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Arthur Rimbaud, Vénus Anadyomène

Commentaire de texte : Arthur Rimbaud, Vénus Anadyomène. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Mai 2023  •  Commentaire de texte  •  1 204 Mots (5 Pages)  •  130 Vues

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Commentaire : La Vénus Anadyomène d’Arthur Rimbaud

        

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La Vénus Anadyomène est un sonnet écrit par Arthur Rimbaud en 1870 et publié dans le recueil du Cahier de Douai. Dans ce poème l’auteur fait du mythe de la naissance de Vénus sortant de l’eau (traduction du grec ancien d’« anadyomène ») une grotesque caricature. En effet, la représentation de la Vénus par l’artiste peintre du XVème siècle Botticelli est un symbole de l’amour et de la beauté féminine, cependant Rimbaud s’applique à faire de ce modèle une image du dégoût et de la laideur.

           Comment Rimbaud arrive-t-il à ridiculiser la Vénus de ce peintre italien ? Quels sont les différents caractères stylistiques (les procédés, le genre) et structurels utilise-t-il dans son poème ?

           Dans une première partie, nous mettrons en évidence comment Arthur Rimbaud fait une description dégradante et parodique de la Vénus et dans une deuxième partie, comment il l’exprime dans la composition de son sonnet.

Dans une première partie, nous allons étudier le premier quatrain dans lequel l’auteur fait le portrait d’une femme décati laissant à penser que cette personne est âgée. Elle use d’artifices afin de cacher les stigmates du vieillissement, d’abord sur ses cheveux « fortement pommadés » v2 c’est-à-dire enduits d’une substance cosmétique grasse puis sur son visage « avec des déficits assez mal ravaudés » faisant certainement référence à l’usage de maquillage mal fait d’où l’emploi du verbe « ravauder » utilisé en couture pour rapiécer un vêtement. Le décor dépeint est aussi vétuste puisque l’on y trouve une « vieille baignoire » v3 que Rimbaud compare à un « cercueil vert en fer blanc » v1 et de qualité médiocre que l’on trouvait chez les gens de basse condition qui ne pouvait s’offrir une baignoire émaillée. Là encore, la description se veut sans beauté, désagréable à regarder. [pic 5]

Nous sommes loin des critères de jeunesse et de beauté rencontrés habituellement dans les œuvres littéraires ou les représentations artistiques de Vénus.

        Dans le deuxième quatrain, Rimbaud poursuit sa description du personnage : un corps trapu et sans grâce suggéré par « le col gras et gris » v5, « les larges omoplates » v5, « le dos court » v6. Le poète insiste sur la grosseur des formes « les rondeurs des reins »v7, « la graisse sous la peau »v8 et les aspérités de la graisse « la peau paraît en feuilles plates »v8 développant ainsi l’image de la laideur et du dégoût. Une image renforcée par une allitération des phonèmes « gr » et « r ».

Le descriptif est une contradiction avec le mythe de Vénus. Rimbaud consacre deux quatrains détaillés sur la monstruosité du corps et fait de Vénus Anadyomène une représentation grotesque et presque inhumaine.

Dans les deux tercets, l’usage des noms « échine » v9 et « croupe » v13 animalise le personnage, entre la truie « un peu rouge » et la jument avec « sa large croupe ». « Le tout sent un goût horrible » v9, un mélange des sens : l’odorat et le goût pour évoquer la puanteur que dégage le corps de cette femme. Tous les sens sont sollicités par Rimbaud pour décrire sa Vénus et en exclure une quelconque qualité. Cette intension s’affirme dans l’emploi de l’oxymore « Horrible étrangement » où la laideur s’oppose à l’extraordinairement (dans sa définition ancienne issu du dictionnaire Le Robert) et l’emploi en opposition de l’oxymore « Belle hideusement », une hyperbole de la laideur. Les deux expressions créent à la fois de l’étonnement par sa confusion mais aussi un sentiment de clarté quant à la position de l’auteur sur sa Vénus à contre-courant. « On remarque »v10 « Des singularités qu’il faut voir à la loupe … »v11 le nom « singularité » peut se définir comme un caractère exceptionnel que l’on distingue en bien ou en mal cependant la présence des points de suspension donne une dimension ironique à ce vers. Rimbaud joue sur l’ambiguïté avec l’emploi du pronom indéfini « on » et le double sens du nom « singularité ». « Clara Venus »v12 que l’on pourrait traduire par « jeune et belle » est là encore très ironique de la part de l’auteur qui auparavant a fait un plaidoyer sur la laideur et la vieillesse. Par ailleurs le tatouage au XIXème siècle était souvent la marque des prostituées. Une référence des bas-fonds de la société qui rime avec « l’ulcère à l’anus », accentuant la décadence du milieu et de l’image répugnante de cette femme décrite par Rimbaud.[pic 6]

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