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La seconde navigation Platon

Dissertation : La seconde navigation Platon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Avril 2023  •  Dissertation  •  1 729 Mots (7 Pages)  •  220 Vues

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Platon, à travers sa philosophie remet en question les Sophistes qui utilisent la connaissance et l’art du discours comme un instrument de pouvoir et non de recherche de la vérité. Cela a des conséquences concrètes dans la gestion politique de la vie de la cité. Le philosophe, pour Platon, doit être une personne qui étudie rationnellement la nature, une personne qui cherche la vérité et cultive la sagesse. Pour se faire il utilise l’art du discours et recherche la connaissance de manière vertueuse. Ainsi peut se poser la question de la méthode qui permette au philosophe d’atteindre un tel but. Selon Platon, la dialectique semble pouvoir remplir ce rôle. C’est une science ou un type de connaissance qui repose sur la confrontation de plusieurs positions de manière à dépasser l'opinion en vue de parvenir à un véritable savoir (ou à la vérité).

On peut alors de demander en quoi, selon Platon, le philosophe est-il un dialecticien ? C’est une question importante dans la mesure où elle est un fondement crucial de la vie politique. En effet dans la société Athénienne, ce sont les Sophistes qui forment moyennant rémunération les jeunes hommes des familles fortunées qui se destinent à une carrière politique. Et ceux-ci enseignent un art du discours trompeur qui vise à prendre l’avantage sur l’auditoire pour gagner en pouvoir. Cela semble antinomique de la définition du philosophe énoncée un peu plus haut. Il est ainsi important de définir les connaissances spéculatives qui s’inscrive dans le cadre d’une vie philosophique. C’est ce qui constituera la première partie de notre argumentaire et nous permettra de saisir la nécessité de ce que Platon appelle « une seconde navigation » pour parvenir à une connaissance du réel qui soit juste. Nous verrons ensuite en quoi le modèle mathématique permet cela pour mieux comprendre la place de la dialectique et de la figure du sage chez Platon.

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Platon propose dans la République une théorie de la connaissance qui divise les choses connaissables selon deux types : le monde intelligible et le monde sensible. Pour mieux comprendre cette division nous nous intéresserons au Ménon, dialogue platonicien qui relate le parcours d’un jeune athénien éponyme qui veut prendre des cours de sophistiques car selon lui le savoir est source de pouvoir. Celui-ci demande à Socrate de lui enseigner la meilleure vertu politique mais Socrate lui demande ce qu’il entend par la vertu. Ce à quoi Ménon répond par des cas particuliers. En effet, il existe autant de devenirs que d’individus et ainsi plusieurs formes de vies vertueuses qui peuvent varier selon les individus. On voit ainsi combien il est nécessaire de rechercher l’essence de la vertu c’est-à-dire de rechercher ce qu’il y a d’immuable, d’universel dans la vertu en dépit des différences individuelles que nous constatons par l’expérience. C’est ce genre de réponse qu’attendait d’ailleurs Socrate.

En effet, l’expérience sensible ne correspond pas aux critères de l’essence car elle est toujours en mouvement contrairement à l’expérience intelligible qui demeure. Platon les compare dans le Cratyle. Ainsi, selon lui, « On ne peut même pas dire qu’il puisse y avoir une connaissance quelconque, si tout change sans cesse et que rien ne subsiste, car si cette chose même que nous nommons la connaissance ne cesse pas d’être la connaissance, la connaissance subsiste et il y a connaissance. » (Cratyle, 440 a-b). C’est-à-dire qu’il y a dans la connaissance une matière changeante mais une forme qui demeure et qui nous permet de nommer « connaissance » toutes les sortes de connaissances sans distinction. Et c’est l’association des 2 qui nous permet de connaître puisque selon Platon, même si la connaissance sensible est moins noble que la connaissance intelligible, l’hypothèse d’un sens renvoie à une certaine réalité. Spontanément, les individus se tourne vers l’expérience sensible mais celle-ci ne permet pas seule d’atteindre la vérité puisqu’elle ne répond pas aux exigences scientifiques. Il faut donc se tourner vers la réalité évoquée un peu plus haut. C’est ce que Platon appelle la « seconde navigation ».

Ainsi, il faut définir les choses en soi. Par exemple, le beau en soi a plus de réalité que la beauté d’une fleur particulière. Parce que le beau en lui-même transcende l’existence même de la fleur et est éternel contrairement à cette dernière. Il y a moins de de réalité dans le sensible que dans l’intelligible car l’intelligence est plus pérenne que le corps. C’est la théorie des idées, des formes qui s’applique selon un principe de participation, c’est-à-dire que la chose est belle parce qu’il y a du beau en soi dans la chose.

Forts de la compréhension de la nécessité de cette seconde navigation nous allons maintenant chercher comment la mettre en œuvre.

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Platon propose d’utiliser le modèle des mathématiques pour mener à bien cette « seconde navigation » : « cette science (du nombre et des calculs) pourrait bien se trouver être une de ces choses que nous cherchons et qui élèvent l’âme à la pure intelligence et à la contemplation de l’être » (République VII, 521c). Platon stipule que les mathématiques offrent l’occasion de constater qu’une science peut progresser indépendamment de l’expérience. En effet, Platon introduit par là une réflexion sur l'objet lui-même et présente une méthode par hypothèse : la réflexion s’ouvre avec la définition de la notion pour en déduire des propriétés et les appliquer sur des figures. C’est la méthode choisie par Platon puis généralisée à toutes les connaissances.

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