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Etude critique : Horace VERNET, Prise de la smalah d’Abd-el-Kader

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Par   •  3 Décembre 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 895 Mots (8 Pages)  •  286 Vues

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Etude critique : Horace VERNET, Prise de la smalah d’Abd-el-Kader

Le document qui nous est présenté est un tableau d’Horace Vernet, peintre français né le 30 juin 1789 à Paris, et mort dans la même ville le 17 janvier 1863, s’intitulant Prise de la smalah d'Abd-el-Kader. Peint en 1845, soit 2 ans seulement après les faits de la prise de la smalah à Taguine, le 16 mai 1843, ce tableau est l’un des plus grands tableaux de la peinture sur toile, et le plus grand tableau français réalisé au XIXème siècle, faisant 4,89 m de hauteur pour une longueur de 21,39 m soit une surface de plus de 105 mètres carrés.

Horace Vernet peint ce tableau à la demande du roi des français, Louis-Philipe Ier. Ce tableau est marqué de désir du pouvoir royal de glorifier le commandant de cette attaque, Henri d'Orléans, duc d’Aumale, 5ème fils du monarque. Œuvre de propagande, cette toile extraordinaire de par ses dimensions se place dans un contexte de volonté de légitimer un pouvoir alors contesté, en illustrant la grandeur militaire de la nation. Cette peinture s’inscrit dans la continuité du travail de l’artiste, et sa recherche, toujours à la demande de Louis-Philippe Ier, de montrer sous un joug héroïque la conquête de l’Algérie, avec notamment une série d’œuvres comprenant par exemple La Bataille d’Isly, une autre victoire des forces françaises en 1844.

La prise de la smalah d’Abd-el-Kader intervient dans un conflit long et coûteux en hommes, la conquête d’Algérie. Commencé en 1830 sous le règne de Charles X, ce conflit s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, par le souhait du pouvoir en place de renouer avec les exploits militaires napoléoniens, puis également de couvrir de prestige le monarque, alors dans une situation politique complexe. Enfin, par une volonté plus pragmatique d’augmenter l’influence commerciale française sur le pourtour méditerranéen. Mais c’est finalement par le biais d’une dette impayée, contractée pendant la campagne d’Egypte menée par le général Bonaparte en 1798-1799, à deux marchands juifs, M. Bacri et Boushnak que le conflit trouve son origine. Ces derniers devant l’impossibilité de rembourser une dette cette fois-ci contractée au Dey d’Alger (à savoir Hussein Pacha), se tournent vers lui afin d’obtenir réparation vis-à-vis des français et ainsi payer leur due au Dey. Mais devant l’échec de ces négociations à aboutir, le 29 Avril 1827, aux cours d’une réunion contentieuse, Hussein Pacha frappe avec un chasse mouche le consul de France, Pierre Deval. Devant un tel affront, couplé au refus catégorique de s’excuser de la part du Dey d’Alger, Charles X trouve ici un casus belli parfait.

Il est cependant nécessaire de rappeler la situation politique de l’Algérie à cette époque. Province de l’empire Ottoman, la régence d’Alger (qui correspond d’un point de vue géographique à l’Algérie non saharienne actuelle) est dirigée par le Dey d’Alger, vassal de la Turquie ottomane. Bien qu’il s’agisse d’un territoire assez indépendant, le Dey à en réalité un pouvoir faible. Il règne sur un peuple hétéroclite composé de berbères, d’arabes, de juifs ainsi que d’une petite population turque.

        La prise d’Alger en 1830 par Louis Bourmont commence véritablement le conflit, qui s’étend sur plus de 15 ans de combats longs et difficiles. La résistance du pays, qui a pour chef de proue l’émir Abd-el-Kader ne dépose les armes qu’en 1847 avec la réédition de ce dernier. Chef religieux doublé d’un profil de brillant chef militaire, la prise de sa smala le 16 mai 1843, qui est l’ensemble des tentes d'un chef arabe, avec sa famille, ses serviteurs, ses soldats, ses richesses, son mobilier, ses troupeaux (définition Larousse) est l’objet du document que nous allons étudier.

