mer »  ce sont des plaisirs simples, typiques de la vie méditerranéenne dans les années 40 (réalisme : beaucoup de lecteurs peuvent s’identifier)
  • Le champ lexical de l’argent est très présent : c’est une ville « commerçante », où tout se « vend », les habitants cherchent à « s’enrichir », « s’intéressent au commerce » et font « des affaires », et cherchent à « gagner beaucoup d’argent ». Même leurs loisirs reviennent à cette préoccupation matérielle puisqu’ils jouent « gros jeu au hasard des cartes »  les Oranais apparaissent cupides et matérialistes.

II – Une narration éveillant la curiosité du lecteur

  1. Un narrateur subjectif et ironique
  • Emploi du pronom personnel indéfini « on » ambigu (substitut du « nous » ? ou général ?), et déterminants possessifs « notre petite ville », « nos concitoyens »  le narrateur semble être un des habitants de la ville, dont il se désolidarise cependant en les désignant à la 3e personne : « ils »
  • Malgré le ton apparemment neutre et froid d’un journaliste écrivant une « chronique », le vocabulaire péjoratif (« laide », « violents », « vices », « on s’y ennuie ») laisse percer la subjectivité du narrateur et son jugement négatif sur la ville et ses habitants
  • La question rhétorique «Comment faire imaginer...?» laisse entendre le caractère insolite de la ville.
  • Des adverbes ironiques : « surtout », « d’abord », « naturellement », « très raisonnablement » soulignent le regard distancié du narrateur, qui se moque implicitement des habitudes des Oranais.
  • Il met notamment en relief le contraste ironique entre l’expression « on s’y applique » (qui implique une notion d’effort, de volonté) et « prendre des habitudes » (qui désigne une banale routine, involontaire en général)  d’après le narrateur, les Oranais s’engluent volontairement dans un quotidien répétitif.
  • Deux antithèses sont mises en relief au sein d’un chiasme (figure de style construite selon un axe de symétrie) : « ils réservent ces plaisirs pour le samedi et le dimanche » « les autres jours de la semaine, gagner beaucoup d’argent »  ce contraste souligne avec ironie la mesquinerie des Oranais qui se contentent de plaisirs le week-end mais consacrent la majeure partie de leur temps à l’argent, aux biens matériels.
  • Les indices de temps et de lieu « à heure fixe », « même boulevard » soulignent la médiocrité des habitudes, enfermées dans une routine inintéressante
  • Le narrateur se moque du caractère ridiculement « raisonnable » des Oranais, dont les « vices » (terme volontairement fort) « ne dépassent pas » des loisirs tout à fait insignifiants  cette antiphrase dénonce le manque de profondeur, d’originalité et de grandeur des habitants
  • Les occupations des Oranais sont énumérées dans un rythme ternaire croissant, habituellement employé pour un déploiement grandiose, mais qui prend ici une tonalité ironique : « les associations de boulomanes » (terme à consonnance péjorative), « les banquets des amicales et les cercles où l’on joue gros jeu sur le hasard »  banalité des occupations énumérées, absence de valeurs humanistes, d’ouverture culturelle, de grandeur

 Condamnation de l’habitude, de l’enfermement sur soi-même, de la petitesse

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