Nous tâcherons donc dans cette étude de comprendre en quoi le tableau d’Horace Vernet est le fruit d’un régime monarchique, cherchant à glorifier ses faits militaires en Algérie par le recours à la peinture comme moyen de propagande. Nous nous pencherons en premier lieu sur le caractère prestigieux et impérieux des troupes françaises, pour développer dans une seconde partie le contraste que cela oppose avec le désordre et le chaos des forces de l’émir.

Tout d’abord, le caractère prestigieux de l’armée du roi s’explique avec la représentation qui est faite du duc d’Aumale, Henri d'Orléans. Né le 16 janvier 1822 à Paris et mort à Giardinello en Italie le 7 mai 1897, il est comme précisé plus haut le 5ème fils du roi. Ayant reçu une formation militaire, il participe à la conquête de l’Algérie à partir de 1840. Devant se retirer en France à cause de problèmes de santé, il repart pour l’Algérie en 1842, alors âgé de 20 ans, avec le grade de maréchal de camp. L’année suivante, il prend la smala de l’émir. Cet événement, auréolant de gloire le jeune duc, succède aux nombreuses victoires de son frère aînée, le prince royale Ferdinand-Philippe d'Orléans, mort l’année précédente.

Henri d’Orléans est représenté à la tête des forces française, se dressant sur son cheval blanc vers le milieu gauche de la peinture. Son caractère impavide et stoïque est mis en valeur grâce à la débandade des troupes algériennes. Le groupe de femmes issus de la smalah est vu ici (brandissant un drapeau blanc) comme implorant et adjurant le prince, qui reste impassible, ne se laissant pas emporter par l’émotion. Cependant, ce portrait du commandant nous le dépeint également comme clément et magnanime. De plus, le duc d’Aumale est également montré dirigeant ses troupes au cœur de la mêlée. Derrière lui, ce qui semble être ses officiers reçoivent les ordres directs de leur supérieur au milieu de la bataille. Derrière lui se dresse le contingent français, sur lequel nous allons maintenant nous pencher.

La campagne d’Algérie est marquée par une utilisation nouvelle de la cavalerie. Le général Bugeaud (1784-1849), qui fut l’un des acteurs principaux de cette conquête, comprend que le cadre dans lequel il combat est bien différent des théâtres européens. Privilégiant la cavalerie légère plus mobile et plus rapide à la cavalerie lourde, moins adaptée aux conditions algériennes, il forme des colonnes ne dépassant jamais les 5000 hommes, accompagnées d’une artillerie légère, plus facilement transportable. Par conséquent, la smalah d’Abdel-el-Kader est découverte par une colonne légère. Les forces du roi sont alors composé de 500 hommes, contre 2000 fantassins et 1200 cavaliers du côté d’Abdel-el-Kader. Vernet cherche à mettre en valeur dans son tableau l’armée française, à l’uniforme immaculé, en ordre de combat et chevauchant en rang serré derrière Henri d’Orléans. Néanmoins, il parvient à montrer la rudesse des affrontements avec les soldats bataillant contre l’ennemi, pistolet ou sabre au point. Ils sont représentés au premier plan à gauche et au centre de l’huile sur toile (la partie droite du tableau est plutôt réservée aux partisans de l’émir). De surcroît, les soldats du prince combattent uniquement les hommes armés ennemis, épargnant femmes et civils. Fait intéressant, on peut apercevoir derrière le petit groupe d’officiers du duc d’Aumale, un soldat autochtone tenant dans sa main droite le drapeau français. Cela peut s’expliquer par le choix de Bugeaud de recruter, et de faire se battre, des indigènes pour le compte de la France. S’ajoute à ce chaos les soldats berbères et arabes, surpris par l’attaque et pris de cours, qui tiennent leurs positions tout en ordonnant une retraite de la smalah, ce que nous allons tâcher de démontrer dans une seconde partie.

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